Béji Caïd Essebsi fait campagne pour rétablir le «prestige» de l’Etat après quatre années mouvementées.
C’est rare que les personnalités juives tunisiennes s’expriment ouvertement dans la politique intérieure de ce pays arabo-musulman. Néanmoins, cette fois la règle n’ a pas été respectée. Et pour cause; c’est une étape majeure de la transition démocratique qui se joue ce dimanche, 21 décembre 2014, avec le deuxième tour de l’élection présidentielle.
Mr René Trabelsi, membre éminent de la communauté juive de Djerba, a appelé ses coreligionnaires tunisiens à voter pour le candidat laïque, Béji Caïd Essebsi, chef de Nida Tounes «l’Appel de Tunisie» sorti vainqueur des législatives d’octobre 2014.
Le processus électoral en Tunisie a débuté avec les législatives du 26 octobre dernier suivi par le premier tour de la présidentielle le 23 novembre 2014 .
Deux candidats participent à la course présidentielle, le président sortant Mr Moncef Marzouki, le candidat des islamistes et Mr Caïd Essebsi, le chef du parti laïque tunisien, qui s’inspire de l’héritage du président tunisien Habib Bourguiba. Cet homme avait fait de la Tunisie le pays le moins islamisé et le plus proche des occidentaux.
Mr Trabelsi a fait part de sa position ainsi que de celle des juifs tunisiens au sujet du second tour de la présidentielle du 21 décembre 2014.
Il a ajouté, que les juifs tunisiens sont libres de choisir celui qui les représentera tout en insistant qu’il faut cesser de diviser les Tunisiens entre juifs et musulmans.
Il a cependant estimé que voter pour le candidat des laïques sera utile pour la Tunisie et pour l’avenir des Tunisiens.
Mr René Trabelsi, membre éminent de la communauté de Djerba
Pour sa part, Mr Roger Bismuth, président de la Communauté juive de Tunisie estime, lui aussi, que les présidentielles iront « logiquement » à Essebssi, qui, a-t-il expliqué, « a longuement travaillé pour la Tunisie et qui a beaucoup de contacts et de relations qui lui permettront de mieux travailler ».
Mr Bismuth, cofondateur de la Chambre de commerce tuniso-américaine, indique que le parti islamiste Ennahdha, deuxième lors des élections législatives, « pourra constituer un complément en faisant partie du prochain gouvernement et cela servira la stabilité du pays ».
Mr Roger Bismuth, président de la Communauté Juive en Tunisie
La composition du prochain gouvernement tunisien (6ème post-14 janvier 2011) sera annoncée officiellement le 15 janvier 2015.
Interrogé pour savoir s’il est intéressé par le ministère du tourisme, Mr René Trabelsi a indiqué que ce poste reviendra à la personne la plus qualifiée et la meilleure, ajoutant que ce serait pour lui un motif de grande fierté si le parti politique laïque tunisien présente sa candidature.
L’actuelle ministre du Tourisme, Madame Amel Karboul, a fait l’objet de nombreuses attaques de la part des islamistes à cause d’une biographie publiée sur son site internet faisant état de visite en Israël, dans le cadre de son travail. Néanmoins l’actuel chef du gouvernement provisoire, Mr Mehdi Jomâa, avait refusé sa démission qu’elle avait présentée le 29 janvier 2014. Pour se sortir de cette crise elle avait toutefois vilipendé Israël.
Même si la classe politique tunisienne est restée profondément anti-israélienne, le parti laïque «l’Appel de Tunisie» comporte quelques rares dirigeants pragmatiques qui veulent en finir avec le gel des échanges commerciaux ainsi que les flux touristiques entre les deux pays. Théoriquement rien, aucune loi ne l’empêche.
Le comité constitutif du parti de Nida Tounes comporte déjà Madame Selma Elloumi, une femme d’affaires, trésorière du parti, et qui a visité déjà l’Etat Hébreu. Cette visite, qui datait de quelques années, s’inscrivait dans le cadre d’une délégation d’hommes d’affaires tunisiens.
Tunis n’a pas eu de relations diplomatiques avec Jérusalem depuis 2000.
Souhail Ftouh


