Le Premier ministre Yair Lapid a rejeté la semaine derniere les modifications demandées par le Liban au projet d’accord sur la frontière maritime. Le projet d’accord sur la frontière maritime avec Israël est à un stade décisif.

Le Premier ministre Yaïr Lapid a été informé des changements significatifs que le Liban cherche à apporter à l’accord et a demandé à son équipe de négociateurs de les rejeter. Le Liban a remis sa réponse à une proposition américaine pour régler son litige sur la frontière maritime avec Israël, qui devrait permettre aux deux pays d’aller de l’avant dans l’exploitation d’importants gisements gaziers en Méditerranée orientale.

Les dirigeants libanais s’étaient réunis pour élaborer une réponse unifiée à la proposition des Etats-Unis, dont le contenu n’a pas été rendu public, et se sont dits confiants de parvenir rapidement à un accord, faisant écho à un optimisme similaire ces derniers jours de la part de l’Etat hébreu.

Selon des responsables israéliens, l’accord prévoit que le gisement offshore de Karish demeure en Israël et que les réserves de Cana soient octroyées au Liban mais que l’Etat hébreu touche une partie des revenus d’exploitation gazière.

Israël, qui n’a pas détaillé les amendements libanais lui posant problème, maintient qu’il exploitera le gisement de Karish, et ce même en l’absence d’accord sur sa frontière maritime avec le Liban et en dépit de menaces en ce sens du Hezbollah.

Le différend maritime porte sur quelque 860 kilomètres carrés de la mer Méditerranée, où se trouvent des champs gaziers offshore.

Israël irait de l’avant et extrairait le gaz de Karish, avec ou sans accord sur la frontière maritime avec le Liban.

« Israël va produire du gaz du gisement de Karish dès qu’il est possible de le faire. Si le Hezbollah ou quiconque tente d’endommager Karish ou nous menace, les négociations sur la frontière maritime vont cesser immédiatement », a déclaré un haut responsable israélien.

Lapid a également souligné qu’il ne ferait aucun compromis sur les intérêts économiques et sécuritaires d’Israël, même si cela signifiait qu’il n’y aurait pas d’accord à court terme.

Le responsable a également mis en garde le groupe terroriste du Hezbollah, basé au Liban, contre toute tentative de frapper le champ gazier offshore de Karish ou de menacer Israël, en déclarant que les pourparlers « prendraient fin définitivement, et que [le chef du groupe terroriste] Hassan Nasrallah devra expliquer aux civils libanais pourquoi ils n’ont pas de plateformes gazières ni d’avenir économique ».

Le chef du Likud, Benjamin Netanyahu est un virulent opposant à cet accord, négocié sous les auspices des États-Unis, qu’il qualifie de reddition au groupe terroriste du Hezbollah. Cherchant à revenir à la tête du gouvernement israélien, Netanyahu avait accusé Lapid de « donner » un « territoire souverain d’Israël » au Hezbollah libanais, ennemi juré de l’Etat hébreu.

Position du Liban

Le quotidien pro-Hezbollah Al-Akhbar a rapporté que Beyrouth n’était pas d’accord pour reconnaître la frontière marquée par une ligne de bouées – que Jérusalem a placée unilatéralement à cinq kilomètres de la côte de la ville septentrionale de Rosh Hanikra en 2000 – en guise de frontière internationale. Selon l’article, Beyrouth s’oppose également à l’idée de délimiter une frontière terrestre dans le cadre de l’accord et insiste pour que cette question soit réservée lors de discussions avec les Nations unies.

En outre, Beyrouth souhaite que la société française Total Energy travaille avec le Liban indépendamment de sa collaboration avec Israël, ce qui s’oppose probablement à la compensation qu’Israël recevrait des sociétés énergétiques en échange de l’abandon des droits sur le champ gazier offshore de Qana.

Enfin, le Liban se serait opposé à une proposition de cérémonie de signature aux côtés de responsables israéliens dans la ville libanaise de Naqoura. Au lieu de cela, les responsables ont rétorqué qu’un accord devrait être signé avec des fonctionnaires des deux parties dans des pièces séparées, étant donné qu’Israël et le Liban n’ont pas de relations diplomatiques et sont techniquement en guerre.

Bien que tous les détails de l’accord n’aient pas été rendus publics dans leur intégralité, des diplomates connaissant bien le dossier affirment que la proposition reconnaît la frontière israélienne marquée par une ligne de bouées, et qu’ensuite, la frontière suivra le bord sud de la zone contestée connue sous le nom de ligne 23.

L’accord permettrait au Liban de bénéficier des avantages économiques de la zone située au nord de la ligne 23, y compris le champ gazier de Qana, tandis qu’Israël resterait maître du champ gazier de Karish.

Le Liban affirme que le champ gazier de Karish se trouve en territoire contesté, tandis qu’Israël affirme qu’il se trouve dans ses eaux économiques internationalement reconnues.

Au cours du week-end, le conseiller principal des États-Unis pour la sécurité énergétique, Amos Hochstein, a présenté ce qui était considéré comme la proposition finale visant à régler les différentes revendications sur les champs gaziers offshore en mer Méditerranée, qui semblait initialement avoir été favorablement accueillies par les deux parties.

 L’accord avec Israël permettrait d’éviter une guerre au Moyen-Orient.

Souhail Ftouh

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