L’ambassadeur de Géorgie en Israël a donné un entretien à Yediot Aharonot à l’occasion du troisième anniversaire de la guerre entre son pays et la Russie qui a fait des milliers de morts géorgiens et chassé des milliers de personnes de leur maison.

Après avoir longuement expliqué les souffrances de son pays du fait de l’invasion russe, il a déclaré que « les relations avec Israël sont très bonnes et qu’Israël est un modèle à imiter. »

Israël et la Géorgie ont une amitié forte de 26 siècles d’histoire. Le peuple géorgien et et juif ont 26 siècles de relations amicales. Et aussi, la Géorgie est le seul pays de l’Europe territoriale ou Hitler n’a pas pu persécuté le peuple juif, il n’a pas pu y entrer pour les exterminer comme dans les autres pays. Cela a été possible grâce à des siècles de co-habitation amicale entre les Géorgiens juifs et chrétiens orthodoxes. La Géorgie a depuis tout temps été une terre de liberté de religion, comme le montre l’intérêt des anciens monarques envers les trois principales religions monothéistes, tout en restant fidèle à la foi chrétienne.

Les Juifs constituent l’une des minorités les plus anciennes de Géorgie. Plus de 80.000 Juifs d’origine géorgienne vivent en Israël dont près de 25.000 arrivés depuis 1989. Conformément au recensement de 1989, il y avait 24 795 Juifs dans le pays et vivaient principalement à Tbilissi, Kutaisi et Oni. À l’heure actuelle, la plupart des Juifs ont quitté la Géorgie pour Israël. Les Juifs géorgiens parlent le géorgien, les Juifs russes, le russe, une une minorité parlant yiddish.

Quelques dizaines de Juifs Géorgiens ont fait leur aliyah, depuis le début des hostilités entre la Géorgie et la Russie en août 2008. Le quasi totalité des 200 Juifs de Guri, ville géorgienne envahie par les troupes russes, se sont réfugiés à Tbilissi

Cependant les chiffres de l’immigration restent faibles comparés à la taille de la communauté juive de Géorgie, estimée à 12000 à 13000 a plupart vivant dans la capitale Tbilissi.

Suite aux derniers événements, il y’ a trois ans en Géorgie, le président géorgien Saakashvili a eu le soutien d’Israel. Lors de la guerre du mois d’août 2008, plusieurs centaines d’instructeurs de ces deux pays étaient présents dans le pays et, selon diverses sources, certains auraient directement participé aux combats, ou même été tués dans les rues de Tskhinvali lors de l’agression russe.

L’objectif caché de la Russie dans ce conflit armé : rayer la Géorgie de la carte énergétique, et imposer ainsi la Fédération de Russie comme seul et unique territoire de transit des hydrocarbures en provenance des pays producteurs d’Asie centrale et du Caucase. Le deuxième pipeline le plus large au monde, le Bakou-Tbilissi-Ceyhan (BTC), qui relie les champs pétroliers de la Caspienne au port turc de Ceyhan, en Méditerranée, en passant par l’Azerbaïdjan et le sud de la Géorgie, a été fermé début août 2008.

Heureusement qu’Israël et les États-Unis ont entrepris depuis plusieurs années un vaste programme de formation de l’armée géorgienne, notamment par le biais des services israéliens du Shin Bet et des firmes privées de sécurité Cubic, dont le siège est en Californie, MPRI et American Systems, qui sont elles basées en Virginie. De plus, selon un haut responsable géorgien, des instructeurs français et allemands ont également pris part à divers programmes de formation.

Israël et la Géorgie étaient déjà proches depuis des décennies, grâce aux liens qu’ont maintenus les milliers d’Israéliens originaires de Géorgie avec leur terre natale. Mais c’est la « Révolution des Roses » en 2003 qui a ouvert grand les portes aux investisseurs israéliens, tant dans le civil (développement immobilier, tourisme, etc.) que dans le sécuritaire.

Ces dix dernières années, des entreprises israéliennes ont aidé l’armée géorgienne à mieux s’equiper par le biais de vente d’armes, d’entraînement d’unités d’infanterie et de conseils en matière de sécurité , profitant notamment du fait que le ministre de la Défense géorgien est un ex-Israélien. Israël a commencé à vendre des armes à la Géorgie il y a 11 ans suite à une initiative de citoyens géorgiens qui ont émigré en Israël et sont devenus des hommes d’affaires.

Parmi les Israéliens qui ont tiré parti de l’opportunité et ont commencé à faire des affaires en Géorgie, on trouve l’ancien ministre Roni Milo, et son frère Schlomo, l’ancien directeur général des industries militaires, le général de brigade de réserve Gal Hirsh, et le général de division de réserve Yisrael Ziv.

Roni Milo a mené des affaires en Géorgie pour Elbit Systems, et les Industries militaires, et avec l’aide des industries de la défense d’Israël il a réussi à vendre à la Géorgie des véhicules pilotés à distance (RPV) (des drone, NdT), des tourelles automatiques pour les véhicules blindés, des systèmes anti-aériens, des systèmes de communication, des bombes et des roquettes.

Selon des sources israéliennes, Gal Hirsh a fourni à l’armée géorgienne des conseils sur la création d’unités d’élite du type Sayeret Matkal, et sur le réarmement, et a donné différents cours dans les domaines des renseignements de combat et les combats en zones urbaines.

40 drones Hermes 450 d’Elbit ont été vendus à la Géorgie

Ainsi, les industries militaires et aéronautiques israéliennes sont devenues des fournisseurs majeurs de la Géorgie en technologies de pointe, tels drones de surveillance, appareils de vision nocturne, armes légères et systèmes d’artillerie électroniques. Selon des sources géorgiennes, elles auraient aussi aidé l’armée de l’air géorgienne à améliorer des appareils de chasse de conception soviétique.

