Les évènements, survenus, ces derniers temps, dans l’ouest de la Tunisie, et l’intensification des protestations, dans cette région, ont fait résonner la sirène d’alarme, pour le régime islamiste.

Le parti islamiste tunisien au pouvoir d’Ennahdha, qui tente d’avoir une mainmise sur la vie politique en Tunisie depuis les élections du mois d’octobre 2011, semble vouloir utiliser la question du dernier conflit à Gaza pour masquer la vaste répression qu’il exerce contre la population de l’ouest de la Tunisie, notamment dans la ville de Siliana.

Le gouvernement tunisien commence à perdre sa popularité suite à l’ usage excessif de la force contre des manifestants dans la région de Siliana et dans la ville de Bargou.

Après une semaine d’affrontements entre la police et la population qui ont fait plus de 300 blessés, essentiellement par des cartouches de chevrotine, et 17 d’entre elles, touchées au visage ont perdu la vue, les habitants réclament, en autres, le départ des renforts policiers déployés dans les deux villes et accusés de violences excessives, en particulier lorsqu’ils ont tiré à la chevrotine sur les manifestants.

En effet, pour la première fois en Tunisie, les islamistes au pouvoir ont ordonné l’utilisation de tirs de chevrotine, une sorte de munition composée de projectiles multiples généralement utilisée sur des gros gibiers, et interdite en France en armurerie depuis plus de dix ans.

Navy Pillay, haut commissaire de l’ONU aux Droits de l’Homme, a condamné, dans une déclaration publiée sur le site de l’ONU, l’usage excessif et disproportionné de la force de la part de la police à l’égard des manifestants de Siliana.

L’intransigeance du gouvernement islamiste contre la population en révolte dans l’ouest de la Tunisie a suscité une vague d’indignation dans l’opinion publique locale.

Un des leaders du Front populaire ( opposition laïque), Chokri Belaïd, a qualifié le gouvernement d’être celui « de la honte », de « l’oppression » ou encore d’être soumis au Qatar. M Belaïd a affirmé que « ceux qui ont décidé de tirer sur le peuple sont des criminels ».

Il a ajouté avoir l’intention de les poursuivre en justice. Il a également déclaré :  » la victime s’est transformée en tortionnaire. Quand Ali Laârayedh ( ministre de l’Intérieur ) prétend que ceux qui ont tiré étaient en droit de le faire, cela nous rappelle bien les justifications de l’ancien régime par rapport aux tirs contre nos martyrs ».

Le chef du parti communiste tunisien, Hamma Hammami, a aussi exprimé son soutien aux protestations populaires. Il a dénoncé « la violence méthodique et barbare » exercée contre les habitants de la région. Sur un ton encore plus menaçant, il a scandé:  » Ce gouvernement ne nous fait pas peur. Il est trop faible pour nous impressionner et, après Siliana, le peuple se révoltera ailleurs, partout dans notre pays. Nous serons une épine dans le pied de ce gouvernement et tant que nous resterons solidaires, à l’unisson, nous ne serons vaincus par quiconque ».

Des militants de la société civile exigent maintenant une commission d’enquête urgente en Tunisie sur l’utilisation de la chevrotine, de bombes fragmentaires, de gaz cancérigène et de cartouches assourdissantes contre des femmes et des enfants.

Toutes ces armes sont interdites suivant les conventions internationales, mais pourtant elles ont été utilisées contre des citoyens pacifistes tunisiens. Des avocats tunisiens se penchent d’ailleurs sur la question pour poursuive le Premier ministre tunisien et son ministre de l’Intérieur ( tous les deux issus du mouvement d’Ennahdha) pour les poursuivre pour crimes contre l’humanité.

Depuis que le parti Ennahdha est au pouvoir, il y a eu 15 morts, 2755 blessés; 925 personnes jetées en prison sans jugement et quelque 3272 individus torturés. Sans compter cette nouvelle forme de collaboration de la police avec la milice du parti Ennahdha dont les membres ont semé le désordre dans le pays.

Pour dissimuler les critiques locales et internationales quant aux violences policières contre sa population, le gouvernement islamiste tunisien n’a rien trouvé de mieux que d’utiliser Gaza.

