Un Colloque organisé par la Fraternité d’Abraham « ORIGINES HISTORIQUES DES MONOTHEISMES » sera organisé le Dimanche 14 novembre 2010 de 14h à 18h45 à la Mairie du 6ème arrondissement de Paris, Place Saint Sulpice.
L’événement connaitra la participation de Thomas Römer professeur au Collège de France (chaire des Milieux Bibliques) ; Mireille Hadas-Lebel professeur émérite à la Sorbonne ; Marie Françoise Baslez professeur à la Sorbonne et Dalil Boubakeur recteur de la Grande Mosquée de Paris.
Quelques mots, d’abord, des objectifs fixés il y a 43 ans par les fondateurs de la Fraternité d’Abraham.
Les fondateurs de la Fraternité d’Abraham présentent ainsi leur vocation et les objectifs qu’ils se sont fixés :
« Apportant le témoignage que le monde attend d’eux, des Juifs, des Chrétiens et des Musulmans – dans le respect absolu de leurs religions et confessions – ont décidé de s’unir pour prendre conscience de tout ce qui, depuis Abraham, constitue leur commun patrimoine spirituel et culturel, mais aussi pour travailler ensemble à la réconciliation effective de tous les descendants d’Abraham et pour libérer le monde des méfaits de la haine, des violences fanatiques, des orgueils de la race et du sang, en lui révélant les sources authentiques et divines d’un humanisme fraternel ».
Extrait du manifeste fondateur (1967).
Fraternité d’Abraham c’est donc 43 ans de dialogue interreligieux. Née à la veille de la guerre des six jours, la Fraternité d’Abraham, fondée par l’écrivain juif André Chouraqui, le musulman Si Hamza Boubakeur (père de l’actuel recteur de la Grande mosquée de Paris Dalil Boubakeur) et deux chrétiens, le Père jésuite Michel Riquet et l’homme de Lettres Jacques Nantet, a traversé l’épreuve de cette guerre, et de celles qui ont suivi, sans se défaire, ni même se fissurer.
C’est que ses fondateurs n’étaient pas des militants idéologisés mais des hommes d’esprit : André Chouraqui avait été envoyé à Rome au Concile Vatican II (1962-1965) comme observateur par l’Alliance israélite universelle. Au cours d’un entretien avec le père Danielou naquit l’idée d’une association pour la connaissance mutuelle entre juifs, chrétiens et musulmans, dans le sillage de la déclaration Nostra Aetate (26 octobre 1965), qui avait pour but de favoriser, sans prosélytisme, la compréhension entre chrétiens et juifs.
De retour en France, ces deux personnalités se rendirent donc à la mosquée de Paris. Le recteur Si Hamza Boubakeur adhéra au projet, et c’est ainsi qu’il fut convenu, à la Grande mosquée de Paris en décembre 1965, de créer la Fraternité d’Abraham, qui naquit officiellement le 7 juin 1967.
La figure d’Abraham est fondatrice des trois monothéismes. Abraham représente, incontestablement, le plus fort symbole unificateur des trois religions au seul Dieu Créateur.
Le Manifeste de la Fraternité pose la question : “Partageant la foi d’Abraham en Dieu mais aussi sa bienveillance envers tous les hommes, sa miséricorde et son hospitalité généreuse, pourquoi juifs, chrétiens et musulmans ne travailleraient-ils pas ensemble à construire un monde fraternel ? (…) Ce serait, aussi, la meilleure réponse à ceux qui dénoncent la religion comme un opium du peuple.”
Dans le judaïsme, Abraham triomphe des dix épreuves que Dieu lui a imposées. Par lui, puis par Isaac et Jacob, le peuple juif a scellé l’Alliance avec Yahvé qui lui promet une terre et une descendance innombrable.
L’actualité du patriarche s’exprime largement aujourd’hui, à travers de multiples témoignages de pérennité de cette Alliance. La circoncision, par exemple, ou les prières, celles du Nouvel an juif de Roch Hachana, en particulier, auxquelles je me mêlerai deux ans plus tard dans la Grande Synagogue de Jérusalem. Elles invoquent le Dieu d’Abraham, perpétuant ainsi son rôle fondateur.
Le christianisme reconnaît également Abraham comme l’un des premiers patriarches. Ainsi en témoignent, notamment, Saint Paul, dans son Epître aux Romains, et Saint Luc dans son Evangile. Il incarne, chez les chrétiens, les vertus de foi, d’espérance et de charité. Il symbolise aussi ce que l’iconographie byzantine a appelé « la philoxénie », l’amour manifesté à l’autre, à l’étranger de passage. Cette pratique de l’hospitalité est matérialisée dans l’épisode de Mambré (Hébron), où Abraham reçoit les trois mystérieux voyageurs, sorte de trinité « à qui » il sert un véritable festin, comme en signe annonciateur de la Cène. Aux Chênes de Mambré je prendrai conscience de ce puissant symbole d’unicité : la rencontre avec le sacré, comme si, face à ces trois visiteurs, Abraham se savait en présence du Seigneur, Lui-même.
L’islam qui rapporte la parole divine par Mahomet, descendant d’Ismaël, et donc d’Abraham (Ibrahim en arabe), présente le patriarche comme l’un des prophètes de l’islam. Il lui est attribué, ainsi qu’à son fils Ismaël, l’élévation de la Kaâba à la Mecque, qu’il a dès lors érigé en thème central de la foi islamique. Ces lieux saints voient converger chaque année des millions de pèlerins fidèles à son message. Je m’y prosternerai au cours du pèlerinage du Hadj, dans la Grande Mosquée du Haram à la Mecque, sans différence entre riches et pauvres, invoquant le patriarche, son fils Ismaël et Hagar, la mère de ce dernier. Abraham, dit le Coran, n’était ni juif, ni chrétien, mais le premier vrai croyant, « soumis » à Dieu. (1).
A travers le monde, de nombreuses associations se sont fixées pour objet la défense de l’idée abrahamique, d’unicité et de paix, inscrivant ce prophète en figure emblématique et symbolique de leur mission.
Parmi ces nombreuses associations, nous citerons ici:
* »Fraternité d’Abraham », association internationale fondée depuis plus de 40 ans (1967) à partir de la France :
www.fraternite-dabraham.com
*Abraham Path Initiative, « Le chemin d’Abraham » association internationale sponsorisée par l’Université américaine de Harvard :
www.abrahampath.org
L’Initiative Sur le Chemin d’Abraham est sponsorisée par le Projet de Négociation Globale de l’Université d’Harvard.
Des soutiens et des fonds pour le projet initial ont été apportés par des donateurs privés et des organisations venant du Brésil, d’Italie, de Turquie, d’Israël, de Palestine, du Pakistan et des Etats Unis. Jimmy Carter, Prix Nobel de la Paix, le Daila Lama et d’autres personnalités ont également exprimé leur soutien à un tel projet.
Ftouh Souhail, TUNIS
(1) Extrait : Le Prince de Dieu – René Guitton (Flammarion 2006)
