Le géant de la tech effectue une avancée majeure dans le domaine de la cybersécurité en acquérant la start-up israélienne pour un montant faramineux. Wiz s’est démarqué en concevant un modèle axé sur l’utilisation du cloud.
C’est de très loin la plus importante acquisition jamais réalisée par Google et sa maison mère Alphabet. Le géant américain va racheter, pour 32 milliards de dollars, la start-up Wiz, spécialisée dans la cybersécurité, axe important de l’accélération du groupe dans la sécurité informatique, considérée comme un marché en croissance.
Cette prise de contrôle devrait être finalisée en 2026.Cette folle transaction devrait bénéficier aux employés de la start-up israélienne. Google devrait verser un milliard de dollars sous forme de primes pour garantir le maintien de tous les salariés après la vente. Ce qui représenterait, en moyenne, plus de 588 000 dollars par employé.
L’intégration de Wiz à Google est à même d’ « accélérer la capacité des entreprises à renforcer leur sécurité, tout en abaissant leurs coûts, et favoriser l’adoption de l’informatique à distance » (cloud computing), a déclaré le patron de Google, Sundar Pichai, lors d’une conférence téléphonique.
Wiz est le leader sur le marché de la CNAPP (une solution de sécurité conçue pour protéger les applications déployées dans des environnements clouds natifs), un marché assez nouveau mais très prometteur.
Cofondateurs israéliens
Wiz a été lancé en 2020 par quatre Israéliens, dont Assaf Rappaport, ancien du service de renseignement informatique de Tsahal. Une origine qui met en avant la force de la « cyber-nation » israélienne, qui compte aujourd’hui de nombreux fondateurs de mastodontes du secteur aujourd’hui installés aux États-Unis, comme Palo Alto Network ou encore Sentinel One.
Auparavant, les co-fondateurs de Wiz avaient déjà créé une première société, Adallom, dédiée à la sécurisation informatique des logiciels à distance (SaaS), des programmes utilisés par les entreprises via le cloud. En 2015, ils avaient revendu Adallom pour 320 millions de dollars à Microsoft. Ce dernier poussait, tout comme Google, les feux dans le cloud et entendait muscler son dispositif de cybersécurité. Avec Wiz, ils concluent désormais une vente bien plus importante. L’entreprise aux 1700 salariés compte déjà parmi ses utilisateurs près de la moitié des sociétés du Fortune 100, qui regroupe les 100 plus grandes entreprises américaines
Utilisation du cloud et IA
Wiz s’est démarqué en concevant un modèle de sécurité informatique axé sur l’utilisation du cloud. Il équipe aujourd’hui la moitié des 500 plus grandes entreprises américaines. « Notre mission est d’aider toutes les sociétés à sécuriser tout ce qu’ils réalisent et font tourner dans le cloud, quel que soit ce cloud », a dit Assaf Rappaport lors de la conférence téléphonique. « La migration vers le cloud a transformé la façon dont les logiciels sont conçus. »
L’application, devenue « référence en cybersécurité » permet, depuis un central, de « superviser ses différentes instances Cloud. Ainsi, vous regardez avec un œil extérieur votre cloud et surveillez sa sécurité », explique au Parisien Benoît Grunenwald, expert en cybersécurité chez Eset. Selon lui, la force de Wiz « ne réside pas uniquement dans la protection des applications ou des environnements Google, mais dans la largeur de son panel de supervision ». Le spécialiste voit donc, dans cette acquisition, « l’aboutissement du virage du cloud ».
Thomas Kurian, patron du cloud chez Google, a évoqué les nouveaux modèles d’IA générative, sur lesquels sont bâtis des assistants comme ChatGPT ou Gemini, logés dans le cloud et susceptibles de faire l’objet d’attaques informatiques. Il a aussi mentionné le danger potentiel que pouvaient représenter certains modèles en cas de détournement et d’utilisation à des fins de piraterie informatique. Wiz pourrait ainsi permettre à Google de sécuriser son propre produit, Gemini.
Wiz avait déjà été approché par Google l’an passé, mais le conseil d’administration avait refusé l’offre, estimée par plusieurs médias américains à 23 milliards de dollars. Dans un message interne adressé aux employés de la société dont le siège est à New York, le directeur général et co-fondateur Assaf Rappaport, avait indiqué que le groupe préférait se préparer à une introduction en Bourse.
Après ce revers, Google est revenu à la charge, remontant sensiblement son offre. Le géant californien n’a pas hésité à mettre sur la table le double de la valorisation qu’affichait Wiz lors d’une récente vente d’actions, fin 2024. Wiz a atteint 500 millions de dollars de chiffre d’affaires récurrent (ARR) l’an dernier et prévoit de dépasser le milliard en 2025.
Souhail Ftouh