Ainsi, le chef de la diplomatie tunisienne Rafik Abdessalem s’est rendu à Gaza, il y a quelques jours, pour rencontrer des responsables du Hamas qui contrôlent la bande de Gaza, depuis juin 2007. Il était accompagné de trois autres ministres. L’objectif avoué donc était d’exprimer la solidarité du gouvernement tunisien avec « les frères palestiniens ». Ismaël Haniyeh avait remercié la Tunisie pour son « soutien concret » à la cause palestinienne.

Cette manipulation médiatique visait donc à instrumentaliser la question palestinienne alors que le gouvernement tunisien préparait en réalité un plan pour réprimer de plus en plus sévèrement les contestations populaires dans la région de l’ouest de la Tunisie. Paniqué par le soulèvement des habitants de l’ouest et craignant un débordement vers d’autres régions, le régime a donc mis l’accent ces derniers jours sur la question palestinienne.

La cause palestinienne a toujours été utilisée pour détourner les regards. La Tunisie s’en sert aujourd’hui tout comme le régime en Iran qui soutenait Gaza alors qu’il qui avait utilisé une brutalité sans précédent lors des émeutes de juin 2009.

Il est à noter aussi que les violences policières contre les populations de Siliana, et notamment l’usage de la chevrotine pour mater des manifestations, a eu lieu avec la bénédiction des hommes religieux proches du pouvoir.

Le prédicateur wahhabite, Béchir Ben Hassen qui parlait, lors de la grande prière du vendredi 30 novembre, a appelé les fidèles présents à la mosquée à «faire face aux forces de l’opposition qui est, selon lui, constituée de traîtres sinon ils partiraient pour aider le gouvernement et non pour inciter au soulèvement».

Quant aux victimes atteintes par des tirs de chevrotines à Siliana il a dit « Leurs larmes sont des larmes de crocodile. Il ne faut jamais les croire.»

On notera que l’affliction des chefs musulmans tunisiens est à géométrie variable. Quant Israël se défend ces derniers rivalisent de formules sémantiques et de superlatifs pour qualifier les Israéliens des pires qualificatifs .

Par rapport à l’incroyable élan d’émotion, de compassion et évidemment de condamnation constaté dans le contexte palestinien, on ne voit rien de comparable devant la sauvagerie de la police tunisienne.

Au contraire selon l’ancien imam salafiste de Noisy-le-Grand Béchir Ben Hassen (qui a été accueilli en septembre dernier au palais présidentiel de Carthage) la réaction du gouvernement serait légitime au regard de l’islam. Il a tout simplement balancé une fatwa pour légaliser l’intimidation exercée par le régime islamiste contre les habitants de l’ouest de la Tunisie, victimes d’une injustice sociale inacceptable.

Il faut juste imagier la position qu’aurait adoptée ce même prédicateur si, en Judée et Samarie, des soldats juifs dispersaient des manifestants arabes palestiniens avec des tires à la chevrotine ? C’ est facile d’imaginer les réactions «pleureuses» en chaîne et les réactions des prédicateurs religieux qui se seraient alors livrés à un cérémonial de lamentations sur le sort des Palestiniens.

Cette indignation sélective a été une nouvelle fois constatée puisque les attaques à la chevrotine dévastatrices sur la population civile tunisienne n’ont pas ému les religieux locaux. Ceci est une magnifique démonstration de l’hypocrisie islamique. Laisser commettre des barbaries n’est toléré que si celles-ci sont commises par des Musulmans !

En plus des incontestables atteintes actuelles aux droits de l’Homme, en Syrie, en Libye, au Yémen, en Iran ou en Afghanistan où les populations civiles sont massacrées tous les jours, on constate que le gouvernement tunisien pourrait être accusé de crimes contre l’humanité ! Utiliser la chevrotine contre des manifestants c’est du jamais vu sauf dans des pays barbares comme le Qatar ou l’Arabie Saoudite.

Ces islamistes tunisiens doivent bientôt rentrer dans le trou d’où ils sont sortis, car ce n’est qu’une masse de délinquants et de criminels. Ils sont une honte pour la Tunisie, pour les Tunisiens et pour les principes de la révolution. Les Tunisiens commencent à regretter véritablement le départ de Ben Ali, c’est dire si le printemps arabe s’est vite transformé en hiver rigoureux !

Ftouh Souhail

Photo 2 en arabe : « Non à la normalisation avec l’entité d’Ennahda » , expression réservée habituellement à » l’entité sioniste »

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