Le ministère de la Santé israélien a mis à jour la liste des produits cancérigènes pour la première fois depuis 8 ans. Parmi les produits à risque figurent les produits cosmétiques, les lingettes, les traitements hormonaux de la ménopause, le tabagisme passif, les rayons ultra-violets.

Aujourd’hui le marketing vante les qualités de produits cosmétiques aux propriétés toujours plus alléchantes. La tendance actuelle est aux principes actifs issus de plantes, des acides de fruits… pourtant si l’on regarde d’un peu plus près la composition de ces produits cosmétiques, ces fameux principes actifs ne représentent souvent pas plus de 1% et la question de leur efficacité reste encore à prouver (molécule de collagène trop grosse pour pénétrer dans les pores de la peau). Le reste, c’est quoi ? Des excipients, des additifs et c’est là que bien souvent se cachent des molécules aux propriétés beaucoup moins alléchantes, puisqu’il peut s’agir de molécules toxiques, allergènes, cancérigènes…

Certaines molécules, telles que les HAP (hydrocarbures aromatiques polycyliques) ont été récemment interdites puisqu’il a été prouvé qu’elles pénétraient dans la peau et pouvaient provoquer des carcinogenèses (différentes phases de la cancérisation). Mais il existe encore beaucoup de molécules dont l’innocuité n’a pas été prouvée irréfutablement et qui continuent à entrer dans la composition de nos produits cosmétiques.

On retrouve entre autres les parabens dans bon nombre de produits (conservateurs soupçonnés de provoquer des cancers); les BHT et BHA (butylhydroxytoluène, butylhydroxyanisole) toujours utilisés dans les crèmes malgré les polémiques sur leur toxicité et leur potentiel cancérigène ; les EDTA dans les savons qui sont critiques d’un point de vue toxicologique ; les libérateurs de formaldehyde, substance pourtant classée cancérigène.

Un groupe de médecins et de cancérologues en Israel ont aussi mis en cause l’utilisation de produits cosmétiques industriels pour les nouveaux-nés. Distribués gratuitement dans les maternités, ces crèmes, laits pour le corps ou lingettes destinés aux bébés contiendraient des composés toxiques, pouvant causer notamment des cancers.

Selon le ministère de la Santé israélien la liste des composés chimiques contient des parabens, des conservateurs de synthèse qui perturbent les hormones humaines et notamment les oestrogènes. On trouve aussi des phtalates, des dérivés d’un hydrocarbure aromatique. Des expériences ont montré qu’à haute dose, ils réduisent la fertilité, causent des hypertrophies des testicules et peuvent avoir des effets sur le cœur et le foie.

Il faut donc limiter les crèmes, les lingettes et parfums car au long terme un cancer peut survenir chez le nourrisson. Certaines maternités ne veulent plus en distribuer.

Les traitements hormonaux substitutifs (THS) de la ménopause sont aussi classés dans la liste des produits cancérigènes. Bénéfices contestés, risques démontrés… en 2002, la publication d’une étude américaine appelée WHI (pour Women’s Health Initiative) faisait l’effet d’un coup de tonnerre dans le ciel serein des traitements de la ménopause.

Depuis, les résultats de travaux européens puis français, ont incité les autorités de santé, à revoir à la baisse les indications du traitement hormonal de la ménopause.

Les professionnels de la santé en Israel s’appuient sur les résultats d’un certain nombre d’études. Ainsi, les hormones substitutives constituent une prise de risque de prendre un cancer. D’après les données scientifiques actuelles, la prise d’un traitement hormonal de substitution (THS) augmente, de manière modérée mais certaine, le risque de cancer du sein et, dans certaines conditions, de cancer de l’endomètre (corps de l’utérus).

Le risque est d’autant plus élevé que la durée du traitement est longue. Ces données incitent donc aujourd’hui à limiter la prescription et la durée de ces traitements. Ainsi, les autorités de santé en Israel recommandent de n’y recourir que dans les cas où les bénéfices l’emportent sur les risques, c’est-à-dire pour les femmes souffrant de symptômes de la ménopause réduisant considérablement leur qualité de vie. Et ce pour une durée de traitement qui ne doit plus excéder 5 ans. C’est donc une décision qui doit être prise au cas par cas avec son médecin.

Le ministère de la Santé israélien indique aussi que le tabagisme passif est est la cause directe ou un facteur favorisant pour de nombreux types de cancers .La fumée du tabac contient 4 000 substances chimiques différentes, dont 60 substances cancérigènes. Elle est dangereuse pour le fumeur et pour son entourage. Le tabagisme passif a tendance à augmenter différentes pathologies existantes chez les adultes et chez les enfants, et à créer des cancers (cancer du poumon, cancer oto-rhino-laryngologiques), asthmes, infections, etc .Dans les cas d’exposition sur les lieux de travail, l’augmentation du risque est estimée à 17%.

