L’Algérie, la Tunisie et le Liban ne pourront pas bénéficier des Fonds régionale de l’Agritech à cause de leur position contre Israël. Cette initiative de 5 ans mettra l’accent sur les ressources en eau et la technologie « intelligente face au climat ».
La vice-présidente des États-Unis, Kamala Harris, a annoncé une nouvelle initiative conjointe sur cinq ans entre les États-Unis et Israël, dans laquelle chaque pays investira jusqu’à 35 millions de dollars « pour soutenir une agriculture intelligente face au climat grâce à des technologies innovantes et à l’amélioration du captage, du stockage, de l’utilisation et de la protection des ressources en eau essentielles au Moyen-Orient et en Afrique ».
« Les options pour la programmation d’impact incluront potentiellement l’utilisation de ces technologies en collaboration avec des partenaires tels que le Negev Forum et les participants à I2U2, l’expansion de technologies ou techniques existantes, l’accès accru à certains outils technologiques ou applications, ainsi que des investissements dans la formation, l’assistance technique et l’éducation », a déclaré un responsable de la Maison Blanche.
Harris s’est exprimé devant des journalistes avant sa réunion privée avec Herzog.
La vice-présidente a souligné le « lien indestructible » entre les deux pays et l’engagement « inébranlable » de l’Amérique envers la sécurité d’Israël. Elle a également déclaré que contrer l’Iran était la « priorité absolue » et qu’elle a discuté de cette question avec Herzog.
Le responsable de la Maison Blanche a déclaré que Harris a abordé lors de sa réunion avec Herzog « la crise climatique et la sécurité alimentaire, les menaces posées par l’Iran, la normalisation d’Israël avec les pays de la région, les questions palestiniennes, y compris la sécurité en Cisjordanie, la lutte contre l’antisémitisme et le renforcement de nos démocraties et institutions démocratiques ».
Harris et Herzog se sont entretenus quatre fois au téléphone depuis l’entrée en fonction du président israélien en 2021.
Herzog, qui s’est exprimé après Harris, a rappelé avoir accueilli la vice-présidente en Israël en 2017, alors qu’elle était sénatrice américaine, et avoir prédit qu’elle gravirait les échelons de la politique américaine.
« Je suis si heureux d’avoir eu raison », a dit Herzog en souriant.
Dans ses remarques durant la réunion avec Harris, Herzog a également souligné son soutien à la coopération régionale et mondiale pour lutter contre le changement climatique, notant ses propres efforts pour rassembler des Israéliens de tout l’éventail politique afin de lutter contre le phénomène.Il s’est concentré sur le potentiel de coopération entre les pays pour la région et le monde.
« Travaillons ensemble pour le bien de l’humanité et bien sûr, des relations solides entre les États-Unis et Israël », a-t-il déclaré.
Les caucuses du Sénat et de la Chambre des Accords d’Abraham ont rencontré Herzog après son discours au Congrès. Dirigé par le démocrate Jacky Rosen du Nevada et James Langford de l’Oklahoma, le groupe bipartite a célébré le 75e anniversaire d’Israël et la croissance des Accords d’Abraham.
« Pendant 75 ans, le soutien des États-Unis à Israël a été – et continuera d’être – ferme, inébranlable et bipartite », ont déclaré les membres dans une déclaration. « Aujourd’hui, nous sommes fiers de nous réunir, au-delà des lignes partisanes, pour rencontrer le président Herzog et réaffirmer le lien indestructible et l’amitié entre nos deux nations. »
Les caucuses du Sénat et de la Chambre des Accords d’Abraham, le groupe bipartite, a dit que Israël compte de plus en plus d’alliés au sein de l’organisation régionale de la Ligue arabe. Et que seuls les pays signataires des Accords d’Abraham pourront bénéficier des Fonds régionale de l’Agritech.
Les accords d’Abraham, une rupture au sein de la Ligue arabe
Au grand regret des défenseurs de la cause palestinienne, l’État d’Israël qui fut alors reconnu que par une minorité de pays de l’organisation régionale a réalisé une grande percée regionale.
L’Égypte, au lendemain des accords de Camp David en 1978, et la Jordanie, en 1994, sont les seuls États à avoir franchi le pas de la reconnaissance de l’État hébreu. En 1988, l’OLP de Yasser Arafat reconnait le « droit à l’existence » d’Israël. L’autorité palestinienne est membre de la Ligue arabe.
Un peu plus de trois ans plus tard, les Émirats arabes unis, le Maroc, le Soudan et Bahreïn, quatre pays membres de l’organisation régionale ont normalisé leur relation avec Israël en 2020 dans le cadre d’une série d’accords, dits d’Abraham.
