Lana Nusseibeh a défendu, lors du Sommet mondial des Gouvernements à Dubaï, la décision des EAU de maintenir des liens avec Israël. Les relations entre les deux pays se sont renforcées dans tous les domaines.
Peu suivie par les médias arabes, l’ambassadrice des Émirats arabes unis aux Nations unies Lana Nusseibeh a justifié, lundi 13 février 2024 ,que sa décision prise de maintenir ses relations avec Israël malgré ses inquiétudes croissantes face à la guerre menée par l’État juif contre le Hamas, dans la bande de Gaza.
« Grâce à cette coopération, nous disposons d’un hôpital de campagne à Gaza et d’un hôpital maritime qui accoste dans le port d’Al-Arich, en Egypte », a déclaré Nusseibeh, lors du Sommet mondial des Gouvernements à Dubaï, un événement annuel rassemblant des personnalités du monde des affaires et de la politique.
Pour les « habitants de Gaza, ce n’est pas suffisant. Ce dont nous avons besoin, c’est d’un cessez-le-feu humanitaire et d’une solution à deux États », a-t-elle toutefois ajouté.
« L’obtiendrons-nous en discutant avec les personnes qui sont d’accord avec nous ? Non. Nous l’obtiendrons en parlant à ceux qui ne sont pas d’accord avec nous et les Émirats arabes unis seront toujours fiers de le faire », a poursuivi l’ambassadrice.
Lana Nusseibeh a dit qu’il y avait un consensus « très fort », parmi les nations arabes, sur le fait que des avancées en direction de la solution à deux États étaient nécessaires avant toute contribution à la reconstruction de l’enclave côtière, au lendemain de la guerre qui oppose actuellement Israël et les terroristes islamistes du Hamas.
« Nous ne pouvons pas financer et financer encore avant de voir tout ce que nous avons construit être détruit », a-t-elle déclaré devant l’assistance réunie à Dubaï.
« Il doit y avoir des progrès irréversibles vers une solution à deux États pour que les partenaires régionaux s’impliquent dans la reconstruction… et il faut qu’il y ait des garde-fous et des points de référence internationaux ; il faudra aussi que le processus ait le soutien des États-Unis, entre autres acteurs déterminants », a-t-elle ajouté.
Les États du Golfe ont, jusqu’à présent, aidé aux reconstructions entreprises dans la bande au lendemain des conflits précédents.
La majorité des pays arabes ayant pris part à la rencontre ne veulent pas que le Hamas puisse figurer dans le leadership politique de Gaza après la guerre, mais ils pensent que le groupe terroriste parviendra à survivre sous une forme ou une autre et qu’il faudra un certain niveau d’acquiescement de sa part pour mener à bien la reconstruction de Gaza.
À Dubaï pour la conférence de l’ONU sur le climat, en novembre 2023, le président Isaac Herzog a rencontré le dirigeant émirati Mohamed bin Zayed al-Nahyan dans le cadre des efforts déployés par Israël pour obtenir le retour des otages détenus par les terroristes palestiniens du Hamas à Gaza. M. Herzog, dont la fonction en Israël est essentiellement cérémonielle, a indiqué qu’il avait demandé au président des Émirats arabes unis, communément appelé par ses initiales MBZ, d’utiliser tout son « poids diplomatique » pour aider à ramener les otages.
Le dossier nucléaire de l’Iran fait partie des inquiétudes communes d’Israël et de ses partenaires sunnites du Golfe. Les Emirats et Bahreïn ont mené plusieurs manœuvres navales conjointes avec l’Etat hébreu, dans le but d’améliorer ses capacités collectives de sécurité maritime. La République islamique est régulièrement accusée de mener des opérations hostiles dans les eaux du Golfe.
Les accords d’Abraham, qui ont normalisé les liens entre Israël et les EAU et plusieurs autres États arabes, ont établi une nouvelle structure profonde et solide pour les relations diplomatiques et économiques.
Les EAU sont l’un des États arabes à avoir établi des relations diplomatiques avec Israël, ces dernières années, dans le cadre des Accords d’Abraham. Depuis, les Emirats et Israël ont conclu plusieurs accords commerciaux dans l’investissement, l’économie, le commerce et le développement, en particulier dans les domaines de l’agriculture, de la sécurité alimentaire, des énergies renouvelables, des hautes technologies et de la santé, le tourisme, aviation, services financiers etc
La normalisation avec Israël a rompu avec des décennies de consensus arabe excluant l’établissement de liens officiels sans résolution du conflit israélo-palestinien.
Aux Emirats comme à Bahreïn, les critiques contre Israël ne manquent pas mais s’arrêtent souvent aux réseaux sociaux, les condamnations publiques contre les gouvernements étant rares dans ces pays accusés de museler les voix dissidentes.
Souhail Ftouh