Une scène surréaliste, où des rabbins se posent comme une sorte de tribunal de l’inquisition et en preux défenseurs des valeurs religieuses. Ça se passe en  Israël, en septembre  2017, devant les yeux des citoyens israéliens qui assistent à l’humiliation de leur démocratie.

 

Le député de la Knesset ,Yigal Guetta, a remis sa démission, cette semaine, après que des rabbins ultra-orthodoxes ont appelé à son licenciement, pour sa “profanation publique des Cieux”

 

Ce député du parti ultra-orthodoxe Shass a démissionné après avoir été fustigé par des rabbins pour avoir assisté au mariage de son neveu homosexuel.

 

Yigal Guetta  ( photo) a transmis  au chef de son parti, Aryeh Deri, sa lettre d’abandon de son siège à la Knesset.

 

Deri a remercié Guetta et lui a assuré qu’il aurait d’autres rôles à jouer au sein du parti.

 

« Le ministre Deri a dit au député Guetta qu’il respectait sa décision, lui a fait part de son appréciation et l’a remercié pour son travail et pour le nouvel esprit énergique qu’il a introduit dans le parti Shass », peut-on lire dans une lettre publiée par le bureau de Deri.

 

 

 

 

 

Sa démission fait suite à la publication d’une lettre de rabbins, indignés face à « la profanation publique des Cieux » de Guetta, et ont exigé que les dirigeants du Shass « le destituent et le renvoient immédiatement ».

 

Cette démission apparait comme une mise en cause de la démocratie israélienne. Des rabbins louches se sont clairement servis de liens personnels pour

 

Ben Zion Mutsafi, Moshe Tzedaka, Aharon Yirhi, Moshe Ohanona et Avner Marciano, ont tenu un discours très virulent et ont appelé le public à « enjoindre les dirigeants [de Shass] à ne pas soutenir cette terrible profanation du nom de Dieu, à destituer immédiatement [Guetta] de ses fonctions publiques, à [lui accorder] une position qui ne soit pas public, et à médiatiser son renvoi. »

 

Aux États-Unis, une telle démission remettant en cause les fondements de la liberté américaine est impossible.

 

Guetta avait été le plus violemment attaqué par des intégristes sont obsédés contre les homosexuels. On peut ici interroger  toute les religions sous l’angle du rapport entre le religieux, le politique, le sexe et le genre. La condition des homosexuels questionne radicalement toutes les religions. C’est d’ailleurs le cas de l’ensemble des lois religieuses. Elles épousent toutes le système qui convient parfaitement à l’autoritarisme. C’est pourquoi, dans certains pays, en dépit de constitutions prônant l’égalité, le principe est bafoué dès qu’il s’agit de la famille.

 

 

Tous les intégrismes religieux adoptent la même attitude

 

 

L’inclusion de l’identité religieuse dans l’identité nationale a toujours aidé les conservateurs à refuser les droits homosexuels. Nous retrouvons cette ligne chez tous les extrémistes religieux. Le même refus obsessionnel est constaté en relations avec  les droits des communautés homosexuelles.

 

L’égalité entre les genres est rejetée, car supposée « occidentale » et non conforme aux autres cultures alors que ce principe est universel et universalisable.

 

Les religieux refusent sciemment liberté sexuelle. Ils vantent leur conception de la famille comme garante de la sécurité des familles, à condition qu’elles se soumettent aux normes et lois dictées au nom de Dieu.

 

En Israël aussi les religieux réhabilitent les valeurs  religieuses pour leur offrir un cadre identitaire « sécurisant » et « valorisant ». Cette  attitude peut prospérer là où la religion quitte le domaine de la spiritualité pour devenir la loi qui gère la vie collective et individuelle.

 

Cela va avec la diabolisation l’homosexualité présentée  dans les milieux du parti ultra-orthodoxe Shass comme source de dépravation des mœurs et de dislocation des familles. Ces juifs extrémités  labélise  l’homosexualité comme le fruit de l’« Occident impie » et transforme le couple  hétérosexuel  en un rempart contre ses prétendus dangers.

 

Tous comme chez les musulmans, les milieux ultra-orthodoxe juifs imposent leur ordre régressif dans lequel chacun et chacune a une place prédéterminée par le Tout-Puissant. Ce qui permet d’instaurer un ordre total et totalitaire au nom du divin. L’hétérosexualité offre aux ultra-orthodoxes la colonne vertébrale d’un ordre fondé sur un seul modèle de famille.

 

Ce fameux « ordre moral » est au centre des projets des mouvements  religieux qui s’appuient sur l’idéologisation religieuse. L’homophobie et le sexisme sont les éléments fondateurs de leurs idéologies. Leur rejet des droits des homosexuels s’explique par le désordre que créent ces acquis au regard de l’ordre régressif qu’ils veulent instaurer.

 

 

Souhail Ftouh

 

 

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