A pied ou à vélo, des milliers de personnes se sont réunies dimanche à Londres, Paris ou Berlin pour réclamer la libération « immédiate » des otages encore aux mains du groupe terroriste islamiste palestinien du Hamas, au 100e jour de la guerre déclenchée par l’attaque perpétré par ce dernier le 7 octobre.

Dans la capitale britannique, plusieurs milliers de personnes se sont rassemblées à Trafalgar Square sous haute sécurité policière, recouvrant la place de drapeaux israéliens et faisant flotter 132 ballons jaunes, symbolisant chacun l’un des otages toujours détenus.

« Je suis ici pour soutenir Israël, notre communauté et notre peuple. Il faut avoir de l’empathie pour les citoyens de Gaza qui vivent un cauchemar (…) mais il y a toujours (132) otages qui sont détenus par leur gouvernement », a déclaré à l’AFP Arthur Goldberg, retraité de 56 ans.

Plus tôt dans la journée, quelque 250 cyclistes se sont rassemblés à Regent’s Park, dans le centre de Londres, pour une manifestation à vélo à l’appel de l’équipe Israel Premier Tech notamment, qui organisait cet évènement dans plusieurs villes du monde.

« Ramenez-les à la maison », ont-ils scandé en parcourant près de 7 kilomètres dans le parc, enveloppés pour certain dans le drapeau d’Israël, avant de brandir les portraits des otages.

Outre ce même rallye à vélo, une course de 5 kilomètres et une exposition photo étaient organisées à Paris au pied de la Tour Eiffel par des collectifs de soutien aux otages, en présence de plusieurs personnalités juives.

A Berlin, des centaines de personnes ont aussi défilé derrière des banderoles « 100 jours en enfer » ou « Ramenez les otages à la maison maintenant », à l’appel notamment de l’ambassade d’Israël en Allemagne.

Dans le cortège, qui a traversé le quartier central de Prenzlauerberg pour rejoindre l’Île aux Musées, certains manifestants ont également affiché des slogans plus critiques du gouvernement israélien, comme « Israël trahit les otages ».

Mobilisation Outre-Atlantique

Quelque 200 habitants de Chicago ont bravé les températures négatives pour participer à un rassemblement devant l’immeuble de bureaux qui abrite le consulat israélien, à l’initiative du groupe de défense pro-israélien StandWithUS.

Le plus haut diplomate israélien dans la ville, des chefs religieux juifs, chrétiens et hindous, ainsi qu’un cousin de l’otage Hersh Goldberg-Polin ont pris la parole.

Des dizaines de personnes présentes au rassemblement ont brandi de petits drapeaux israéliens et américains, ainsi que des photos de quelques-uns des 136 otages qui se trouvent encore à Gaza. Entre les discours étaient scandés les slogans « Ramenez-les à la maison ! » et « Am Yisrael Chai ».

Certains participants ont collé sur leur veste un morceau de ruban adhésif sur lequel est inscrit le chiffre 100. Ils suivent ainsi le rituel de Rachel, la mère de Goldberg-Polin, qui actualise ce chiffre chaque jour où son fils reste en captivité.

« Cela fait maintenant 100 jours que nos cœurs sont brisés, encore et encore. Nous sommes encore en train d’absorber, de digérer et d’analyser les horreurs de ce premier jour », a déclaré le consul général Yinam Cohen.

« Alors que nous nous trouvons ici, en ce jour glacial de l’hiver de Chicago, je suis dévasté et indigné en pensant aux femmes, aux hommes, aux enfants et aux personnes âgées détenus dans des conditions désastreuses dans des tunnels souterrains à Gaza, sans médicaments essentiels et pratiquement sans nourriture, subissant des violences et des abus sexuels », a déclaré Cohen, soulignant la situation critique de Hersh Goldberg-Polin, dont les parents sont originaires de Chicago.

« Lorsque, dans les rues de Chicago, les gens scandent ‘De la rivière à la mer, la Palestine sera libre’… Nous devons faire preuve de clarté morale », a-t-il affirmé.

« Nous vaincrons la terreur, nos otages rentreront chez eux et nous continuerons à lutter pour la paix ».

Le consul général d’Israël dans le Midwest, Yinam Cohen, prend la parole lors d’un rassemblement pro-israélien à Chicago le 14 janvier 2024

Tianna Strong, de l’International Christian Fellowship, a pris la parole après Cohen et mené la prière pour les otages.

