bibi et etypo

Parmi les votants appelés aux urnes ce mardi, 17 mars 2015, se trouvent des Israéliens d’origine africaine. Ils sont notamment près de 150.000 originaires d’Éthiopie.

Devant les caméras du monde entier, des milliers de citoyens juifs noirs sont appelés aux urnes en Israël, aujourd’hui, pour  les élections générale de la 20ème Knesset. Les élections législatives en Israël ont un écho mondial.

Leur participation permet de favoriser l’inclusion et l’ouverture au pluralisme et de renforcer le rapprochement interculturel entre tous les Israéliens. Elle permet aussi de démonter au monde extérieur la contribution de cette communauté à l’histoire d’Israël.

En accueillant des milliers de Juifs noirs, Israël s’est imposé comme leader dans la région du proche-Orient. Cette population, qui affiche aujourd’hui la fierté de tout un pays, se réclame du judaïsme bien connu, un peu partout sur le continent africain, en particulier en Afrique australe, centrale et orientale.

La reconnaissance de cet apport concourt à renforcer la capacité d’agir et la fierté des personnes juives issues des communautés noires en Israël.

 Les noirs en Israël expriment souvent un sentiment de fierté unanime envers le pays.

Dans un café branché de Herzliya (une banlieue de Tel-Aviv), Pnina Tamano-Shata, la première femme représentante de la minorité falasha à accéder au Parlement de l’État hébreu dit avec enthousiasme :

« Quand on voit tout ce qu’on est capable de faire Israël,on se rend compte de la chance » fait remarquer Tamano-Shata.

« Nous vivions dans une pauvreté extrême, et notre installation en Israël n’a pas été facile », se souvient cette native du village de Seba, dans la région Oromia, en Éthiopie.

Son immigration en Terre promise date de 1984, l’opération Moïse ayant alors permis le rapatriement clandestin de 8 000 Juifs éthiopiens depuis le Soudan.

« Israël a franchi une étape qu’on pensait impossible, dit-elle. Au-delà du fait qu’on est juifs, le symbole est énorme pour tous les noirs qui vivent en Israël. »

Femme engagée, Tamano-Shata a hérité des gènes de Kais Shato, l’un des grands leaders spirituels de la communauté falasha, dont elle est la petite-fille. Arrivée en Israël à l’âge de trois ans, elle est fière d’avoir fait son service militaire dans l’armée et encore plus fière de siéger à la Knesset. C’est une élue du parti Yesh Atid,(« Il y a un futur »), dirigé par le centriste Yaïr Lapid

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Le militantisme de Tamano-Shata ( en photo) se confirme au fil des années, inspirant son parcours académique. Outre accéder à la tête de l’union des étudiants juifs éthiopiens, elle décroche un diplôme d’avocat. C’est pourtant en tant que journaliste, sur le plateau de la première chaîne de télévision israélienne, qu’elle entame sa carrière, en 2006.

Finalement, Pnina Tamano-Shata a trouvé son équilibre à la Knesset, où elle admet « se sentir à sa place ». Certes, avec ses interminables couloirs sans issue, ses passages secrets et ses sous-sols, le Parlement israélien est encore un labyrinthe pour la jeune députée israélienne. Mais l’intéressée se plaît à passer d’une commission à l’autre, à multiplier les rendez-vous du matin au soir, parfois jusqu’à l’épuisement.

« Je suis là pour faire avancer les choses », affirme-t-elle.

 « C’est certain, on est avant tout le porte-drapeau de sa communauté, de ce qui est cher à notre cœur. Mais du fait de mon vécu, je peux promouvoir l’égalité des chances dans la société israélienne. » ajoute-t-elle.

Depuis 1996, l’accès d’Israéliens d’origine éthiopienne au poste de député n’est plus incongru. Adisou Mesele a ouvert la voie sous l’étiquette du parti travailliste (entre 1996 et 1999).

En 2008, Shlomo Molla (parti Kadima) est devenu le deuxième député d’origine éthiopienne à la Knesset. En 2011, un député de Kadima, Shlomo Molla, a été élu président adjoint de la Knesset et devenu le premier Éthiopien à occuper ce poste à partir de fin octobre de la même année.

 Shlomo Molla

Molla a fait son aliyah depuis la province de Gondar en Éthiopie en 1984, à l’âge de 19 ans. Il a démontré à la société israélienne que les immigrants de quelque pays que ce soit peuvent participer à la construction de l’État d’Israël. Auparavant, il fut à la tête de la division éthiopienne de l’Agence juive et l’un des patrons de l’Organisation juive mondiale.

En février 2012, M. Avidgor Leberman, le ministre des Affaires étrangères, a nommé Belaynesh Zevadia au poste d’ambassadeur d’Israël en Éthiopie. Il s’agit de la première femme d’origine éthiopienne nommée à un tel poste depuis l’indépendance de l’état en 1948.

Belaynesh Zevadia

Belaynesh Zevadia ( en photo) a fait son Alyiah d’Éthiopie lorsqu’elle était jeune fille. Âgée de 17 ans, elle est venue dans le pays où elle a étudié les relations internationales et obtenu un Master en études africaines. Après avoir travaillé pour le ministère des Affaires Étrangères israélien à Chicago et à Houston, elle a été nommée ambassadeur d’Israël à Addis Abeba.

Il s’agit d’un signal fort à l’heure pour la communauté éthiopienne du pays. Zevadia est devenu à 43 ans la première femme d’origine éthiopienne a être nommée à une telle fonction. Elle ne cache pas sa joie aujourd’hui :

« J’ai émigré d’Éthiopie et je suis retourné en tant qu’ambassadeur. C’est une preuve qu’Israël donne sa chance à tous. »

Israël a accueilli et absorbé plus de 3 millions d’Olim, provenant de tous les coins de la terre et de mondes différents. Le pays s’est jeté dans un extraordinaire programme d’intégration en faveur des juifs africains.

Souhail Ftouh 

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