Le 13 août 2020, en effet, Israël et les Émirats annoncent avoir conclu un accord qui fait de cette monarchie du Golfe le troisième pays arabe à reconnaître l’État hébreu. L’Autorité palestinienne de Mahmoud Abbas qualifie l’accord de « trahison », le règlement du conflit israélo-palestinien ayant jusque-là été considéré comme une condition sine qua non pour une normalisation entre Israël et les États arabes.
Le 11 septembre 2020, Donald Trump, alors président des États-Unis annonce la normalisation des relations entre Bahreïn et Israël. Le 15, les Émirats et Bahreïn, qui n’ont jamais été en conflit avec Israël, signent officiellement à la Maison Blanche des accords de normalisation avec l’État hébreu. L’Autorité palestinienne dénonce également une « trahison ».
Le 23 octobre, Donald Trump annonce que le Soudan et Israël sont « convenus de normaliser leurs relations ».Le 10 décembre, Donald Trump annonce que le Maroc s’est engagé à normaliser ses relations avec Israël et que les États-Unis reconnaissent la souveraineté marocaine sur le territoire disputé du Sahara occidental. Le roi Mohammed VI confirme en qualifiant la décision de Washington sur le Sahara occidental de « prise de position historique ».
La reconnaissance de l’État hébreu par l’Égypte en 1978 n’a pas débouché sur une réelle coopération militaire et économique entre les deux pays. Ce n’est pas le cas avec les Émirats arabes unis et surtout le Maroc dans leur nouvelle relation avec Israël. Trois ans après la normalisation de leurs relations diplomatiques, Abou Dhabi et Tel Aviv ont signé plus de 80 protocoles d’accord d’une valeur de 10 milliards de dollars. Plus de 1.000 000 Israéliens se sont rendus en un an dans les Émirats. Le contenu des accords de coopération entre Tel Aviv et Rabat sont encore plus spectaculaires.
Le Maroc et Israël concluent le 24 novembre 2021 un accord de coopération sécuritaire « sans précédent » lors d’une visite historique à Rabat du ministre israélien de la Défense, Benny Gantz, en pleine tension entre le royaume chérifien et son voisin algérien.
Ce protocole le premier du genre avec un pays arabe, selon la partie israélienne, facilite alors l’acquisition par le Maroc de technologies de la puissante industrie militaire d’Israël. L’État hébreu est l’un des principaux exportateurs au monde de drones armés et de logiciels de sécurité comme le très controversé Pegasus de la société NSO. Le Maroc a toujours nié l’achat de ce logiciel espion. Cette coopération en matière de défense intervient au moment où les tensions sont grandes entre Rabat et Alger notamment sur la question du Sahara.
Les deux pays sont engagés dans une course à l’armement. Rabat a porté à plus de 4, 3 milliards de dollars son budget militaire. Alger vient d’annoncer un doublement de son budget militaire de 10 à 20 milliards de dollars. Les deux pays ont rompu leur relation diplomatique le 24 août 2021. Alger accuse alors Rabat et des « agents israéliens », sans élements de preuves, d’être derrière les incendies qui ont alors ravagé la Kabylie durant l’été 2021.
Alger est resté de son côté un farouche soutien des Palestiniens. Le gouvernement algérien a parrainé à la mi-octobre 2022 un accord de réconciliation entre factions palestiniennes rivales, même si les chances de le voir se concrétiser sur le terrain paraissent faibles. Alger peut aussi compter sur le soutien diplomatique de la Tunisie ou du Liban. Mais la position algérienne semble de plus en plus isolée au sein de l’organisation régionale.
Un rapprochement entre Ryad et Tel Aviv ?
L’Arabie saoudite a toujours, pour sa part, lié la reconnaissance d’Israël à la résolution du conflit israélo-palestinien mais ces derniers mois les signes de rapprochement entre les deux pays se sont multipliés. En mars dernier, dans un entretien au journal américain The Atlantic, le prince et dirigeant de facto du pays, Mohammed ben Salmane a parlé d’Israël comme d’un « allié potentiel », soulignant des intérêts communs entre les deux États.
L’Arabie saoudite autorise alors l’ouverture de son espace aérien aux avions civils israéliens. Les deux pays ont un adversaire stratégique commun, l’Iran. Israël a accordé de son côté à l’Arabie saoudite la souveraineté des îlots de Tiran et de Sanafir en mer Rouge. Le Qatar lui réfléchit à l’ouverture d’un bureau consulaire israélien sur son territoire à l’occasion de la Coupe du monde de football.
En moins de trois ans la solidarité de facade au sein des pays membres de la Ligue arabe vis- à-vis de la cause palestinienne a disparu.
Souhail Ftouh