Ce lundi 16 août a marqué le 97e anniversaire de la naissance de l’ancien Premier ministre israélien Menahem Begin.

Menahem Volfovitz Begin est né en 1913 dans la ville de Brest Litowsk (Brisk), qui se trouvait alors dans le territoire de la Russie tsarist. Dans sa jeunesse, il fut membre du mouvement de « La jeune Garde » (Ha-Shomer Ha-Tzaïr). A l’âge de 16 ans, il se joignit au mouvement du Beitar. Il se révéla déjà alors comme un leader charismatique et comme un brillant orateur. Il fut le commandant de la section du Beitar de sa ville. A la fin de ses études secondaires, il partit pour Varsovie ; là, il continua d’agir dans le cadre du Beitar et commença des études de droit à l’Université de Varsovie.

Dans les années qui suivirent, Menahem Begin consacra l’essentiel de ses efforts et de son énergie à travailler au service du mouvement du Beitar afin d’accroître sa force. Au cours de l’un de ses voyages en Pologne, il rencontra Alisa Arnold qu’il épousa deux années plus tard.

Lorsque les Nazis envahirent la Pologne en 1939, Menahem Begin s’enfuit avec sa femme à Vilnius. Il y créa un cadre pour y accueillir les réfugiés membres du Beitar. Toute la famille de Menahem Bégin périt dans la Shoah, sauf sa soeur qui réussit à survivre et à monter en Israël. Il fut pris par les Soviétiques, fut accusé d’espionnage et fut déporté en Sibérie. En 1941, il fut libéré, se joignit à l’armée polonaise et arriva en Israël en 1942.

Menahem Begin est le premier à exercer la fonction du Premier ministre en Israël au titre du parti du Likoud. Il est aussi artisan de l’accord de paix avec l’Egypte, prix Nobel de la paix et commandant du mouvement Etzel (organisation militaire nationale) à l’époque du mandat britannique.

Menahem Begin se joignit au Etzel et fut nommé son commandant fin 1943. Après la déclaration d’Indépendance de l’Etat Israël, la création de Tsahal et le démembrement des organes de la Résistance, Menahem Begin, avec ses compagnons de Etzel, fonda le mouvement du Hérout (1).

En 1973, Menahem Begin créa le Likoud et en devint le Secrétaire général. Aux élections qui eurent lieu en mai 1977, le Likoud obtint une grande victoire, et ce fut « le coup d’État ». Menahem Begin prêta serment comme premier Ministre. Pour la première fois dans l’histoire de l’État d’Israël, le Mapaï (qui à l’époque s’appelait le parti travailliste) fut écarté du gouvernement et la conduite de l’État passa au camp de la droite.

A la tête du premier gouvernement israélien de droite du 21 juin 1977 au 10 octobre 1983, il a mené à bien les accords de paix avec l’Egypte en organisant notamment le retrait militaire et civil du Sinaï (2).

Menahem Begin devint ainsi le premier leader à signer un accord de paix avec un État arabe. Dans le cadre de l’accord, Israël renonça au Sinaï, démantela des implantations israéliennes et reconnut les droits légitimes des Palestiniens à l’autodétermination. Suite à la dure critique qu’il essuya dans son parti, et la démission de plusieurs membres du mouvement, Menahem Begin déclara : « Les difficultés de la paix valent mieux que les souffrances de la guerre ». Pour l’accord de paix avec l’Egypte, Menahem Begin obtint avec le président de l’Egypte, Anouar el-Sadate, le prix Nobel de la paix en 1978.

Une politique à l’époque inattendue pour un homme considéré comme un « faucon », notamment en raison de son opposition historique à David Ben Gourion et de sa participation active à l’Irgoun, un groupe de résistance juive armé qui combattait durant le mandat britannique.

A côté de succès historiques dans le domaine politique, le premier mandat de Menahem Begin se caractérisa par l’accélération du mouvement d’implantations dans les territoires de Judée et Samarie et dans la bande de Gaza. En juin 1981, peu de jours avant les élections à la dixième Knesset, Menahem Begin ordonna le bombardement de la centrale atomique située à Bagdad en Irak.

Le 5 juin 1982, à la suite de l’escalade à la frontière nord, le gouvernement sous la direction de Menahem Begin décida l’opération « Paix en Galilée » (Shlom ha-Galil).

Officiellement, l’opération était destinée à se rendre maître, pour une durée limitée, d’une zone de sécurité s’étendant jusqu’à quarante kilomètres de la frontière internationale. En fait, l’opération se transforma en une guerre qui dura et qui fit de nombreuses victimes. Le problème de la responsabilité du déroulement de la guerre du Liban donna lieu durant de nombreuses années à un débat public et juridique.

Au fur et à mesure de l’avancement de la guerre du Liban, les critiques et les protestations contre Bégin et son gouvernement augmentèrent. De nombreuses manifestations furent dirigées directement contre lui et eurent lieu face à sa résidence. Il convient en particulier de rappeler le panneau qui se trouvait face à sa maison et sur lequel était mis à jour régulièrement le nombre des victimes de la guerre. L’un des apogées de la rébellion fut atteint après le massacre de Sabra et de Shatila, à la suite duquel eut lieu à Tel-Aviv une manifestation de masse, à laquelle participèrent près de 400 000 personnes.

Une forte pression fut exercée contre Menahem Begin pour obtenir la création d’une commission d’enquête nationale. Menahem Begin, qui voulait se satisfaire d’un examen moins approfondi des événements, fut finalement obligé de se soumettre aux pressions, et le 28 septembre, il ordonna la mise en place d’une commission d’enquête officielle, la commission Cahane.

La commission s’abstint dans ses résultats de faire porter sur Menahem Bégin la responsabilité directe des événements, mais elle fixa que « le manque d’intervention de Begin dans tout cette affaire lui fait porter une certaine part de responsabilité ».
Begin quitte le pouvoir en 1983, déçu des résultats de la guerre du Liban et très affecté par la mort de sa femme (3).

Il est décédé le 9 mars 1992 et est enterré au Mont des Oliviers, à Jérusalem.

Ftouh Souhail , Tunis

(1) Le parti « Hérout » est un parti israélien qui a été fondé en juillet 1948 par les membres du « Etzel ». Son père spirituel est Zéev Jabotinsky. Pendant vingt ans il fut dans l’opposition. A partir de 1965 un grand nombre de ses membres a fait parti du « Gahal », et à partir de 1973, du Likoud. Sa base idéologique était : l’intégrité de la Terre d’Israël (le Grand Israël) et la sainteté de ses frontières historiques, y compris au-delà du Jourdain. Sur le plan social, il prônait la liberté individuelle et une économie libérale.

(2) En novembre 1977, le président de l’Egypte, Anouar el-Sadate, fit une visite historique en Israël. Suite à la visite, commença un processus de paix entre Israël et l’Egypte, dont le sommet fut la réunion de Camp David en 1978. Un accord de paix entre les deux États fut signé une année plus tard.

(3) En août 1983, Menahem Begin annonça sa démission des fonctions de chef du gouvernement : « Je ne peux plus », dit-il. Lors de son annonce, il n’exposa pas les motifs de sa démission ; en conséquence, nombreuses furent les hypothèses : montée constante du nombre des tués et des blessés au Liban, manifestations orageuses contre lui, décès de sa femme, aggravation de son état de santé etc. Depuis sa démission et jusqu’à sa mort, le 9 mars 1992, Menahem Begin se clôtura dans sa maison et ne se montra en public que très rarement

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