Carte-du-Moyen-Orient

 

 

Les amis de mes ennemis et les ennemis de mes amis sont mes ennemis. Les amis de mes amis et les ennemis de mes ennemis sont des amis. Ces dictons ne tiennent pas la route au Moyen-Orient qui est un bouquet de contradictions qui ont de quoi dérouter bien des analystes. Il y a de quoi perdre son latin… Les non-dits y constituent un masque derrière lequel se trame tout un pot-pourri d’alliances et de contre-alliances. Des minorités religieuses, ethniques ou nationales peinent à trouver leur place ou à faire valoir leurs droits de citoyens égaux au sein de la majorité musulmane divisée en sunnites et chiites embourbés dans des haines réciproques séculaires. Quelle grille de lecture proposer ? Chaque argument englobe des contradictions !

La recherche d’hégémonie régionale

Le président de l’Iran a déclenché une campagne publicitaire tous sourires, continue de tergiverser sur le dossier nucléaire pendant qu’il déstabilise la région en armant et en finançant les alaouites en Syrie, le Hezbollah au Liban, le Hamas à Gaza et les Houtis au Yémen. L’Iran chiite soutient le Hamas qui est affilié aux Frères musulmans qui combattent le président Assad et les chiites pro-iraniens. L’Iran qui organise des manifestations populaires au slogan : « Mort à l’Amérique », soutient le président syrien dont l’État islamique ennemi est combattu par l’Amérique.

La recherche de la sécurité

Les États-Unis combattent Al-Qaïda et les groupes similaires qui veulent découdre avec la planète entière, l’Occident en premier. Les États-Unis ne veulent plus du président syrien Assad, combattent l’État islamique qui est lui-même combattu par Al-Qaïda, l’armée syrienne d’Assad et l’Iran. Israël est pour une solution à deux États mais bâtit des implantations jusqu’à règlement du conflit avec les états de la région.

Les intérêts économiques

Intérêts pétroliers obligent… L’Amérique qui défend la démocratie et les droits de la personne reste silencieuse devant le piètre état de la démocratie ou de la condition des femmes en Arabie saoudite, devant l’aberrant financement de la construction de milliers de mosquées dans le monde, mais sans la moindre tolérance pour la construction d’une seule église en terre d’Arabie. La Turquie fait équipe avec le Qatar qui finance sa grande dette à court terme, planifiant un pipeline vers l’Europe acheminé via l’Irak et empêchant la construction d’un pipeline concurrent iranien via la Syrie.

L’idéologie islamique

Le Qatar a un long historique de promotion du djihad médiatique via son antenne d’Al-Jazeera. Bien qu’ils hébergent des bases militaires américaines, le Qatar et la Turquie ferment les yeux devant l’infiltration de djihadistes en Syrie et ne veulent plus d’Assad. Ils soutiennent les Frères musulmans de Syrie et de Gaza qui ne portent pas l’Amérique dans leur cœur et qui sont honnis par l’Égypte de Sissi soutenue par l’Arabie et la majorité des pays du Golfe.

Le sectarisme religieux

Les Émirats et l’Arabie sont contre l’axe Iran-Hezbollah (chiites)-Frères musulmans et Hamas (sunnites)-Syriens alaouites. Tous sont contre l’État islamique et l’ensemble de ces adversaires se déclarent ennemis d’Israël.

Les intérêts nationaux

La Turquie veut négocier un pacte de paix avec les contestataires kurdes sur son territoire, mais abandonne à leur triste sort les Kurdes syriens combattus par l’État islamique.

Les haines entretenues

Le Hamas s’est joint officiellement à l’Autorité palestinienne, mais continue d’exécuter et de mutiler les membres rivaux du Fatah. Durant les évènements de Gaza de l’été 2014, des dizaines de Gazaouis dont la fille du chef du Hamas ont été hospitalisés en Israël. Le 22 octobre, ce dernier a salué l’acte d’héroïsme de l’assassin d’une enfant israélienne âgée de 3 mois.

La polarisation médiatique

La couverture médiatique unilatérale d’une part et l’aveuglement médiatique de l’autre continuent de battre leur plein. Les médias abondent d’écrits sur le fait que les maisons de deux terroristes palestiniens ayant attaqué à l’arme blanche des orants israéliens aient été détruites. Ils ne font pas cas de ce que l’Égypte a fait sauter 802 maisons où demeuraient 1156 familles à la frontière de Gaza, découvrant ainsi 117 nouveaux tunnels de trafic d’armes et de contrebande, compte non tenu des centaines d’autres qui ont été détruites durant les mois passés.

Nulle grille d’analyse n’est parfaite. Bienvenue au Moyen-Orient !

 

Professeur 

 

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