Le 29 juin 2015 se tenait à l’Hôtel de Ville de Paris la soirée des Fondateurs du Centre Européen du Judaïsme, “lieu de vie, symbole d’espoir” pour Joël Mergui, Président du Consistoire de France. Centre à la longue gestation, appartenant au Consistoire, lieu pluraliste, cultuel et culturel qui ouvrira ses portes en 2017 dans le XVIIème arrondissement de Paris. L’aboutissement d’un rêve et d’une intuition pour Murielle Gordon Schor qui accompagne le projet depuis dix-sept ans. Placée sous le patronage du Président de la République, la soirée a rassemblé autour des Fondateurs près de quatre cents personnes dont des ministres, des élus, des personnalités de la communauté juive.

L’aboutissement d’un projet né il y a dix-sept ans

L’idée encore floue de Centre Européen du Judaïsme – CJE- germait voici dix-sept ans avec la possibilité de faire allouer au Consistoire un terrain de la Ville de Paris dans le XVIIème arrondissement de Paris. Murielle Schor, à la fois élue de cet arrondissement, aujourd’hui adjoint au maire, et administratrice au Consistoire eut alors l’intuition de l’importance que revêtait un tel projet car il n’existait pas de lieu comme celui-là. Elle s’est employée depuis à contribuer à sa réalisation avec passion et ténacité, en dépit des années qui passaient, et c’est avec émotion et une grande joie qu’elle parle de ce dîner très réussi des Fondateurs qui s’est tenu le 29 juin dernier dans les salons de l’Hôtel de Ville où les recevait le Maire de Paris, Anne Hidalgo. Il s’agit d’une réalisation phare que tous les maires de la capitale ont soutenu depuis qu’est née la possibilité d’avoir un terrain s’y prêtant lorsque Jean Tibéri était Maire de Paris.

Une soirée brillante, dit Murielle Schor, à la hauteur des enjeux pour cette “maison de tous les Juifs”, ceux qui font partie d’une communauté mais aussi ceux qui veulent se rapprocher de leurs racines, avec sur 4.900 mètres carrés, des salles d’activités, de cours, d’expositions, des salles modulables, un théâtre, une synagogue, un mikvé, une bibliothèque, une médiathèque, un jardin.Un tiers sera consacré à la culture, dit-elle, il pourra y avoir des mariages, des fêtes et un volet important sera proposé à la jeunesse. Pour un coût de dix millions d’Euros. Une réalisation pour laquelle a beaucoup œuvré Daniel Vaniche, administrateur et Vice-Président du Consistoire et Président de sa Commission des Travaux, architecte de profession et Ingénieur Polytechnique.

 La maquette du Centre CJE

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Un lieu de vie, symbole d’espoir pour Joël Mergui, Président du Consistoire

Le projet a été porté avec détermination et conviction par Joël Mergui, Président du Consistoire Central depuis 2008, réélu en 2012, également Président du Consistoire de Paris de 2006 à fin 2010 puis de juin 2010 à ce jour. Projet d’autant plus essentiel qu’il se concrétise aujourd’hui sur fond d’une montée d’un antisémitisme que l’on n’avait vu depuis la seconde guerre mondiale, ni en France ni en Europe. Une situation apparue dans les années 2000 qui s’est fortement détériorée ces derniers temps. Avec, en corollaire, une augmentation de l’alyah.

Ce sont donc ces réflexions que livre Joël Mergui à l’occasion du lancement de la construction du CEJ qu’il qualifie de “lieu de vie, symbole d’espoir” :

“ Ce que le nazisme n’a pas réussi, l’islamisme radical n’y parviendra pas non plus, les Juifs ne disparaîtront pas d’Europe. Nous, Juifs français – qui représentons la plus importante communauté juive d’Europe -, voulons croire en l’avenir d’un Judaïsme européen bimillénaire. Nous y croyons d’autant plus que le sort de la France et de l’Europe ne nous sont pas étrangers. Depuis 2000 ans d’histoire commune, nous avons contribué à forger – dans la joie et au-delà des drames – la fabuleuse destinée européenne, avec une passion jamais démentie. Les liens que nous avons tissés, les solidarités que nous avons entretenues, les découvertes et les valeurs que nous avons partagées, comme le sang versé durant toutes les guerres, sont autant de preuves de notre indiscutable appartenance européenne. En réponse à ceux qui, hier comme aujourd’hui, veulent réécrire notre histoire et tracer notre destin, nous resterons nous-mêmes : des Juifs citoyens ayant foi en l’avenir et célébrant la vie. L’espérance et la confiance sont la marque des peuples libres, des peuples capables de prendre d’assaut la Bastille pour faire émerger les Droits de l’Homme, de faire naître l’Union européenne du chaos de la guerre, ou de faire pousser des oranges dans le désert comme des start up dans la langue de la Bible. S’ils sont la marque des peuples libres c’est parce que ces derniers sont tous porteurs d’un vrai message universel où il est possible à chacun de vivre en paix. Cet espoir et cette foi en l’avenir, contre ceux qui voudraient nous y voir renoncer, la communauté juive française a voulu les matérialiser par la construction du vaste Centre Européen du Judaïsme, dont les travaux viennent de débuter dans le 17e arrondissement de Paris, la capitale-phare qui abrite la plus importante communauté juive d’Europe”.

