Demain , le 14 novembre 2010, s’ouvrira à Paris un Colloque organisé par la Fraternité d’Abraham « ORIGINES HISTORIQUES DES MONOTHEISMES » organisé à la Mairie du 6ème arrondissement de Paris, Place Saint Sulpice.

L’événement connaitra la participation de Thomas Römer professeur au Collège de France (chaire des Milieux Bibliques) ; Mireille Hadas-Lebel professeur émérite à la Sorbonne ; Marie Françoise Baslez professeur à la Sorbonne et Dalil Boubakeur recteur de la Grande Mosquée de Paris.

La Fraternité d’Abraham a été l’une des conséquences de la présentation à Rome, en septembre 1965, du document sur les relations de l’Eglise avec les religions non chrétiennes, promulgué par le Concile Vatican II (document appelé « Nostra Aetate » pour la partie concernant les relations avec le judaïsme). Le dialogue interreligieux était inexistant jusque-là .Seule existait l’Amitié judéo-chrétienne de France, fondée en 1948 à l’initiative de l’historien Jules Isaac afin de lutter contre les sources religieuses de l’antisémitisme chrétien. Grâce à Vatican II, il devenait possible et souhaitable de dialoguer, dans une attitude de respect mutuel, pour se connaître enfin.

La Fraternité d’Abraham a, en France, la première association permettant de s’informer sur le contenu de chacune des trois religions abrahamiques : judaïsme, christianisme et islam. La parole a pu être donnée tour à tour, depuis, à des représentants qualifiés de ces courants spirituels, sur tel et tel sujet choisi annuellement, dans un respect réciproque. Une revue revue trimestrielle, « Fraternité d’Abraham », publie tous les exposés et débats de ses rencontres.

Il faut souligner le rôle qu’a joué l’écrivain André Chouraqui qui, à l’époque habitait déjà à Jérusalem.
Délégué permanent de l’Alliance Israélite universelle alors présidée par André Cassin, prix Nobel de la paix, il avait été envoyé par ce dernier à Rome pour assister aux conclusions du Concile. Il conçut avec le père Danielou, futur cardinal, le projet d’une association ayant pour but la diffusion d’une connaissance réciproque entre le judaïsme et le christianisme, en y associant l’islam, sans prosélytisme ni syncrétisme.

Cette idée reçut le soutien des plus hautes autorités religieuses de l’époque, comme le Grand Rabbin rabbin de France Jacob Kaplan, le Cardinal Feltin, le Président de la Fédération Protestante de France, Jean Corvoisier, Si Hamza Boubakeur, Recteur de la Mosquée de Paris, (père de l’actuel recteur, le docteur Dalil Boubakeur), et de nombreux membres de la Curie romaine.

Voici un extrait du manifeste fondateur, adopté très courageusement … le 7 juin 1967, en pleine Guerre des Six Jours, alors que tout dialogue paraissait impossible entre Juifs et Musulmans !

« Apportant le témoignage que le monde attend d’eux, des Juifs, des Chrétiens et des Musulmans – dans le respect absolu de leurs religions et confessions – ont décidé de s’unir pour prendre conscience de tout ce qui, depuis Abraham, constitue leur commun patrimoine spirituel et culturel, mais aussi pour travailler ensemble à la réconciliation effective de tous les descendants d’Abraham et pour libérer le monde des méfaits de la haine, des violences fanatiques, des orgueils de la race et du sang, en lui révélant les sources authentiques et divines d’un humanisme fraternel ».

Abraham est en effet une figure de la Torah ou Ancien Testament, celui qui a épargné son fils Isaac sur l’autel, et aussi une figure de L’islam. Celui qui a épargné son fils… Ismaël. Peu importe qui il a vraiment épargné : les fondateurs de la Fraternité d’Abraham voient dans ce récit commun un ciment à leur entente et non une source de conflit. Nul besoin en effet de se disputer l’héritage d’Abraham, figure unificatrice de l’humanité : Abraham, celui qui a osé marchander avec Dieu pour épargner les villes décadentes de Sodome et Gomorrhe, nous enseigne en effet que même devant Dieu, nous sommes tous solidaires par notre condition de vulnérables êtres humains.

Il n’est pas étonnant que la Fraternité se soit développée en France qui, à la fois « fille aînée de l’Eglise » et modèle de laïcité dans le monde, offre un espace de dialogue interreligieux unique. L’un des thèmes favoris des conférences mensuelles de la Fraternité est d’ailleurs le rapport entre religions abrahamiques et laïcité, un rapport plus étroit et fécond qu’il n’y paraît, peut-être l’une des clés des problèmes du Moyen-Orient. Échantillon des thèmes de réflexion abordés lors de ces colloques : “Athéisme et Fraternité d’Abraham”, “Dimensions de l’espérance dans le judaïsme, le christianisme et l’islam”, “Les religions abrahamiques à l’épreuve de la modernité”, “Le scandale du mal : réponses du judaïsme, du christianisme et de l’islam” ; “Rôle et situation de la femme dans les trois religions”.

Les plus hautes autorités religieuses de France de l’époque ont soutenu l’initiative en acceptant de constituer le premier Comité de patronage : le Grand rabbin de France Jacob Kaplan, le président de la Fédération protestante de France Jean Corvoisier, le cardinal Feltin, le président de la Cultuelle musulmane de France Chérif Lakhdari. D’autres ont suivi. Tous des hommes d’esprit et de paix reconnus – mais aussi critiqués au sein de leurs religions respectives – pour leur ouverture.

Ftouh Souhail, Tunis

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FRATERNITE D’ABRAHAM
B.P. 231.08
F-75364 PARIS CEDEX 08

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