Il y a 77 ans, début novembre 1942, le port de l’étoile jaune entrait en vigueur pour les Juifs dans les territoires de occupés par les Allemands.La Tunisie fut le seul territoire français hors métropole, à subir une occupation allemande pendant la Seconde Guerre Mondiale.

Six mois entre novembre 1942 et mai 1943, un temps trop bref pour procéder à un massacre massif de la population juive locale, mais suffisant pour la terroriser, avec en particulier une rafle de 4000 hommes en décembre 1942, envoyés dans des camps de travail ou sur les lignes de front, où hélas une cinquantaine, presque tous très jeunes, furent tués ; une poignée de résistants et de militants antifascistes furent aussi déportés en Europe, où ils furent assassinés …

Durant ces six mois terribles d’occupation, des jeunes hommes de la communauté furent conduits vers l’un des plus grands Camps de Travail forcé du coté de Bizerte (au nord de la Tunisie).

Les familles des travailleurs forcés, quand à elles, subissaient l’humiliation et toute l’injustice de l’occupant nazi. Les Juifs de la ville de Sousse avaient même porté l’étoile jaune qui eut une fonction de marquage, désignant les Juifs aux nazis lors des rafles.

Il s’agit de la 8ème ordonnance allemande depuis l’Occupation, datée du 29 mai 1942 : l’étoile jaune est un insigne juif distinctif en forme d’étoile de David que les juifs de France sont obligés de porter sur leurs vêtements à gauche sur la poitrine, conformément aux directives de l’occupation allemande, et concerne tous les Juifs âgés de six ans et plus. Le badge était imprimé du mot Juif en français, Jude en Allemagne, Jood aux Pays-Bas, « J » pour Jood\Juif en Belgique etc…

Cet insigne visible avait pour objectif d’isoler toute une communauté, pour mieux la repérer, afin de faciliter arrestations et déportations, comme ce fut le cas lors de la rafle du Vél d’Hiv le 16 juillet 1942.

La distribution des étoiles s’effectuaient dans les commissariats et les sous-préfectures de police.

Imprimée à 400.000 exemplaires, l’étoile jaune concernait 100.455 personnes (61.684 français et 38.591 étrangers), selon les chiffres du recensement qui permettra la création du fichier des Juifs.

Dans la zone non occupée de la France, sous le régime de Vichy, le gouvernement a refusé d’appliquer l’ordre, craignant que la population ne résiste à l’imposition d’un badge distinctif aux citoyens juifs de France.

Même après novembre 1942, lorsque les Allemands occupèrent toute la France, ils s’abstinrent de faire porter le port de l’étoile juive à Vichy, de peur que cela ne provoque une résistance de la population. Mais la mention « Juif » sera tamponnée à l’encre rouge, sur les papiers d’identité et cartes d’alimentation.

Durant le Rafle des Juifs de Tunis, le jour du 9 décembre 1942 (le 2 Tevet 5703) quelques 2 000 juifs furent arrêtés. Des centaines d’entre eux ont trouvé la mort et plusieurs d’entre eux ont trouvé la route de la déportation.

Si les citoyens juifs tunisiens étaient progressivement réduits dès 1942 au statut de sous-citoyens, par contagion de lois antisémites de Vichy, la situation des Juifs n’était pas idéale avant l’occupation allemande, car ces derniers étaient souvent traités de manière inéquitable par les tribunaux tunisiens.

Cette discrimination était d’ailleurs le prétexte d’interventions et de pressions auprès du Bey de Tunisie et de son gouvernement. Les juridictions tunisiennes ne cessaient de faire preuve d’une particulière sévérité à l’égard de cette fraction de la population locale. En 1857, l’affaire « Batou Sfez » (2) allait être l’occasion pour la France et la Grande-Bretagne d’intervenir au nom de la défense des droits de l’homme. Grâce à l’intervention des puissances européennes, cette communauté échappa au statut séculaire de la dhimma.

Souhail Ftouh

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