Le 17 mars 2015 se tiendront des élections législatives anticipées en Israël.
Alors que le pays est en majorité laïc, les grands partis politiques devront, encore une fois, faire négocier des alliances avec des partis politiques orthodoxes de plus en plus exigeants. Ces derniers vont parfois jusqu’à exiger au nouveau chef du Cabinet l’augmentation du nombre de ministères afin de satisfaire toutes les ambitions ministérielles. Certains israéliens s’inquiètent de la part de plus en plus importante prise les partis religieux orthodoxes dans les instances dirigeantes.
Selon les derniers sondages, l’addition Likoud et Habayit Hayehudi ne remportera pas plus que trente-neuf sièges. A cette alliance incontournable on peut ajouter les dix ou onze sièges généralement acquis par les partis arabes qui demeureront, quoi qu’il en soit, dans l’opposition. Sur les cent-vingt élus, il n’en reste donc plus que soixante-dix qui autoriserait une coalition majoritaire.
Pour former une prochaine majorité, Mr Netanyahu a indiqué qu’il souhaitait renouer son alliance avec les partis ultra-orthodoxes, actuellement dans l’opposition mais qu’il considère comme ses alliés naturels. Car à priori, les sondages ne prévoient pas le nombre de sièges espérés par Netanyahu, 33/35 aux dernières estimations. Il sera donc contraint de procéder à des alliances avec des partis religieux.
De même Mr Naftali Benett, le chef du parti Habayit Hayehudi (Foyer juif), ne voit pas aussi de possibilité de former un gouvernement sans les orthodoxes.
Après les dernières élections, de janvier 2013, son alliance avec Yaïr Lapid ministre démissionnaire et chef du parti Yesh Atid (il y a un avenir) avait laissé les orthodoxes dans l’opposition. Il y’ a quelques jours, il avait même accusé son ancien partenaire Yaïr Lapid « de s’en être pris au public orthodoxe ».
Un autre problème est aussi à noter en Israël à ce propos est que les partis religieux iront aux élections, de mars 2015, en ordre dispersé. Les électeurs auront le choix entre plusieurs listes qui couvrent tout le spectre politique de la droite vers la gauche. La nouvelle liste de Yshaï, Chetboun, Ben-Ari, et Marzel, à l’extrême-droite, la liste des sionistes religieux de Naftali Bennett à droite, la liste des orthodoxes ashkénazes centre droite et enfin la liste des orthodoxes séfarades du Shass de tendance à gauche.
Il y a seulement deux partis religieux qui ont décidé de réunir leurs listes en une seule mais de ne pas fusionner les partis ; c’est le parti Ihoud Leumi qui s’est joint à la liste Habayit Hayehudi.
L’Ihoud Leumi de Uri Ariel est une alliance de droite nationaliste, qui se composait en 2009 de quatre partis : Moledet, Hatikva, Eretz Israël Shelanu et Tkuma.
Habayit Hayehudi est l’ancien parti national religieux sioniste dont la direction avait été confiée en 2013 à un jeune du high-tech, Naftali Bennett. À la suite des primaires du parti, il avait pris la tête d’une liste avec une équipe chargée d’insuffler un nouvel esprit sinon une nouvelle doctrine au parti. C’est un parti proche des habitants des implantations et il s’est fait adouber par les francophones d’Israël, orphelins d’un leader charismatique. Déjà le parti HaBayit Hayehudi a laissé partir le député Yoni Chetboun, d’origine tunisienne, qui n’aura aucune chance d’être réélu en 2015 en raison d’une décision du leader de la formation Naftali Bennett de le placer au bas de sa liste.
De toute façon en choisissant des alliés aussi instables, qui moyennent leur participation au prix fort et qui quitteront au pied levé la coalition pour un simple refus de subvention ou par volonté conservatrice de maintenir les aspects religieux de certaines lois régissant le code civil ou l’armée, aussi bien le Likoud que Habayit Hayehudi savent pertinemment qu’un nouveau gouvernement israélien risque d’être un cabinet de transition et à durée de vie limitée. A moins d’un changement du système électoral supprime la proportionnelle intégrale, de nouvelles élections stériles interviendront avant 2019.
La Knesset a voté sa dissolution le 8 décembre 2014 après seulement 671 jours d’existence, moins de la moitié du mandat de la Knesset. Les nouvelles élections auront lieu le 17 Mars 2015.
Les Israéliens doivent, normalement, renouveler leur parlement, la Knesset, tous les quatre ans mais il est rare que la Knesset arrive à son terme. Celle dont Benyamin Netanyahu avait provoquer la dissolution, n’a pas duré deux ans.
Les dernières élections ont eu lieu en janvier 2013, elles avaient permis l’entrée à la Knesset de nouveaux députés, dont beaucoup étaient issus de la société civile et dont c’était le premier mandat. Netanyahu avait alors pris la tête d’une coalition qui comprenait 68 députés sur 120, dont 43 situés à la droite et à l’extrême droite de l’échiquier politique et 25 au centre.
Nombreux parmi les Israéliens qui rêvent de voir des gouvernements plus stables à Jérusalem et que la nuisance des petits partis soit éliminés de la gouvernance. Ils souhaitent aussi une réforme qui permettra qu’un le futur premier ministre puisse s’appuyer sur une coalition solide avec une neutralisation des petits partis.
Une coalition solide et stable est la seule capable de conférer au gouvernement israélien une stabilité de quatre années et bien sûr une capacité de réformes. Actuellement le poids des petits partis orthodoxes mine la situation politique en Israël.
L’israélien moyen rêve enfin de voir un gouvernent capable de s’attaquer aux exemptions dont bénéficient les religieux et les ultraorthodoxes, dispensés de service militaire, et dont les familles nombreuses ne payent généralement pas d’impôts tout en bénéficiant d’aides sociales et d’écoles religieuses subventionnées.
Souhail Ftouh