Le Pape Benoît XVI recevra le président israélien Shimon Pères dans sa résidence d’été de Castel Gandolfo jeudi, jour de la reprise des négociations directes israélo-palestiniennes à Washington, a-t-on appris auprès du Vatican.
La rencontre est prévue en fin de matinée, a précisé le porte-parole du Vatican, le père Federico Lombardi, à l’AFP sans donner d’indications sur la teneur de leur entretien. Ce sera l’un des premiers rendez-vous officiels du Pape après la pause estivale.
Israël et le Vatican ont fêté le 15 juin dernier les 22 ans des relations officielles. Cet accord établit des relations diplomatiques complètes entre l’Etat d’Israël et le Saint-Siège, incluant un échange d’ambassadeurs.
La signature de cet accord fondamental de 1993 est intervenue près d’un demi siècle après la naissance de l’Etat hébreu.
Le chemin vers la reconnaissance de l’Etat d’Israël par le Vatican a connu deux étapes déterminantes marquées par deux papes qui laisseront ainsi une empreinte majeure dans l’histoire de l’Eglise catholique.
Il y eut d’abord le concile de Vatican II et la déclaration de Nostra Aetate initiés par Jean XXIII (1). Puis quelques trente années plus tard, les négociations entre Israéliens et Palestiniens aboutissant aux accords d’Oslo offrirent au pape Jean Paul II l’occasion de donner le feu vert pour signer l’accord fondamental.
Le texte, qui va permettre « l’établissement de relations diplomatiques pleines et entières » commence par ses mots : « Attentifs au caractère singulier et à la signification universelle de la Terre Sainte, Conscient de la nature unique de l’amitié entre l’Eglise et le Peuple juif, du processus historique de réconciliation, de la croissance dans la compréhension mutuelle et l’amitié entre les catholiques et les juifs » …
L’allocution faite à cette occasion par Yossi Beilin, vice-ministre des Affaires étrangères d’Israël, souligne en quelques mots, l’importance de ce document. « L’Accord, que nous signons aujourd’hui est signé entre un petit Etat et un autre encore plus petit. Mais son impact s’étend au-delà de ses frontières géographiques pour toucher les cœurs de millions de juifs et de plus d’un milliard de chrétiens à travers le monde. (…) Derrière cet Accord, il y a des milliers d’années d’histoire, remplies de haine, de peur et d’ignorance – et quelques ilôts de compréhension, de coopération et de dialogue. Derrière cet Accord, il y a très peu d’années de lumière, et trop d’années d’obscurité. (…) Cet Accord constitue une victoire de la raison, pour le peuple juif et pour l’Etat d’Israël. » (2)
Ftouh Souhail
(1) Nostra Aetate, ce texte de 1965, marque un changement majeur de l’Eglise catholique à l’égard des juifs en mettant fin à la théorie du peuple juif déïcide. « Nostra Aetate a constitué un tremplin pour le dialogue interreligieux, mais aussi pour les relations entre les deux pays » confiait Tsvi Tal directeur des affaires religieuses au ministère des affaires étrangères alors que l’Etat d’Israël fêtait dignement le quarantième anniversaire de Nostra Aetate.
(2) Extraits du livre Chrétiens en Terre Sainte – Disparition ou mutation ?, chap. 6. Israël et le Vatican : « Nos frères aînés ».
