A l’issue des élections législatives en Moldavie, l’homme d’affaires moldave, né en Israël Ilan Shor, a été élu au Parlement moldave. Shor, 31 ans,n’avait pourtant aucune garantie de gagner un siège dans sa circonscription, la ville d’Orhei, dans le centre du pays, où il est maire depuis 2015.

Avant l’élection le candidat israélo-moldave Ilan Shor, qui est un businessman et maire de la ville d’Orhei, avait insisté que la corruption était un problème crucial en Moldavie.

Shor est né le 6 mars 1987 à Tel Aviv, de parents Juifs moldaves. Sa famille est revenue en Moldavie quand il était enfant, et il y a grandi.

Il est propriétaire de plusieurs entreprises moldaves, dont une société nommée Dufremol (Duty-Free) et le club de football FC Milsami. En 2015 il est élu maire de la ville d’Orhei qui est un centre agro-industriel.

Le candidat israélo-moldave Ilan Shor, businessman, chef de son parti et maire de la ville d’Orhei, durant un meeting de campagne en février 2019

Durant les élections, le parti d’opposition socialiste pro-russe a remporté 31,5 % des voix, et le groupe pro-Européen ACUM a remporté 25,9 % des suffrages. Le parti démocratique, actuellement au pouvoir, a décroché la troisième place avec 24,1 % des voix.

La Commission centrale électorale a signalé qu’après dépouillement de 99 % des bulletins, le parti de Shor avait remporté 8,35 % des suffrages.

Plus de 3 millions de personne ont voté pour leurs députés pour un mandat de quatre ans au Parlement moldave, composé de 101 sièges. Le seuil électoral, qu’il faut dépasser pour entrer au Parlement, a été fixé à 6 %

La ville d’Orhei qui est située dans le Centre-Est du pays à 41 kilomètres au nord de la capitale Chisinau était peuplée par des juifs. A la fin du XIXème siècle, 80% de la ville était de confession juive (environ 32.000 personnes). Aujourd’hui, il ne reste environ que 100 israélites. On y trouve plus de 4000 pierres tombales sur une superficie d’environ 400 000 mètres carrés.

La Moldavie, appelée historiquement la Bessarabie, est connue pour avoir été la patrie de nombreux juifs dans l’histoire.

La communauté juive de Moldavie est très ancienne, puisque les premières pierres tombales remontent au premier siècle de notre ère. Les juifs sont probablement arrivés en tant que marchands, ou autres, dans la foulée des légions romaines. A cette première vague s’ajoutent plusieurs migrations médiévales : celle des Juifs de Hongrie, d’où ils sont expulsés en 1367, ou de quelques réfugiés d’Espagne.

On estime que la sanglante guerre civile polono-lituanienne de 1648 encouragea nombre d’entre eux à venir se réfugier en Moldavie pour fuir les massacres. A la fin du XIXème siècle, il y avait plus de 230 000 juifs en Moldavie, l’équivalent d’environ un tiers de la population totale. Dans la capitale Chisinau, ils représentaient même 50% des citadins.

Le pays était un centre culturel d’importance pour la littérature yiddish et hébraïque. Plusieurs synagogues furent construites dans les villages comme dans les villes. La capital Chisinau comptait par exemple 70 synagogues et seize écoles juives.

Malheureusement le début du XXème siècle marqua le début d’une longue et grande vague d’émigration forcée. Un antisémitisme exacerbé s’installa progressivement et un terrible pogrom éclata en 1903, apparemment avec l’appui de la police du Tsar de Russie. Les violences éclatèrent le 6 et 7 avril et 49 juifs furent massacrés par la population (et plus de 500 blessés). Leurs maisons furent pillées et détruites et plus de 2000 juifs se retrouvèrent du jour au lendemain sans toit. Plusieurs intellectuels russes dont les grands écrivains Léon Tolstoï et Maxime Gorki dénoncèrent cette flambée de violences.

Deux ans plus tard, le 19 aout 1905, l’horreur recommença avec un bilan de 19 juifs assassinés et 56 blessés.

L’horreur pour autant ne cessa pas. En juin 1941, lors de l’invasion de l’URSS par l’Allemagne Nazie, la Roumanie fasciste du maréchal Ion Antonescu (surnommé le “Pétain roumain”) entre en guerre et s’empare de la Moldavie. Cette occupation se traduit par une politique antisémite féroce et l’extermination d’une grande partie de la population juive locale. On estime que moins d’un cinquième de cette population a survécu.

L’après guerre sera la période de l’exil pour une grande partie de la communauté. Beaucoup partiront en Israël, aux Etats-Unis et en Europe de l’Ouest.

Souhail Ftouh

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