Le Premier ministre israélien Benyamin Netanyahu et le président Tchadien Idriss Deby Itno ont annoncé dimanche la reprise des relations diplomatiques entre les deux pays. »Je suis là pour formellement rétablir nos relations diplomatiques avec le Tchad », a déclaré M. Netanyahu, venu pour seulement quelques heures à N’Djamena, au cours d’un point de presse tenu avec le président tchadien Idris Deby Itno à l’issue de leurs entretiens.

La visite de dimanche 20 janvier 2019  a été qualifiée d' »historique » par le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu. Il y a de quoi: cela faisait plus de quatre décennies que les deux pays avaient suspendu leurs relations diplomatiques. Aucun chef de gouvernement n’avait foulé depuis le sol tchadien.

Une première rencontre de haut niveau entre les deux pays depuis plus de quarante ans. Les relations diplomatiques entre le Tchad et Israël ont en effet été rompues en 1972 dans la foulée de la guerre israélo-arabe de juin 1967.

Les relations entre Israël et le Tchad ont pris un tournant décisif après la chute de dictateur Kadhafi en 2011, car c’était la Libye qui avait fait pression sur N’Djamena pour qu’il s’éloigne d’Israël. Ce sont les bouleversements géopolitiques de ces dernières années qui ont d’ailleurs convaincu Benyamin Netanyahou de tenter de discrets contacts stratégiques avec des pays musulmans confrontés aux mêmes menaces qu’Israël.

« C’est un virage à 180 degrés »

La visite d’Idriss Deby Itno marque également un changement de camp pour le Tchad dont les relations avec les pays arables seront désormais difficiles. C’est ce qu’explique Evariste Ngarlem, enseignant et chercheur à l’université de N’Djamena.

Le président Idriss Déby et le premier ministre israélien ont signé un mémorandum d’entente dans plusieurs domaines de coopération.

La pression des nations africaines musulmanes, accentuée par les guerres israélo-arabes de 1967 et de 1973, ont conduit un certain nombre d’Etats africains à rompre avec l’Etat hébreu.

La République du Tchad a coupé les liens diplomatiques avec Jérusalem en 1972. Près de 15 millions de personnes vivent aujourd’hui au Tchad, dont 55 % sont musulmans. Environ 40 % sont chrétiens.

Mais ces dernières années, Israël a offert des perspectives de coopération dans des domaines allant de la sécurité à la technologie, en passant par l’agriculture, afin de développer ses relations sur le continent africain.

Au cours des deux dernières années, Netanyahu s’est rendu trois fois en Afrique, au Kenya, au Rwanda, en Éthiopie, en Ouganda et au Libéria.

Il fait régulièrement le vœu d’étendre ses liens avec tous les pays du continent, y compris ceux qui n’ont pas de relations diplomatiques avec Israël.

En juillet 2016, la République de Guinée, petit pays d’Afrique de l’Ouest à majorité musulmane, a renoué des relations diplomatiques avec Israël, après avoir coupé ses liens avec l’État juif en 1967. Depuis lors, M. Netanyahu a rencontré des dirigeants d’autres États africains à majorité musulmane, tels que le Mali et la Somalie.

Le Tchad est un État laïc. L’islam, regroupe aujourd’hui un peu plus de la moitié de la population (environ 55 %).

Selon un diplomate israélien, de nombreux pays d’Afrique subsaharienne qui font actuellement face à une poussée de l’islam radical estiment qu’Israël pourrait les aider dans la lutte antiterroriste. De son côté, l’Etat hébreu entend développer les relations commerciales avec l’Afrique et assurer le soutien de nouveaux amis auprès des institutions internationales.

Au Tchad, c’est la lutte contre le terrorisme de Boko Haram et Daech. Ailleurs, c’est la montée en puissance de l’Iran.

Souhail Ftouh

 

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