
Le Natan Sharansky, président sortant de l’Agence juive et célèbre dissident soviétique et activiste des droits de l’Homme, recevra le prix Israël pour la promotion de l’alyah (immigration en Israël) et pour le travail accompli avec la communauté juive de la Diaspora.
C’est le ministre de l’Education, Naftali Bennett, qui annonce cette nouvelle et félicite Sharansky.
« Sharansky est l’histoire d’Israël. Anatoly Sharansky a été prisonnier de Sion dans une prison soviétique pendant presque une décennie », a déclaré Bennett, se référant à Sharansky par son nom russe. « Il est devenu un symbole pour tous ceux qui sont en prison pour avoir voulu vivre en tant que Juifs libres et fiers et qui ont espéré vivre en Israël. »
Sharansky a déclaré dans un communiqué que le prix s’adressait également à sa femme, à tous les prisonniers de Sion et à tous ceux qui ont travaillé à leur libération.
« C’est un grand honneur et une grande responsabilité », a-t-il déclaré. « Ce prix va également à Avital, à tous les militants de l’alyah et à tous les prisonniers de Sion en Union soviétique qui se sont battus vaillamment pour le droit d’immigrer en Israël. Il va également à l’ensemble du peuple juif, qui a soutenu la lutte des refuzniks pour la liberté. »
Il a également fait l’éloge de l’Etat d’Israël en tant que foyer pour tous les Juifs.
« Le rassemblement des exilés se poursuit – l’alyah d’aujourd’hui est une alyah de libre choix : Israël est le meilleur endroit pour se réaliser en tant que Juif et pour avoir un impact sur l’avenir du peuple juif », a-t-il dit. « Nous devons tout faire pour qu’Israël demeure un foyer pour tous les Juifs du monde. »
Ce grand Monsieur a fait de l’Etat d’Israël le cœur de la conscience de la Diaspora. Il a installé une nouvelle politique qui prône des expériences visant à renforcer l’identité de la jeunesse d’Israël et de la Diaspora. L’organisation a en effet toujours œuvré au renforcement de la nation et de l’Aliya. Israël reste le cœur de la programmation de l’agenda de cette organisation sioniste qui mobilise le peuple juif pour soutenir l’un Etat israélien.
Un militant sioniste courageux pour les droits de l’Homme dans les milieux Juifs soviétiques.
Sharansky est né en 1948 à Donetsk, en Ukraine. En 1973, il s’est vu refuser un visa de sortie pour Israël et est devenu un militant du mouvement des droits de l’homme en URSS. Il travaille comme interprète pour le physicien dissident Andreï Sakharov. Il est l’un des fondateurs et porte-parole du mouvement juif refuznik ( refus, rejet) aussi connu sous le nom de groupe Youri Orlov, le physicien et dissident soviétique.
Un grand nombre de Juifs soviétiques introduisirent des demandes de visas d’émigration pour quitter l’Union soviétique, en particulier après la guerre des Six Jours en 1967. Pendant la guerre froide, les Juifs soviétiques étaient considérés comme un risque de sécurité ou comme des traîtres potentiels. Certains étaient arrêtés, ou punis par d’autres voies, pour avoir osé exprimer le désir de quitter le pays pour l’Ouest, ce qui était ipso facto considéré comme une confirmation des soupçons quant à leur manque de loyauté.
L’un des fondateurs en 1976 du mouvement refuznik, pour défendre les Juifs soviétiques et son porte-parole, était Natan Sharansky.
En 1977, il a été accusé de collaboration avec la CIA et condamné à 13 ans de travaux forcés. Il a été libéré en 1986 suite à une vague de pression internationale et a immigré en Israël. Une voie publique de Paris a reçu le nom d’allée des Refuzniks en 1986 pour honorer les refuzniks de l’URSS.
L’arrivée au pouvoir de Mikhaïl Gorbatchev dans l’Union soviétique du milieu des années 1980 et sa politique de glasnost et de perestroïka, de même que le désir d’entretenir de meilleures relations avec l’Ouest, amenèrent des changements considérables. La plupart des refuzniks furent alors autorisés à émigrer.
De 1996 à 2005, Sharansky a été député et ministre dans plusieurs gouvernements en Israel.
En 2009, il est devenu le président de l’Agence juive pour Israël, poste qu’il quittera dans trois mois. Au début du mois, il a reçu les honneurs du Premier ministre Benjamin Netanyahu et de l’ancien président américain George W. Bush pour son service « pour le peuple juif, [pour] la démocratie, pour l’Etat juif ».
Bennett a expliqué comment Sharansky avait trouvé l’inspiration grâce au livre biblique des Psaumes alors qu’il était emprisonné en URSS.
« Avant d’être emprisonné, sa femme Avital lui a donné un livre des Psaumes. Il lui a été confisqué quand il était emprisonné », a déclaré Bennett.
« Il a affirmé que lorsque les Soviétiques étaient sur le point de le relâcher et alors qu’ils refusaient de lui rendre le livre, il s’est allongé dans la neige et a refusé de monter à bord de l’avion jusqu’à ce qu’ils le lui rendent. Natan a raconté l’espoir et l’inspiration qu’il a tirés de ces psaumes dans les jours les plus sombres. »
Des députés de l’ensemble du spectre politique ont félicité Sharansky pour ce prix, y compris un ancien prisonnier de Sion, le président de la Knesset, Yuli Edelstein.
Le président Reuven Rivlin a déclaré qu’Israël avait la chance de compter Sharansky parmi ses citoyens.
« Félicitations au lauréat du prix Israël, mon cher ami Natan Sharansky », a-t-il tweeté. « Vous avez parcouru un long et émouvant voyage, du prisonnier de Sion que vous étiez, symbole de la lutte pour la liberté, au député et ancien ministre, jusqu’à devenir aujourd’hui président de l’Agence juive. Cher Natan, nous sommes bénis de vous compter parmi nous. »
Sharansky rejoint les autres lauréats de cette année : l’ancien ministre des Affaires étrangères David Levy (pour l’ensemble de son travail), l’éducatrice Miriam Peretz (pour avoir renforcé l’esprit juif-israélien) ; Yehuda et Yehudit Bronicki, fondateurs d’Ormat Industries ; Gil Shwed, PDG de la société israélienne de cybersécurité Check Point Software Technologies (technologie et innovation) ; David Grossman (littérature) ; Sergiu Hart (économie) ; Shlomo Havlin (physique) ; Alex Lubotzky (mathématiques et informatique) ; Yitzhak Schlesinger (psychologie) ; Ron Ben-Yishai (journalisme) ; Elisha Qimron (études juives) et Edwin Seroussi (musique).
Sharansky et les autres lauréatsse verront officiellement décerner le prix Israël lors des célébrations du 70e anniversaire de l’Indépendance, le 19 avril.
Souhail Ftouh