Une alyah accélérée, Israël continue à attirer et connait même une forte augmentation des demandes depuis la méga-attaque terroriste du 7 octobre dernier, marquant une montée sans précédent de plus de 100 % des demandes d’alyah par rapport à la même période en 2022. 

Les olim hadashim prouvent qu’en ces temps difficiles, certains Juifs choisissent encore de venir s’installer en Israël. Ce pic traduit un engagement accru de peupler Israël de la part des Juifs de la Diaspora au cours d’événements historiques difficiles (1).

Les organisations qui les soutiennent disent s’attendre à un afflux d’immigrants prochainement, une fois que la guerre aura pris fin mais que les craintes d’une recrudescence de l’antisémitisme seront encore vives.

Nefesh B’Nefesh a facilité l’alyah pour 384 personnes des États-Unis et du Canada depuis le début de la guerre, principalement pour des personnes qui avaient commencé le processus bien avant le 7 octobre, a indiqué à la JTA la vice-présidente des communications du groupe, Yaël Katsman. Nefesh bNefesh est un groupe qui assume le rôle de l’Agence juive dans les pays anglophones.

De nombreuses personnes qui initient des demandes d’alyah, requises pour les nouveaux immigrants afin d’obtenir une série de prestations, n’aboutissent pas. Mais le président de l’Agence juive, qui facilite l’immigration, a récemment déclaré à une chaîne d’information israélienne qu’il s’attendait à un million d’olim hadashim juifs dans les années à venir – un nombre qui remodèlerait radicalement le pays, qui compte environ 10 millions d’habitants.

Le responsable des relations internationales de l’agence, Yigal Palmor, s’est montré plus circonspect dans ses commentaires à la JTA, mais a également souligné que les signes indiquaient une augmentation des nouveaux immigrants. Un millier de personnes ont déposé une demande en France en octobre et en novembre, selon les données de l’agence, ce qui représente une augmentation de 470 % par rapport aux deux mois précédents.

« Nous avons assisté à une augmentation spectaculaire des demandes d’alyah depuis le début du conflit, notamment en France et aux États-Unis », a affirmé Palmor.

« Nous verrons probablement les résultats dans les mois à venir, mais il est prématuré de prédire les chiffres. »

Le ministre de l’Immigration et de l’Intégration, Ofir Sofer, a déclaré à la JTA que son ministère se préparait à une augmentation de l’immigration en raison de la guerre.

Depuis le 7 octobre, il y a eu « beaucoup d’intérêt [pour l’immigration] de la part des jeunes, des étudiants et des jeunes couples des pays occidentaux, y compris ceux des pays d’Europe occidentale où les gens ne montraient pas beaucoup d’intérêt pour l’immigration dans le passé », a indiqué Sofer.

Les deux principales raisons sont « la montée de l’antisémitisme dans le monde et la solidarité avec Israël ».

L’antisémitisme en Europe et aux États-Unis avait renforcé la volonté de beaucoup de juifs de s’installer pour de bon en Israël. Israël reste l’endroit le plus sûr pour être Juif selon Dganit Sankar-Langa, directrice-générale du ministère de l’Immigration et de l’Intégration.

Un exemple de la famille Bénichou et Bleiweiss

Lorsque Yona et Mikhael Bénichou ont décidé au cours de l’été de quitter leur maison en France pour s’installer en Israël, ils s’étaient fixé comme date butoir un an tout au plus – à temps pour que leur fils aîné, David, âgé de 15 ans, commence ses études en vue des examens d’entrée en Israël.

Mais après l’invasion meurtrière d’Israël par le groupe terroriste palestinien du Hamas le 7 octobre, ils ont accéléré leur projet d’immigration. La goutte d’eau qui a fait déborder le vase, selon Yona Bénichou, est survenue une semaine après l’attaque au cours de laquelle des terroristes ont tué 1 200 personnes – pour la plupart des civils – et pris plus de 240 otages à Gaza, lorsque les membres de sa famille, qui portent des symboles juifs identifiables, se sont faits cracher dessus par un groupe de supporters de rugby alors qu’ils marchaient dans la rue dans leur ville natale de Marseille.

« J’étais en état de choc total, je ne savais pas comment réagir. Beaucoup d’autres personnes ont vu ce qui s’est passé, mais personne n’a essayé de nous aider », a déclaré Yona à la Jewish Telegraphic Agency.

« Les antisémites ont toujours été là. Mais après le 7 octobre, nous avons eu l’impression qu’ils avaient une tribune pour faire ce qu’ils voulaient et que personne – et certainement pas les autorités françaises – ne pouvait les arrêter. »

Les Bénichou ont donc atterri en Israël le 31 octobre, dans un pays encore sous le choc de l’attaque dévastatrice du Hamas contre ses communautés du sud et aux premiers stades d’une guerre épuisante qui a bouleversé la société israélienne.

Ils font partie des plus de 2 600 personnes qui, selon les autorités israéliennes, ont choisi de s’installer en Israël au cours des deux derniers mois malgré la guerre.