La coopération militaire entre les deux pays s’est rapidement développée. Le fait que le ministre de la Défense géorgien Davit Kezerashvili (1) soit un ancien Israélien qui maîtrise couramment l’hébreu a contribué à cette coopération. Israël considère la Géorgie comme un État ami auquel il n’y a aucune raison de ne pas vendre de systèmes d’armement identiques à ceux qu’Israël exporte vers d’autres pays.

« Les Israéliens devraient être fiers pour l’entraînement et l’éducation données aux soldats géorgiens », a dit il y’a deux ans le ministre Temur Yakobashvili (2). Parallèlement, diverses sociétés de consultance créées par d’anciens officiers israéliens participent à la formation des cadres de l’armée géorgienne et à l’instruction de ses troupes. Il s’agit des mêmes sociétés israéliennes qui sont actuellement actives dans divers pays d’Afrique et d’Amérique latine, y compris en Colombie où elles ont contribué à la libération d’Ingrid Betancourt et d’autres otages des mains des FARC.

Aujourd’hui La Géorgie est l’un des meilleurs amis d’Israël. La Géorgie a été le premier pays à ouvrir les frontières, lorsque l’Union soviétique s’est effondrée. C’est le lieu où l’Agence juive a construit son siège régional pour servir la communauté juive.

Immobilier, tourisme, commerce: tous les secteurs sont désignés comme des domaines plus attrayants pour l’investissement israélien en Géorgie. La Chambre de commerce géorgienne, accompagnée d’une délégation de la communauté juive locale était en visite en Israël la en septembre dernier pour découvrir ce pays.

“L’investissement actuel israélien en Géorgie est de 250 millions de dollars. Sans la crise, ce chiffre aurait atteint le milliard” explique le Président de la Chambre de Commerce (3).

“Israël à beaucoup à faire ici. Certaines zones locales sont vraiment attractives. Nous avons identifié beaucoup de potentiel dans l’agriculture, la santé et la communication” explique l’ambassade d’Israël à Tbilissi.

«Il y a d’immenses investissements à faire en Géorgie. Aujourd’hui, les investisseurs peuvent acheter des terres, construire des maisons, des centres d’affaires… Et les israéliens sont excellents dans ce domaine.”Les entreprises de construction sont très nombreuses, et toutes les compagnies israéliennes ont leur places ici” selon Moshé Itsik de la chambre de commerce.

Côté import, Israël pourrait profiter de l’eau produite en Géorgie. Tbilissi propose dores et déjà des prix bien meilleurs que ceux demandés par Ankarra.

“A propos de l’eau, Israël a un grave déficit en la matière. Nous sources minérales de Borjomi ou de Nabeghlavi sont les meilleurs produits que nous pouvons donner à Israël”confie t-il.

Autre liquide: le vin. Le gouvernement local promet des aides aux producteurs de vin “casher”.ajoute t-il. La production pourrait être vendue intégralement en Israël.

“En Israël, on boit beaucoup de vin chaque année. Principalement du vin de France ou d’Amérique du Sud. Je pense que les Israéliens n’ont pas découvert le vin géorgien. Il est pourtant excellent et surprenant. “

Le nombre de touristes en provenance d’Israël pour la Géorgie a plus que doublé en 2010 par rapport à 2009 ” explique Yehiel Bar, responsable des “relations étrangères” pour la mairie de Jérusalem. “Il y a beaucoup de marketing dans les médias israéliens pour inciter nos concitoyens à visiter la Géorgie. Nous voulons que les israéliens se rendent là-bas plutôt qu’en Turquie” dit-il.

“Le tourisme israélien a augmenté de 85%. Il y a 7 vols directs par semaines. Tout se développe parfaitement ces derniers mois” explique ce même homme.

En septembre dernier, une “semaine pour Israël” été organisée en Géorgie.en présence notamment de la ministre de l’Immigration et de l’Intégration, Sofa Landver, qui était accompagnée de son chef de cabinet, Dimitri Apartsev. En effet, il vaut mieux 1000 fois aller en Géorgie qu’en Turquie.

Ftouh Souhail

(1) Davit Kezerashvili, qui a à peine 30 ans, a remplacé en novembre 2006 Irakli Okruashvili au poste de ministre de la Défense. Il est l’un des membres fondateurs du parti présidentiel, le Mouvement national uni, qui se définit come libéral-conservateur et est membre observateur du Parti populaire européen, qui rassemble 72 partis démocrates-chrétiens et conservateurs dont ceux de Sarkozy (UMP), Merkel (CDU), Berlusconi (Forza Italia), Rajoy (Partido Popular), Barroso (PSD), Reinfeldt (MSP), Erodgan (AKP), Bãsescu (PLD) et Timoshenko (VOB).

(2) Temur Yakobashvili est depuis 2008 le ministre de la Réintégration, nouveau nom donné au ministère de la Résolution des conflits d’Abkhazie et d’Ossétie du Sud. C’est un lobbyiste pro-US et pro-israélien important à Tbilisi, où il est entre autre vice-président de la boîte à idées Georgian Foundation for Strategic and International Studies (GFSIS), financée notamment par le département d’État US, la Fondation Open Society de George Soros, Coca Cola et la RAND Corporation.

(3) L’investissement israélien dans les pays d’Europe de l’Est ; à savoir: la Roumanie, la Bulgarie et la Hongrie, se monte à 10 milliards.

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