Le tabagisme passif accroît aussi le risque de survenue d’un cancer du poumon d’environ 25 %.Le tabagisme passif est associé à un excès de cancer des sinus de la face.

Chez les sujets exposés au tabagisme passif, le risque de cancer des sinus est multiplié de deux à six fois
S’il règne un large consensus au sein de la communauté médicale sur la corrélation entre tabagisme passif et augmentation du risque d’infarctus du myocarde, le débat actuel porte sur la durée et l’intensité d’exposition à la fumée passive nécessaires pour provoquer cette pathologie. Une étude menée au Japon à l’université d’Osaka a révélé qu’une courte exposition au tabagisme passif suffisait à provoquer chez les non fumeurs en bonne santé une diminution transitoire de la réserve de vélocité du débit sanguin, précurseur d’un phénomène d’athérosclérose qui à long terme accroit le risque d’infarctus et décès d’origine cardio-vasculaire.

En revanche cette exposition n’affectait pas significativement les fumeurs. L’intérêt principal de ce travail est de démontrer que le tabagisme passif, caractérisé par des concentrations de toxiques moindres que le tabagisme actif, pouvait toutefois entrainer des conséquences.

Dans tous les cas le tabac arrive en tête de toutes les causes de cancers, loin devant les autres facteurs : un cancer sur trois est dû au tabagisme. Il constitue en outre la première cause de mortalité évitable .Sans le tabac, 1/4 des décès par cancer pourraient être évités.

Les rayons ultra-violets sont aussi mentionnés dans la liste des produits cancérigènes en Israel. Il est aujourd’hui avéré que la surexposition aux rayons ultraviolets est à l’origine de la grande majorité des cancers de la peau .Le rôle des rayons ultraviolets est d’autant plus préoccupant que la fréquence des cancers de la peau n’a cessé d’augmenter au cours des dernières décennies et que certains d’entre eux, les mélanomes peuvent être très agressifs (1).
Le lien avec les ultraviolets a été mis en évidence pour les deux types de cancers de la peau : les carcinomes et les mélanomes.

Les carcinomes sont les cancers les plus fréquents en Israel mais ils sont en général facilement guérissables. Ils sont le plus souvent liés à des expositions solaires chroniques au cours de la vie. Plus rares, les mélanomes sont les plus graves des cancers de la peau. On estime que 2/3 d’entre eux sont liés à des expositions excessives au soleil, principalement des expositions intermittentes et intenses pendant l’enfance.

Les mélanomes sont de plus en plus fréquents, notamment en raison de l’évolution des habitudes d’exposition au soleil.

Enfin, il est aujourd’hui prouvé que les UV artificiels des appareils de bronzage augmentent eux aussi le risque de cancers de la peau. Loin de préparer la peau au soleil, ils ne font que s’ajouter à la dose d’UV reçus du soleil. En effet, les UVA émis par ces appareils favorisent peu l’épaississement de la peau qui assure une protection naturelle contre les UV. Une étude récente a mis en évidence un risque de mélanome accru de 75% chez les personnes ayant commencé à s’exposer aux UV artificiels avant 30 ans. La fréquentation des cabines de bronzage à des fins esthétiques est donc fortement déconseillée (2).

Ftouh Souhail, TUNIS

(1)Au soleil, nous sommes exposés à deux types de rayons UV : les UVB, responsables des coups de soleil, et les UVA, qui pénètrent la peau plus en profondeur. On sait aujourd’hui que les UVA comme les UVB augmentent le risque de cancers. En atteignant la peau, les doses excessives d’UV agressent les cellules cutanées et peuvent provoquer des dommages irréversibles dans les gènes des cellules exposées.

(2)Une protection solaire efficace est donc indispensable pour réduire la pénétration des rayons UV dans la peau. A cet égard, la crème solaire ne suffit pas et la combinaison d’un ensemble de précautions est nécessaire pour limiter les risques de cancers de la peau : Eviter de s’exposer au soleil au milieu de la journée, entre 12h et 16h ; Rechercher l’ombre dans toutes les activités de plein air en été ; Se couvrir car la protection vestimentaire est celle qui stoppe le mieux les UV ; Renouveler souvent l’application de crème solaire haute protection anti-UVB et UVA ; protéger tout particulièrement les enfants et adolescents

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