« À mes frères et sœurs juifs, ici et en Israël, nous, chrétiens, offrons une prière de force et d’encouragement. Sachez que vous n’êtes pas seuls. Des millions de chrétiens se tiennent à vos côtés dans la prière », a déclaré Strong, ce qui lui a valu d’innombrables remerciements de la part des participants. Michael Goldstein, le cousin de Hersh Goldberg-Polin est le dernier à avoir pris la parole lors de l’événement.

« Pendant 100 jours, je n’ai ressenti qu’une fraction de leur douleur, mais je me suis aussi accroché à leur espoir. Au début de l’interview, John a dit que Hersh est un homme qui illumine une pièce. Depuis, je porte cela dans mon cœur », a déclaré Goldstein en brandissant une pancarte à l’effigie de son cousin.

Devant le siège des Nations unies lors d’un rassemblement marquant le 100e jour depuis l’assaut sur le sud d’Israël par le Hamas le 7 octobre, un autre rassenblement  a été marqué par la présence de drapeaux israéliens et américains et par le chant de l’Hatikvah, l’hymne national israélien. Les discours ont évoqué la guerre qu’Israël mène actuellement contre le groupe terroriste palestinien à Gaza. Mais la plupart des orateurs, dont la gouverneure de New York Kathy Hochul et le chef de la majorité au Sénat américain Chuck Schumer, ont axé leurs propos sur le sort des otages.

Outre Hochul et Schumer, un certain nombre de fonctionnaires, de rabbins et de dirigeants d’organisations juives de toute la ville ont participé au rassemblement 

Hochul a déclaré qu’elle avait été dévastée par sa visite à Kfar Aza – l’un des kibboutzim les plus durement touchés par l’attaque du Hamas – peu après le 7 octobre, lorsque les terroristes palestiniens de Gaza ont tué 1 200 personnes – pour la plupart des civils – et en ont enlevé plus de 240. Elle a exprimé son soutien à l’opération militaire israélienne contre le groupe terroriste palestinien et a déploré le manque d’attention portée aux otages dans la sphère publique.

« Pourquoi les gens du monde entier n’exigent-ils pas la libération de ces otages ? », a demandé Hochul. « Où est l’indignation ? Où est la couverture quotidienne de la souffrance des otages et de leurs familles ? »

La foule était composée en grande partie de Juifs américains et comprenait des délégations de lycées juifs locaux. Certains participants ont pleuré et se sont étreints pendant les discours. Le chanteur juif-israélien Shimon Smith a interprété la chanson « Nigmar » (qui signifie « C’est fini » en hébreu) de la star israélienne Idan Amedi, le chanteur et acteur de « Fauda » qui a été gravement blessé lors d’un combat à Gaza cette semaine. Amedi s’est fait connaître en 2010 avec la chanson « Fighters Pain« , qui parle d’un soldat de combat luttant contre le syndrome de stress post-traumatique (TSPT).

Hila Rotem Shoshani, 13 ans,qui a été prise en otage dans le kibboutz Beeri, a imploré la foule de continuer à faire pression pour la libération des otages. Hila a été prise en otage avec sa mère et une amie, et a été libérée lors d’un échange à la fin du mois de novembre qui a permis à plus de 100 otages d’être libérés. Les organisateurs ont indiqué que son discours était le premier prononcé par une ancienne captive israélienne aux États-Unis.

Sur la place Dag Hammarskjöld de Midtown East, des bénévoles ont vendu des sweat-shirts et des bonnets portant l’inscription « Ramenez-les à la maison » afin de récolter des fonds pour le Forum des familles des otages et disparus, l’un des principaux groupes de défense des captifs et l’un des organisateurs de la manifestation, qui a attiré 2 500 personnes, selon les estimations de ces derniers.

Une autre manifestation s’est tenue à la place des rassemblements hebdomadaires devant le domicile du secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, au nom des otages. Ce rassemblement a donné le coup d’envoi d’une série d’événements de soutien aux otages dans toute la ville ce week-end.

Dimanche matin le 14 janvier, 100e jour depuis le 7 octobre, une « Marche des 100 jours » a eu lieu à Central Park. Des militants organisent chaque dimanche des course à pied dans le parc, dans le cadre d’une campagne menée à New York et dans d’autres villes sous le nom de « Run For Their Lives » (« Courir pour leur vie »). Les participants tiennent des photos des otages et portent des rubans jaunes, symbole des captifs. La course de New York commence à Central Park West, au croisement de la 90e rue.

Dimanche aussi, une autre manifestation a eu lieu également pendant la majeure partie de la journée à Washington Square Park. Des musiciens jouent des morceaux sur un piano jaune ouvert au public en l’honneur d’Alon Ohel, un pianiste de 22 ans qui est retenu en otage.

Souhail Ftouh

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