Si Moody’s Investors Service a maintenu intacte la cote de crédit d’Israël du pays à A1, citant « la forte croissance économique et l’amélioration de la solidité budgétaire », pour S&P, la note d’Israël reste à AA- et les prévisions sont  »stables », ce qui ne constitue aucune modification du statut précédent d’Israël pour cette agence de notation.

Les économistes étaient divisés sur cette décision. Certains estimaient que l’instabilité politique qui règne en Israël depuis quelques mois allaient conduire à une révision à la baisse des prévisions de S&P, d’autres ont jugé qu’il fallait attendre le résultat des négociations autour de la réforme judiciaire pour prendre une telle décision.

Selon le quotidien économique Calcalist, Netanyahu a été fortement impliqué dans des discussions avec les représentants de S&P de manière à garantir que l’agence maintiendrait la note stable d’Israël. Le Premier ministre aurait assuré aux économistes de S&P que la réforme judiciaire ne serait pas appliquée sous sa forme originale.

La firme dont le siège est à New York a évoqué « l’économie résiliente, la balance forte des paiements et un niveau modéré de dette publique »

Le Premier ministre Benjamin Netanyahu et le ministre des Finances ont salué la décision prise par S&P (Standard & Poor’s) de conserver la note de crédit d’Israël inchangée – AA. « La préservation de la note de crédit positive d’Israël au cours d’une période de défi économique dans le monde est un vote de confiance dans nos politiques économiques actuelles », ont déclaré dans un communiqué conjoint Netanyahu et Smotrich.

La firme a exhorté le gouvernement à trouver une forme de consensus sur le plan de refonte judiciaire, qui autoriserait l’économie à « retrouver sa moyenne annuelle de 3,5 % à partir de 2024 avec le soutien d’une performance forte dans le secteur diversifié des hautes technologies israéliennes ».

Notons que selon le Fonds monétaire international, la croissance israélienne sera de 2.5% cette année.


Le rapport initial du Fonds monétaire international (FMI) sur le pays a été présenté au ministre des Finances, Bezalel Smotrich, et au gouverneur de la Banque d’Israël, Amir Yaron. Le rapport annuel détaillé du FMI sera publié ultérieurement.


Le FMI a félicité Israël pour sa reprise « remarquable » après la pandémie de coronavirus de 2022, qui, selon lui, repose sur des fondamentaux solides propulsés par une industrie de haute technologie « dynamique ».

« Le rapport dette publique/PIB est tombé rapidement aux niveaux pré-COVID, les réserves internationales sont abondantes, la position extérieure est solide et le secteur bancaire dispose de réserves de capital et de liquidités adéquates », a noté le FMI.

Commentant le rapport du FMI, Yaron a noté que le rapport « indique les conditions économiques de base robustes de l’économie israélienne, parallèlement aux défis auxquels elle est confrontée, ainsi que la gamme de mesures politiques vitales mises en œuvre par la Banque d’Israël pour éradiquer l’inflation et maintenir la stabilité et l’avancement de l’économie israélienne ».

Le rapport du FMI fait l’éloge d’Israël pour sa gestion budgétaire « prudente » et recommande que la politique monétaire reste stricte car l’inflation oscille toujours autour de 5 % et est supérieure à la fourchette cible du gouvernement, qui se situe entre 1 % et 3 %.

« La politique budgétaire doit préserver les marges de manœuvre budgétaires tout en augmentant les dépenses propices à la croissance », a déclaré le FMI. « L’orientation budgétaire semble adéquate pour préserver les réserves, mais un espace budgétaire supplémentaire est nécessaire pour stimuler la croissance potentielle et réduire les inégalités. »

Le FMI a recommandé de nouvelles réformes de l’éducation et des investissements supplémentaires dans les infrastructures afin de réduire les embouteillages et d’améliorer l’accès à l’emploi, ce qui, selon lui, pourrait stimuler la croissance du PIB et réduire les inégalités.

L’étude du FMI sur l’économie israélienne a précédé la mise à jour de la cote de crédit du pays par Standard & Poor’s. À la suite de son dernier examen en novembre 2022, S&P a maintenu la note favorable d’Israël à AA- avec une perspective « stable », citant l’économie riche et résiliente du pays.

« Comme dans n’importe quel pays, le maintien de la force de l’État de droit serait important pour le succès économique », est-il écrit dans le rapport.

Le Premier ministre Benjamin Netanyahu et le président Isaac Herzog, qui organise des négociations de compromis sur la réforme, se seraient entretenus ces derniers jours avec de hauts responsables de S&P, pour tenter de rassurer l’agence sur le fait que la législation liée à la réforme du système judiciaire israélien a été mise en pause pour parvenir à des accords globaux et qu’elle ne sera pas avancée dans son format original, a rapporté Calcalist.

Il n’y a pas de changement attendu dans les perspectives de notation d’Israël car la législation sur la réforme judiciaire est maintenant gelée depuis un mois et demi et les politiciens, y compris le Premier ministre, ont indiqué qu’ils ne prendraient pas de mesures unilatérales

Les économistes de la Banque Hapoalim s’attendent à ce que la mise à jour de la notation souveraine du pays par S&P se concentre sur les risques macroéconomiques et la situation fiscale, et moins sur les préoccupations liées à la réforme du système judiciaire.

Hapoalim prévoit une croissance économique nulle au cours des prochains trimestres, avec la possibilité d’une contraction du PIB israélien. Les économistes ont cité une baisse des exportations de biens au premier trimestre et de l’activité dans le secteur high tech, ainsi qu’un ralentissement de la consommation privée et une baisse des mises en chantier.

Le secteur technologique israélien a longtemps été présenté comme le principal moteur de la croissance économique du pays, représentant 50 % des exportations totales et générant environ 15 % du PIB en 2022.

« Le déclin du secteur de la haute technologie n’est peut-être pas propre à Israël, mais la part élevée du PIB de l’industrie pèse désormais sur la croissance économique », ont écrit les économistes d’Hapoalim dans un rapport récent. « Contrairement à Moody’s, il est raisonnable de penser que S&P notera également les risques économiques et la détérioration de la situation budgétaire (…) elle pourrait accorder moins d’importance au risque de la réforme judiciaire, au vu des négociations en cours. »

Le chef du département des budgets du ministère des Finances Yogev Gardos et le comptable général du ministère, Yali Rothenberg ont souligné que la stabilité continue de la note de crédit élevée est « la preuve de la résilience de l’économie israélienne, même en ces jours d’incertitude mondiale et d’inflation« .

« Le maintien de la cohérence et de la responsabilité fiscale tout en poursuivant la tendance à la baisse du ratio dette/PIB soutient la notation du pays. La division du Comptable général continuera à mener une politique responsable de gestion de la dette publique », ont-t-ils ajouté. 

Souhail Ftouh

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