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Le ministre de l’Énergie et de l’Eau, Silvan Shalom, et le ministre jordanien de l’Eau, Hazem Nasser

De quoi surprendre les plus enragés de la coopération entre l’État juif et ses voisins arabes, Israël et la Jordanie ont décidé de faire front ensemble face à la pénurie d’eau qui frappe la région de la mer Morte.
C’est officiel, les deux pays ont signé à Amman, un accord permettant le pompage de la mer Rouge a destination du lac salé, qui s’étend sur leurs territoires et en Judée Samarie.
Amman et Jérusalem, liés par un traité de paix, ont signé ce 26 février 2015 à la capitale Jordanienne un accord important destiné à lutter contre la pénurie d’eau dans la région par un pompage de la mer Rouge vers la mer Morte.

 

Selon l’agence officielle jordanienne Petra, l’accord porte sur « l’exécution de la première partie » d’une lettre d’intention conclue en décembre 2013 à Washington entre des représentants d’Israël, de Jordanie et de l’Autorité palestinienne pour tenter de sauver la mer Morte.

 

Concrètement, il s’agit de construire un système de pompage dans le golfe d’Aqaba, à la pointe nord de la mer Rouge, afin de collecter quelque 300 millions de mètres cubes d’eau par an.

 

Une partie doit être acheminée par l’intermédiaire de quatre conduits vers la mer Morte, une mer fermée ayant une très haute concentration en sel et qui risque de s’assécher d’ici 2050.

 

Une seconde partie doit être dessalée, et distribuée en Israël et en Jordanie afin de répondre à la pénurie d’eau qui frappe la région. Le projet prévoit aussi de fournir aux Palestiniens 30 millions de mètres cubes d’eau dessalée par an.

 

Pour M. Shalom, qui est ministre de l’Énergie mais également ministre du Développement des ressources naturelles, il s’agit du « plus important projet depuis la conclusion du traité de paix avec la Jordanie » en 1994.

 

« Il couronne une coopération constructive entre Israël et la Jordanie, qui aidera à réhabiliter la mer Morte et à fournir des solutions au problème de l’eau en Jordanie » et dans le sud d’Israël, a-t-il dit.

 

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Le ministre de l’Énergie et de l’Eau, Silvan Shalom, à Ashdod  

 

Le ministre jordanien de l’Eau, Hazem Nasser, cité par Petra, a dit que « La Jordanie va commencer dans les prochaines semaines à préparer les documents en vue de lancer un appel d’offres » pour ces travaux.

Mer Rouge-Mer Morte

Ce canal permettra d’alimenter la Mer Morte qui est menacée d’assèchement depuis plus de quinze ans. En contrepartie la Jordanie bénéficiera d’une arrivée d’eau désalinisée afin de subvenir aux besoins du royaume. Ce projet aura un coût global d’environ 1 milliard de dollars.

 

La Banque mondiale a publié en 2012 une étude penchant vers la faisabilité du projet, mais plusieurs organisations de défense de l’environnement ont déjà mis en garde contre les possibles effets néfastes de l’arrivée d’eau de la mer Rouge sur le fragile écosystème de la mer Morte.

 

Dans un communiqué, l’institution a estimé que le lancement du projet, « sous le contrôle des scientifiques », devrait permettre de mieux comprendre les conséquence d’un mélange des eaux de la Mer Morte et de la Mer Rouge.

 

Un appel d’offres pour réaliser ces travaux va être lancé prochainement, pour un coût estimé à 90 millions de dollars et une durée de trois ans.

Un projet pharaonique qui profite à toute la région

A dire vrai, le projet de transfert Mer Rouge-Mer Morte est littéralement pharaonique.Une première usine doit être installée au bord de la Mer Rouge afin de pomper l’eau. Puis il faudra construire un canal qui acheminera l’eau sur quelque 180 kilomètres jusqu’à la mer Morte.

Avec un différentiel d’altitude de 420 mètres, la pente devrait permettre de donner suffisamment de puissance à l’eau pour faire tourner une centrale électrique qui alimenterait à son tour une usine de désalinisation capable de traiter environ 900 millions de m3 d’eau.

L’eau potable ainsi générée serait destinée pour les deux tiers à la Jordanie et pour un tiers aux Israéliens et aux Palestiniens. Le reste de l’eau du canal, entre 700 et 800 millions de m3, irait se perdre dans la mer Morte… à moins que ne se greffent sur ce plan d’autres projets comme celui défendu par l’ancien président israélien Shimon Pérès, qui souhaitait profiter de la construction du canal pour créer sur son tracé des lacs artificiels permettant de développer des bases touristiques en plein désert du Néguev.

Mer Rouge-Mer Morte 2

 

Le projet devrait permettre à la Jordanie de recevoir 100 millions de mètres cubes d’eau par an, ce qui est miraculeux quand on donnait l’extrême sécheresse de la région. Pour la mer morte, c’est également providentiel car si rien n’est fait, elle sera totalement asséchée d’ici 2050.

Du point de vue de l’environnement, le canal devrait permettre d’éviter un assèchement total de la mer Morte dont le niveau baisse d’un mètre par an, en partie du fait des opérations d’irrigation menées le long du fleuve Jourdain qui l’alimente.

En raison de la faible quantité d’eau qui se déverse dans la mer morte en provenance du Jourdain et en raison du grand nombre de bassins d’évaporation de l’usine de potasse appartenant au groupe Israël Chimicals, le niveau de la mer morte baisse d’environ un mètre chaque année. Le projet consiste a puiser l’eau dans le golf d’Aquaba puis d’envoyer l’eau dans une usine afin de la désaliniser. L’eau qui sortira de l’usine alimentera la ville d’Aquaba et ses alentours. L’eau salée sera envoyée dans la mer morte.

Présenté par ses promoteurs comme une œuvre tout aussi indispensable à la paix, le projet Mer Rouge-Mer Morte est soutenu à la fois par Israël, par l’Autorité Palestinienne et par la Jordanie, qui ont accepté de travailler pacifiquement ensemble à sa réalisation.

En marquant cet événement, nous prenons conscience que la paix est toujours possible, malgré les obstacles qui semblent insurmontables. La détermination du roi Le roi Abdallah II de Jordanie et du Premier ministre israélien Benjamin Netayahu, a prouvé leur volonté d’établir des relations, et d’engager une collaboration pour obtenir une véritable confiance ayant pouvoir de changer l’histoire.

 

Souhail Ftouh

 

 

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Le ministre de l’Énergie et de l’Eau, Silvan Shalom, et le ministre jordanien de l’Eau, Hazem Nasser

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