De plus en plus d’entreprises se plaignent de difficultés pour recruter au pays. Des efforts visent l’accélération du recrutement de la main-d’œuvre à l’étranger, notamment au Maroc.

La décision prise par le gouvernement d’interdire l’entrée de la majorité des ouvriers palestiniens en provenance des Territoires, depuis le 7 octobre dernier, pourrait coûter des milliards de shekels par mois à l’économie si elle devait continuer à être mise en vigueur, a annoncé le ministère des Finances.

La demande de main-d’œuvre est forte, plus de 50 % des entreprises y voient dorénavant le principal risque pesant sur leur activité. L’Etat hébreu a convenu avec le Maroc de faire venir plus des travailleurs du Royaume dans les secteurs de la construction et des soins infirmiers.

Les deux Etats ont normalisé leurs relations diplomatiques en décembre 2020 dans le cadre des accords d’Abraham, un processus entre Israël et plusieurs pays arabes soutenu par Washington.

« Nous avons calculé les dommages économiques résultant du fait que les Palestiniens ne se rendent plus à leur travail… et ils sont estimés à approximativement trois milliards de shekels par mois », a commenté un représentant du ministère devant la Commission des Travailleurs étrangers de la Knesset.

Depuis l’attaque meurtrière lancée par le Hamas sur le territoire israélien, le 7 octobre, plus de 150 000 Palestiniens des Territoires qui viennent habituellement travailler sur le territoire sont largement dans l’incapacité de le faire.

Plus de 10 000 travailleurs étrangers – originaires de Thaïlande en particulier – ont fui le pays depuis l’assaut et, selon les médias, Israël aurait besoin de plus de 30 000 ouvriers étrangers de plus pour répondre au besoin de main-d’œuvre, un besoin qui s’est exacerbé suite à la mobilisation de centaines de milliers de réservistes israéliens dans le cadre de la guerre contre le Hamas dans la bande de Gaza.

Il a été annoncé, la semaine dernière, qu’entre 8 000 et 10 000 travailleurs palestiniens des Territoires reprendront leur travail dans les implantations et dans les entreprises israéliennes de Judée-Samarie. Une décision qui a suivi des pressions considérables de la part des usines et des entreprises qui sont en grande difficulté financière à cause de la pénurie de main-d’œuvre.

« Nous sommes dans une situation très critique », a dit Raul Sargo, président de l’Association des constructeurs israéliens, lors de la réunion de la Commission qui a eu lieu lundi. « L’industrie est totalement dans l’impasse ; la production n’est que de 30 %. 50 % des chantiers sont fermés et l’impact s’en ressent sur l’économie et sur le marché du logement israélien ».

Au début du mois de décembre 2023, le cabinet de sécurité avait refusé de voter sur une proposition qui visait à permettre aux ouvriers palestiniens d’entrer en Israël depuis la Cisjordanie. Le Premier ministre Benjamin Netanyahu, qui semblait approuver cette initiative, avait renoncé au vote en raison de désaccords présumés entre les ministres siégeant au cabinet, craignant de ne pas rassembler une majorité suffisante.

« L’État d’Israël doit décider s’il se veut le renfort des mains des Palestiniens ou non », a déclaré le président de la Commission des travailleurs étrangers, Eliyahu Revivo, député élu sous l’étiquette du Likud. « Tant qu’aucune solution ne sera avancée, l’État dépendra encore des ouvriers palestiniens. Le gouvernement traîne sur cette question ».

Moshe Aboutboul, député du Shas et vice-ministre de l’Agriculture, a partagé le même point de vue, établissant qu’il devait y avoir « une décision claire » sur le sujet et ajoutant que, suite aux efforts livrés par le gouvernement pour recruter de la main-d’œuvre à l’étranger, notamment au Maroc « il devrait y avoir trop d’employés, pas une pénurie ».

Dans un contexte de pénurie importante d’ouvriers agricoles pendant la guerre contre le Hamas, le ministère de l’Agriculture s’associe à l’Agence pour l’emploi chercher des travailleurs marocains pour des agriculteurs qui manquent de main-d’œuvre.

En matière de rémunérations, certains secteurs ont commencé à évoluer en augmentant les salaires. Le gouvernement s’est engagé à verser dans le travail agricole 3 000 shekels par mois pour un minimum de deux mois, et 4 000 shekels pour le troisième mois, en plus du salaire qu’ils recevront des agriculteurs.

Dans les fermes situées à proximité de la frontière de Gaza, au sud, et de la frontière libanaise, au nord, où les habitants ont été évacués, le gouvernement doublera le salaire des ouvriers agricoles.

Le directeur-général du ministère de l’Agriculture, Oren Lavi, a déclaré que le secteur agricole israélien, qui comprend environ 2 000 exploitations agricoles, connaît actuellement sa pire crise de main-d’œuvre depuis la création de l’État.

Depuis le début de la guerre entre Israël et le Hamas, à la suite du carnage perpétré par le groupe terroriste palestinien dans le sud d’Israël, le secteur manque cruellement de main-d’œuvre, en raison du danger que représente le travail près des frontières, de l’exode de milliers d’ouvriers étrangers et de la mobilisation massive des réservistes de Tsahal.

Avant la guerre, un peu moins de 30 000 ouvriers agricoles étrangers – pour la plupart originaires de Thaïlande – travaillaient en Israël, dont quelque 5 000 dans des fermes proches de la bande de Gaza, où sont produits 75 % des légumes israéliens.

Le 7 octobre, 32 ouvriers agricoles thaïlandais ont été assassinés et 23 ont été enlevés, selon les chiffres du gouvernement thaïlandais, parmi les plus de 1 400 personnes tuées par les terroristes et au moins 240 otages qui ont été enlevés pour être emmenés dans l’enclave contrôlée par le Hamas.

Depuis lors, le gouvernement thaïlandais a rapatrié par avion environ 8 500 de ses travailleurs, et d’autres ont été déplacés vers des régions plus sûres du pays, comme la vallée du Jourdain et le désert de l’Arava, à l’extrême sud.

Les pénuries ont également été exacerbées par le manque d’ouvriers palestiniens des Territoires et de la bande de Gaza sous restrictions sécuritaires imposées par Israël, qui travaillent normalement à travers le pays, notamment dans le secteur de l’agriculture.

Souhail Ftouh

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