Le chef du cabinet israélien, Benjamin Netanyahu, qui remplit le rôle de ministre des Affaires étrangères, devrait se rendre à Bruxelles le 11 décembre 2017  pour prendre part à un sommet des ministres des Affaires étrangères des 28 pays membres de l’Union européenne.

C’est la première fois en 22 ans qu’un dirigeant israélien participe à une rencontre de l’UE. Ce sera la première fois que Netanyahu rencontrera l’ensemble des ministres des Affaires étrangères en même temps.

La participation du Premier ministre à cette réunion à Bruxelles  est vue comme une victoire de la diplomatie israélienne.

Lors de ce forum de haut niveau la chef de la diplomatie de l’UE, Federica Mogherini, va rencontrer le dirigent israélien. Benjamin Netanyahu se rendra aussi à Paris le 10 décembre 2017  pour s’entretenir avec le président français Emmanuel Macron, selon la presse israélienne.

La relation de Netanyahu avec l’Union européenne est glaciale depuis des années, même s’il y a un an, des officiels ont promis d’améliorer les liens. En juillet 2017, lors d’une visite en Hongrie, Netanyahu a critiqué l’Union européenne, en des termes inhabituellement durs, pour son traitement à l’égard d’Israël, appelant les dirigeants de quatre pays d’Europe Centrale à utiliser leur influence dans l’organisation pour faciliter les conditions afin de faire avancer les liens bilatéraux.

« Je pense que l’Europe doit décider si elle veut vivre et fleurir ou si elle veut se dessécher et disparaître, a-t-il déclaré dans une réunion à huis clos dont le contenu avait été diffusé accidentellement aux journalistes présents à l’extérieur de la pièce. Je ne suis pas politiquement très correct. Je sais que cela choque certains d’entre vous. C’est une plaisanterie. Mais la vérité est la vérité – aussi bien au sujet de la sécurité que du futur économique de l’Europe. Ces deux préoccupations imposent une politique différente à l’égard d’Israël ».

Plus tôt ce mois-ci, Israël a forcé un groupe de législateurs européens – dont des Français – à annuler leur voyage en Israël, expliquant que certains des participants cherchaient à rencontrer les terroristes palestiniens – Marwan Barghouthi et Salah Amouri.

Israël et l’Union européenne sont liés par de nombreuses relations.

Il n’en reste pas moins que l’État d’Israël est aujourd’hui l’un des principaux partenaires économiques et politiques de l’UE dans l’espace méditerranéen : membre du processus de Barcelone, membre à l’Union méditerranéenne, État également intimement lié à l’UE par des Traités de libre-échange commercial et de politique industrielle et par un accord de coopération spatiale.

L’Union européenne est le premier partenaire commercial de l’État d’Israël. 33 % des exportations israéliennes allaient vers l’UE et 36 % de ses importations venaient de l’Union.

Le premier accord de libre échange entre l’UE et Israël est signé en 1975. Depuis lors, l’approfondissement de leurs relations économiques ne cesse de progresser, bien que rythmé par les fluctuations du processus de paix.

Un “statut spécial” est octroyé à Israël par le Conseil européen d’Essen en 1994, à la veille du lancement du programme de Barcelone. Ce statut garantit ainsi à Israël le caractère privilégié de sa relation avec l’UE. Le second accord majeur – l’‘accord d’association’ – est signé en 1995, au lendemain du processus d’Oslo.

Leurs relations se développent progressivement malgré l’échec du processus de paix, notamment dans les secteurs des marchés publics, agricole et scientifique.

Le statut spécial dont jouit Israël est plus particulièrement visible dans ce dernier secteur. Israël est en effet le premier État non membre à signer en 1996 un accord avec l’UE permettant sa participation au un vaste programme de recherche européen (PCRD), la plateforme européenne de recherche. L’État d’Israël fut le premier pays non-européen à être associé au programme-cadre de recherche  de l’Union européenne.

Le premier ‘plan d’action’ de l’UE dans le cadre de sa politique de voisinage est en effet signé avec Israël à la fin de l’année 2004.

La Commission européenne a signé un accord avec Israël, la meme année, autorisant sa participation à Galileo, le Système de positionnement par satellites de l’Union européenne.

En 2008, l’UE accepte, sur une initiative israélienne, de rehausser le niveau et l’intensité de leurs relations.  Un accord sur ‘les produits agricoles, agricoles transformés et issus de la pêche’, ratifié en janvier 2010,  permettrait un accroissement des exportations israéliennes. Dans d’autres secteurs,  Jérusalem signe deux autres accords : le premier concerne un protocole sur la participation d’Israël à des programmes communautaires signé en mai 2008 ; le second est un accord ACAA (Agreement on Conformity Assessment and Acceptance of Industrial Products) sur les produits pharmaceutiques signé en mai 2010.

En raison de son haut niveau de revenu national, Israël n’est pas éligible pour recevoir des fonds du programme européen MEDA

Malgré des divergences récurrentes en terme de perceptions et d’attentes mutuelles – plus particulièrement sur la question palestinienne – force est de constater que les relations entre l’Union européenne et Israël se développent durablement aux niveaux économique, scientifique, culturelle voire stratégique.

Ainsi, il a été admis à prendre part au Concours Eurovision de la Chanson depuis 1973, et la Israeli Broadcasting Authority (Autorité Israélienne de Radiodiffusion) est membre de la European Broadcasting Union (Union Européenne de Radio-Télévision) depuis 1957. Les clubs de football israélien ont commencé à disputer les compétitions européennes en 1991, et Israël est devenu membre de l’UEFA en 1994.

 

Souhail Ftouh

 

 

 

 

 

 

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