Réfléxions qui traduisent la mesure de l’inquiétude actuelle des citoyens juifs en France…

Le Président Hollande allait dans le même sens que le Président du Consistoire en recevant Moshe Kantor à l’Élysée ce jour-là pour le décorer de l’Ordre national du mérite.

Le Times of Israel rapporte que François Hollande, évoquant le CEJ, déclarait :« C’est la meilleure réponse pour ceux qui pensent que l’avenir des Juifs de France est ailleurs. Les Juifs français méritent de vivre ici, de rester ici, et être sûrs et en sécurité ».

Selon ce média, Kantor remerciait “Hollande pour les mesures prises pour protéger les Juifs de France, y compris l’attribution de dizaines de millions d’euros à la sécurité” espérant, par ailleurs, que « le gouvernement français soutiendra et même dirigera la nomination d’un envoyé spécial de l’Union européenne ainsi que la création d’un groupe de travail sur l’antisémitisme au niveau européen comme cela est fait si bien en France »

Un autre regard sur le monde juif, une identité forte et une citoyenneté engagée

Joël Mergui livrait également un autre volet de ses réflexions en précisant que “conçu, réfléchi, débattu et élaboré depuis dix ans au sein du Consistoire, ce projet ambitieux veut répondre à ce qui apparaît comme un besoin primordial de la communauté juive en ce début de 21ème siècle : construire pour agir, construire pour renforcer, construire pour rassembler, construire pour transmettre et construire pour résister”. Ajoutant que le CJE sera un “lieu de vie, de culture et de culte, pôle de savoirs, de transmissions et de créations, ouvert à tous et sécurisé, ce centre unique en Europe a pour vocation d’apporter un autre regard sur le monde juif, de dissiper les préjugés, de donner à voir et à penser une identité juive plurielle, réunissant toutes les composantes de notre communauté. Que celui qui est juif en pousse un jour la porte, trouve d’autres questions en réponse à ses questions, découvre son héritage spirituel vieux de milliers de générations de Juifs qui l’ont transmis jusqu’à lui, jusqu’à nous, pour qu’à notre tour – tous responsables individuellement et collectivement d’un trésor miraculeux parvenu du fond des âges, du fond des âmes, des souffrances et des joies -, nous puissions nous inscrire dans la longue chaîne de vie et d’espoir du Peuple Juif et la transmettre à nos enfants qui la transmettront à leur tour à leurs petits-enfants”.

Pour conclure, Joël Mergui disait sa volonté de voir que le CJE “ montre dans le paysage parisien, français et européen qu’une identité forte fonde une vraie citoyenneté engagée”.

 

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De nombreuses personnalités

Placée sous le Haut patronage du Président de la République, la soirée du 29 juin réunisssait les Fondateurs dont les noms seront gravés sur un mur de pierres de Jérusalem, les ministres Bernard Cazeneuve, Christiane Taubira et Harlem Désir, l’un des Fondateurs, le Président du Congrès juif européen, Moshe Kantor, Jonathan Arkush, Président du Board of Deputies of British Jews, le Président du Consistoire, ses administrateurs, des membres de la communauté juive plurielle dont des rabbins, des présidents de communautés ou des personnalités comme Anne Sinclair, Maurice Lévy on Enrico Macias.

Parmi les élus, Brigitte Kuster, Maire du XVIIème arrondissement de Paris, “qui a beaucoup aidé à faire avancer le projet”, note Murielle Gordon Schor, Maire qui se félicite aujourd’hui de voir “la réalisation d’un centre culturel et cultuel juif” dans son arrondissement, “à côté du Conservatoire de Musique”. Un arrondissement à l’Ouest de Paris où vit désormais une importante population juive.

Hélène Keller-Lind

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