Le Rav Adin Steinsaltz (Even Israël), l’homme du livre, de l’éducation et des valeurs juives recevra le prix du Président qui sera attribué pour la première fois cette année.

Le prix du Président est décerné par un comité composé du président actuel Shimon Pérès, de l’ancien président Itsakh Navon et de l’ancien président de la Cour suprême Méir Shamgar. Le rav Adin Steinslatz a reçu en 1988 le prix d’Israël pour sa contribution à l’éducation.

Le Rav Adin Steinsaltz est connu à travers le monde pour son édition traduite du Talmud de Babylone. D’abord en hébreu (le Talmud étant majoritairement en araméen), puis en anglais, russe, espagnol et bien sûr français.

Né en 1937 à Jérusalem d’une famille laïque, Adin Steinsaltz avait une passion pour l’éducation. À 24 ans, il a lancé un réseau d’établissements scolaires. On lui doit une soixantaine d’ouvrages sur toutes sortes de sujets, de la cabbale à la théologie en passant par la zoologie, et même des romans policiers.

Il a surtout rendu le Talmud accessible à tous. Avec monumentale traduction en hébreu du 45e volume du Talmud de Babylone, le traité Houlin avec ses commentaires, il a fait une colossale réalisation. En 1988, Le rabbin Adin Steinsaltz reçoit le prix Israël, la plus grande décoration israélienne.

« Le Talmud est un drôle de livre. Je n’en ai jamais rencontré de semblable, et pourtant, je suis un assez bon lecteur », déclare-t-il au Jerusalem Post.

« C’était une création du peuple juif qui, à son tour, a créé le peuple juif. Les membres du peuple juif ne sont pas tous des érudits, et pourtant, le Talmud les a tous influencés d’une manière ou d’une autre. » ajoute-t-il.

Selon Adin Steinsaltz, le Talmud a offert un autre cadeau au monde : la notion d’équilibre. « En tant que livre, cette structure crée la notion d’être sain », explique-t-il, « car elle passe en permanence de l’extrême mysticisme aux détails halachiques très précis. Le judaïsme travaille ainsi, passant de l’un à l’autre en les combinant. »

 » La révolution de Steinsaltz a été de démocratiser l’accès à cette connaissance (…) il est difficile d’imaginer une révolution des études juives semblable à celle que l’on vit depuis quarante ans sans le projet de Steinsaltz « . C’est l’avis de Micah Goodman, auteur du livre (non traduit en français) intitulé The Secrets of the Guide to the Perplexed (Les secrets du Guide des Egarés), professeur de pensée juive à l’Université hébraïque et directeur de la Israeli Academy of Leadership (institut israélien de formation de dirigeants communautaires).

« Pendant des années », explique Goodman, « le Talmud a été un livre inaccessible, écrit dans une langue étrangère et comportant des discussions d’une extrême complexité. La signification sociologique de cette réalité, c’était que seule une élite avait la capacité et le temps de s’y investir, ce qui a créé un monde de connaissances réservées à une élite mais inaccessibles aux autres. Ces traités pouvaient être lus par tous, mais non compris par tous. »

« La révolution de Steinsaltz a étendu le cercle des lecteurs et enrichi le nombre de lectures du Talmud. Résultat : le Talmud tient une place plus grande dans la société israélienne d’aujourd’hui. » ajoute Micah Goodman. (1).

Cela ne surprendra personne d’apprendre que l’achèvement de son commentaire du Talmud ne mettra pas Steinsaltz à la retraite.

« J’ai des projets pour les 70 années à venir », affirme-t-il. « Des livres à écrire, des institutions éducatives à soutenir… »

Tous les efforts déployés par cet homme pour promouvoir l’éducation et les valeurs juives tiennent à son souci profond de l’avenir du peuple juif. L’influence que lui confère sa démocratisation du Talmud rappelle les efforts déployés après-guerre par le mouvement Habad avec l’idée des Shlouchim. Et, de fait, Steinsaltz s’identifie volontiers avec le courant Loubavitch.

« On ne peut pas forcer les gens à faire des choses, mais on peut leur laisser les portes et les routes ouvertes », dit-il.

On rappelle enfin cette belle phrase du Rav Steinsaltz, utile nottament pour les non juifs : « Une société doit demander, chercher et exiger, que chaque individu donne quelque chose de lui-même. De la somme de ses petits dons, il peut se reconstruire entièrement. Si chacun d’entre nous allume une bougie de nos âmes, le monde sera rempli de lumière. »


Ftouh Souhail

(1) Source : Jerusalem Post

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