S’il y a une célébration qui reflète le mieux les valeurs d’ouverture et d’hospitalité de la culture israélienne c’est bien la soirée de la Mimouna. Cette fête qui marque la fin de la Pâque juive commémorant la fin de l’esclavage en Egypte ainsi que la libération du peuple juif, est en fait un hymne à l’espoir et à la liberté.

Nous ignorons tous les origines de la fête de la Mimona, qui fait la joie et le bonheur des juifs marocains, qui représente la tolérance et l’hospitalisation du juif marocain. Lors de cette fête d’origine marocaine mais devenue nationale en Israël, les portes et les coeurs s’ouvrent en prononçant la fameuse formule judéo-arabe « T’rbah’ou Outsa’adou ».

Invités de marque de ces rencontres chaleureuses, les autorités de l’Etat et les hommes politiques, qui savent que ce bain de foule et la consommation d’une ou deux « moufletas » sont le passage obligé pour leur contact avec « le peuple ».

Le Premier ministre Binyamin Netanyahu a participé aux festivités de la Mimouna samedi soir à Or Akiva. Il a raconté avoir  »esquivé le blocus dont il fait l’objet avec son épouse, pour aller à la mer, manger du poisson et parler avec les gens ».

Importée du Maroc et d’Algérie, Mimouna est devenue celle d’Israël, des hommes politiques d’abord qui y ont vu un moyen d’ancrage auprès des populations sépharades et de l’Israël culturel ensuite, avide de redécouvrir son passé.

Récemment en Israël, les politiciens organisent des rassemblements de masse pour cette festivités : ils traversent le pays de part en part, sautant en hélicoptère de Mimouna en Mimouna, livrant des discours .Elle est un évènement obligatoire pour toutes les figures publiques israéliennes

Ce renouveau de Mimouna symbolise le succès du meeting pot israélien. La tradition de la Mimouna fut reprise pour la première fois en Israël en 1966 lors d’un rassemblement de 300 juifs de Fez. En 1968, ils furent 5000 à la célébrer. Aujourd’hui, près de deux millions de personnes fêtent la Mimouna dans toutes les villes d’Israël. Elle est devenue une célébration populaire aussi bien chez les juifs religieux que chez les non pratiquants. Les enfants ne vont pas à l’école. Les hommes politiques ont pris l’habitude de se rendre dans des familles ou des communautés de Juifs du Maroc.

Cette tradition des Juifs d’Afrique du Nord, il y a trente ans, se vivait presque en secret. Certains juifs fêtaient la Mimouna dans la discrétion, pour ne pas être mal vu des voisins pour qui les traditions marocaines étaient synonymes de sous culture. Ils invitent leurs familles, après la sortie de la fête de Pessah en leur demandant de ne pas faire trop de bruit. Pas question évidemment de jouer du luth et du tam tam.

Les juifs du Magrébins étaient persuadés que leurs origines nord africaines porteraient ombrage à leurs carrières professionnelles. Dans certains quartiers huppés et très ashkénaze de Tel Aviv, les familles avaient tenus tout de même à maintenir la tradition. Pourtant Mimouna n’avait pas les fastes de cette soirée si particulière telle que vécus au Maroc.

La situation a changé avec Begin. Avec l’ascension de Menahem Begin au pouvoir, la culture et les traditions sépharades sont devenues comme légitimes. Alors que certains cachaient leurs origines marocaines – ils avaient même changé son nom de famille – le devenir sépharade est redevenu à la mode. Certains ont même repris leurs noms abandonnés.

Adaptée à la culture israélienne, la fête Mimouna est devenue le symbole de l’ouverture et la diversité de société israélienne. Israël qui a accueilli et absorbé plus de 3 millions d’Olim, provenant de tous les coins de la terre et de mondes différents, venus rejoindre la Terre de leurs ancêtres, est une mosaïque de modes de vie, de cultures et de traditions. Cette vérité les ennemis d’Israel ne la mentionneront pas !

J’ajoute également qu’Israël a été crée pour que tout juif se sent qu’il est chez lui. Malgré sa diversité, ou plutôt, grâce à sa diversité, Israël sait s’unir et être un exemple. Si Israël est un Etat pour les juifs, il présente tout de même une ouverture pour les autres culture/religion.

La communauté juive yéménite a aussi gardé ses traditions en Eretz Israël (1). Les juifs d’Ethiopie (les Falachas), qui sont les seuls juifs parmi les Noirs, sont restés attachés aussi au judaïsme de leurs ancêtres (2). La commission interministérielle de législation a approuvé le 26 février dernier le projet de loi présenté par le ministre Michaël Eitan, visant à la création d’un centre du judaïsme éthiopien, qui comprendra une bibliothèque, un centre de recherche et des archives.


Ftouh Souhail

(1) De 1880 à 1945, sur les 80 000 juifs yéménites, 30 000 remontent vers Eretz Israël. 50 000 juifs sont ramenés en Israël par des convois d’avions incessants en Septembre 1950.
(2) Le Rav Ovadia Yossef, Autorité spirituelle de premier plan, confirme la judéité des Juifs d’Ethiopie et amorce ainsi les célèbres opérations de sauvetage des années 1980. « Je suis arrivé à la conclusion que les Falashas sont des descendants d’une tribu d’Israël… et j’ai décidé qu’à mon avis les Falashas sont juifs », déclare-t-il en 1973.

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