Presque tous les olim hadashim – ou nouveaux immigrants – prévoyaient de faire leur alyah depuis un certain temps, mais certains, à l’instar des Bénichou, ont accéléré leur départ.

Les Bénichou se sont adressés à l’International Fellowship of Christians and Juifs, qui a aidé 317 personnes dans leur processus d’alyah depuis le 7 octobre. L’organisation a acheté des billets d’avion pour la famille et a fait don d’environ 2 000 dollars pour couvrir le coût du mobilier du nouvel appartement de la famille dans la ville de Beit Shemesh, au centre d’Israël.

Selon la présidente du groupe, Yaël Eckstein, moins d’olim sont arrivés en Israël depuis le 7 octobre que les autres années, en raison d’une combinaison de vols annulés et de décisions de mettre les plans en attente jusqu’à ce que la situation en termes de sécurité se stabilise. 

Daniel Bleiweiss, 51 ans, a fait son alyah avec son fils Emiliano, 14 ans, cet automne depuis Buenos Aires, en Argentine. Il avait pris cette décision il y a plusieurs années, mais l’avait reportée en raison de la pandémie et des problèmes bureaucratiques liés à l’adoption d’Emiliano, un processus qui a duré des années et qui n’a été résolu qu’en 2019.

Bleiweiss, médecin, avait prévu d’arriver en Israël le 10 octobre avec son épouse Natalia et la fille adolescente de celle-ci, Lucia, issue d’un précédent mariage. La guerre a bouleversé leur plan initial et les vols ont été annulés. Finalement, la famille a décidé que Daniel et Emiliano déménageraient immédiatement, tandis que Natalia et Lucia les rejoindraient plus tard, lorsque les conditions seraient plus stables.

Bleiweiss a cité plusieurs raisons pour expliquer son désir de faire son alyah, notamment la crise économique en Argentine et l’insuffisance des ressources du pays sud-américain pour soutenir son fils, qui a des difficultés d’apprentissage et des problèmes sociaux. Mais comme les autres nouveaux immigrants avec lesquels la JTA s’est entretenue, la principale motivation a été la montée de l’antisémitisme associée à un fort désir de vivre dans la patrie juive, qu’il a décrite comme une « responsabilité historique ».

Bleiweiss a raconté un récent incident lors duquel son épouse avait essayé de s’enregistrer dans un hôtel où elle avait une réservation. L’employé voyant le visa israélien dans son passeport a refusé de l’autoriser à séjourner à l’hôtel, a déclaré Bleiweiss, ajoutant que son épouse avait décidé de ne pas porter plainte. Il a également ajouté que son fils avait été victime de brimades à l’école parce qu’il était Juif.

« C’est douloureux, mais cela renforce notre conviction qu’Israël est l’endroit le plus sûr pour être Juif en ce moment, et c’est peut-être le seul endroit où nous pouvons exprimer notre identité avec fierté et en paix », a-t-il souligné.

Bleiweiss a affirmé qu’une autre raison pour laquelle il ne voulait pas retarder à nouveau son alyah était qu’il se sentait obligé d’être dans l’État Juif en ces temps de détresse.

« Si un ami est en difficulté, il ne faut pas attendre un meilleur moment pour aller le voir », a-t-il expliqué. « C’est à ce moment-là qu’il faut être présent. »

Doron Almog, le président de l’Agence juive, œuvre aux côtés du gouvernement israélien pour promouvoir des programmes d’immigration en Israël et à la faciliter.

Depuis le 10 juillet 2023, les olim hadashim qui obtiennent la citoyenneté israélienne par le biais de la Loi du retour doivent prouver que leur centre de vie se trouve dans l’État juif avant de recevoir leur passeport, mettant ainsi fin à la pratique du passeport à l’arrivée.

La législation a été votée début juin 2023 par la Knesset. Cette loi fait suite à l’afflux d’immigrants russes et ukrainiens en Israël. Les nouveaux arrivants reçoivent désormais un document de transit temporaire, appelé teoudat maavar, jusqu’à ce que l’année soit écoulée.

Souhail Ftouh

(1) Une guerre opposant Israël aux terroristes du Hamas dans la bande de Gaza a éclaté après l’assaut meurtrier qui a été commis par le groupe terroriste, le 7 octobre – des hommes armés avaient tué plus de 1 200 personnes lors de son attaque sans précédent, en majorité des civils, et fait des milliers de blessés. 240 personnes avaient été enlevées et prises en otage au sein de l’enclave côtière. Des familles entières avaient été exécutées – des enfants, des bébés et des personnes âgées – et 364 jeunes avaient été massacrés lors d’une rave-party, entre autres brutalités horribles. Cela fait trois mois que la guerre a commencé – l’État juif a juré d’anéantir le groupe terroriste palestinien tout en rejetant les pressions, à l’international, qui sont favorables à un cessez-le-feu.

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