Les algorithmes sont mis à contribution dans la recherche médicale. L’IA permet de mener des simulations et de comprendre les évolutions biologiques comme jamais auparavant .Des solutions technologiques sont aussi disponibles pour suivre ainsi à la trace les mouvements de la population.

Des chercheurs israéliens ont développé une méthode afin d’identifier le parcours du coronavirus sur un territoire donné, et de prédire les prochains foyers d’infection. 

Le système, mis au point à l’institut Weizmann en coopération avec des scientifiques de l’université  hébraïque de Jérusalem ainsi que le ministère de la Santé, est basé sur des questionnaires soumis au public, permettant de surveiller le développement des symptômes du coronavirus au sein d’une communauté.

Les données recueillies sont ensuite analysées par des algorithmes et des outils d’intelligence artificielle, de manière à déterminer quels seront les prochains  »clusters » de l’épidémie, et aider les autorités a concentrer leurs efforts en conséquence.  

Un premier test effectué il y a une semaine a bénéficié d’une large collaboration du public, avec près de 60 000 questionnaires remplis.  

Au terme d’une analyse préliminaire de ces données, les chercheurs ont pu relever une augmentation significative des symptômes dans les villes où se sont rendus les patients déjà testés positifs au coronavirus.   

Le ministère de la Santé vient de publier une carte montrant la proportion de foyers en quarantaine dans chaque agglomération de plus de 5 000 habitants, indiquant que grâce à la multiplication des dépistages, il avait désormais une compréhension beaucoup plus claire de la manière dont le virus s’était répandu sur le territoire israélien.

La carte indique que le plus gros foyer d’épidémie se trouve à Efrat dans les Territoires, qui compte 30 cas confirmés de Covid-19, et près de 13 % des foyers de l’implantation juive qui se trouvent en quarantaine.

Cette carte permet d’analyser des données qui pourraient permettre de mieux anticiper, gérer et contrer la pandémie de coronavirus.

Aussi pour l’industrie pharmaceutique, plus la peine aussi de tester manuellement, une par une, les réactions du virus. On prend des millions d’échantillons et la machine identifie une poignée de molécules susceptibles de fonctionner pour un vaccin, par exemple. 

Relier des événements à l’activité en ligne

Grâce à des algorithmes et technologies d’extraction de données médicales qui scannent le web, des chercheurs  avaient identifié des cas de pneumonie inhabituelle. ils  peuvent connaitre l’âge, le genre, la zone géographique et certains événements, comme un achat de sirop contre la toux ou un diagnostic pour une infection respiratoire.

 Les outils d’intelligence artificielle carburent aux données. Ils peuvent passer au peigne fin des textes, des chiffres, des sites internet et des images, et établir des corrélations invisibles à l’œil humain. 

La semaine dernière, des chercheurs et entreprises ont rassemblé plus de 29 000 publications scientifiques sur la COVID-19 grâce à des outils fournis par Kaggle, une plateforme de « machine learning » (apprentissage des machines) appartenant à Google. 

Les autorités peuvent utiliser l’IA pour identifier les signaux en amont, suivre la propagation du virus et ainsi anticiper les besoins des hôpitaux, analyser les études et statistiques disponibles et accélérer la recherche de traitements et d’un éventuel vaccin. 

Encore faut-il disposer des bonnes données, en quantité suffisante, et accessibles en temps réel.  

Des solutions technologiques pour suivre ainsi à la trace les mouvements de la population

Les informations personnelles publiques, et surtout privées, représentent ainsi une manne de ressources à exploiter en cas d’épidémie. Mais leur confidentialité est protégée par la loi. 

En Israël ils se sont beaucoup appuyés sur la géolocalisation des personnes (via les téléphones) et leur système de surveillance. Dans la phase actuelle de confinement, des sociétés aident les gouvernements à suivre la progression de la maladie et à vérifier que la population applique les consignes de « distanciation sociale ».  

Avec des données « anonymisées » de géolocalisation de près de 3 millions de téléphones intelligents , Israël recourt à la surveillance technologique massive pour freiner la pandémie.

Israël a autorisé les services de contre-espionnage à procéder à la surveillance électronique de sa population pour enrayer la propagation du Covid-19. Les outils utilisés sont les mêmes que ceux qui servent à la lutte contre le terrorisme et sont très invasifs pour la vie privée.

Le Shin Beth israélien peut, depuis jeudi 19 mars, utiliser sur la population entière une arme de surveillance technologique de masse destinée à lutter contre le terrorisme.

Le service de renseignement a été autorisé par le gouvernement à suivre à la trace numérique les téléphones de tous les habitants du pays afin de « rendre la procédure d’enquête épidémiologique [sur le Covid-19] plus efficace, et de pouvoir plus facilement contacter les personnes exposées à des individus porteurs du virus », a expliqué le ministère israélien de la Santé.

« Chère Karina, d’après nos données vous avez été en contact rapproché avec un porteur du coronavirus le 6 mars, 2020. Vous devez vous placer en quarantaine jusqu’au 20 mars 2020 afin de protéger vos proches et le public ». Ce message type – posté sur Twitter par la télévision publique israélienne – est envoyé à tous les Israéliens qui se sont trouvés à moins de deux mètres d’une personne contaminée pendant deux minutes ou plus. Environ 400 individus ont déjà été averties grâce à ce dispositif .

Pour suivre ainsi à la trace les mouvements de la population, le Shin Beth accède au téléphone des personnes qui ont été testées positives au Covid-19 en Israël. De carnet d’adresses en carnet d’adresses, le Shin Beth se retrouve ainsi à pouvoir surveiller en temps réel les mouvements de l’intégralité de la population israélienne, souligne le quotidien The Times of Israël. Ce sont des méthodes comparables à celles que les espions israéliens utilisent pour suivre à la trace les suspects d’activités terroristes .

À une différence près. Les programmes de surveillance des activités terroristes doivent être validés par le Parlement israélien et sont placés sous le contrôle des tribunaux. Rien de tel cette fois-ci. 

Outre Israël, Taiwan est le seul autre État à surveiller ainsi ouvertement les téléphones de sa population pour lutter contre la propagation du coronavirus. 

Souhail Ftouh

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