La rencontre entre l’imam franco-tunisien Hassen Chalghoumi et Le président israélien Reuven Rivlin  était fort significative ce mercredi 23 janvier 2019. C’était la cinquième fois que les deux hommes se rencontraient.

Rivlin et Chalghoumi ont discuté de tous les principaux problèmes internationaux: Syrie, situation au Proche-Orient, guerre en Lybie et la situation dans le monde arabe.

Les deux hommes ont souhaités pour 2019 la paix, la justice et la solidarité.

Rivlin a également demandé à Chalghoumi de transmettre ses meilleurs vœux aux musulmans du monde entier et a salué les journalistes présents.

« Cette rencontre me rappelle mon enfance, quand j’ai compris qu’il était possible de trouver un langage commun entre des différents peuples et religions, » a déclaré le président Rivlin qui est le fils d’un professeur ayant traduit le Coran.

Le président israélien Reuven Rivlin a prôné le dialogue interreligieux auprès de représentants de la communauté musulmane de France, au premier jour de sa visite en France mercredi.

« Il y a une idée répandue selon laquelle la religion est au cœur des tensions ethniques. Mais c’est une erreur, a déclaré le président Rivlin. La croyance qui associe le judaïsme à l’islam doit être la clef de la paix, pas une justification de la violence. Maintenant, alors que le nationalisme et l’extrémisme religieux sont en progression dans le monde et en Occident, votre leadership est fondamental. Ce que vous et les représentants de toutes les communautés dîtes est particulièrement important en ce moment – non à l’antisémitisme, tolérance zéro pour le racisme en tout genre, » a déclaré M. Rivlin, devant une trentaine de responsables du culte musulman et juif.

« On m’a éduqué dans la compréhension de l’importance de connaître et de comprendre pleinement les croyances des autres peuples. Mon père, le professeur Joseph Joel Rivlin, un juif pratiquant, a traduit le Coran en hébreu. Sa foi ne l’a pas dérangé, au contraire, elle l’a aidé. Le travail de toute sa vie était de construire des ponts entre les cultures et les langues » a ajouté le président.

Faisant part de son constat d’une montée des populismes, du « fondamentalisme, (de) l’intégrisme, (de) l’extrémisme, du racisme », des « choses qui amènent l’antisémitisme », Rivlin a appelé son auditoire à bâtir « une confiance entre les religions ».

« Nous ne sommes pas condamnés à vivre ensemble mais nous sommes destinés à vivre ensemble », a ajouté Reuven Rivlin, évoquant le cas de Jérusalem où cohabitent plusieurs confessions.

L’imam Hassen Chalghoumi (à gauche) serre la main du président israélien Reuven Rivlin (à droite) avant une réunion avec les autorités musulmanes françaises, à Paris le 23 janvier 2019.

L’imam Chalghoum a jugé la rencontre « historique, forte et importante » pour « l’avenir de ces deux communautés, qui sont normalement la richesse de la France mais malheureusement sont devenues le problème de la France (…) ces dernières années ». C’est une « flamme d’espoir » dans une « période de tensions », assurant que « les religieux voulaient aller de l’avant ».

Sur sa page Facebook, l’imam Chalgoimi a dit   «J’ai eu l’honneur ce matin d’être invité à Paris par le Président israélien Rivlin à une rencontre sur le dialogue interreligieux . J’ai pu lui faire part de l’importance de cette rencontre pour l’avenir de nos deux communautés qui est normalement la richesse de la France, mais qui en ce moment est un véritable problème face à la montée d’un populisme dangereux».

C’est un message fort qu’à souhaité offrir le Président Revlin en nous recevant, nous les représentants des différents cultes et en partageant avec nous sa vision de la paix et l’entente entre les peuples et les religions.

Parmi les invités figuraient à coté de Hassen Chalghoum, l’imam de la mosquée de Drancy, près de Paris, le cofondateur du programme « Emouna, l’amphi des religions » à l’Université parisienne Science-Po (formation pour prêtres, pasteurs, rabbins, imams et moines bouddhistes), l’imam Mohammed Azizi (Il avait participé à la marche après le massacre perpétué à l’école Ozar Hatorah à Toulouse en 2012 et est à la tête de l’AMJF, la ligue d’amitié judéo-musulmane avec le rabbin Michel Serfaty), et le président de l’association des musulmans sénégalais de France, Kemadou Gassama.

« Je suis là pour saluer les efforts que déploie le président israélien pour rassembler juifs et arabes », avait déclaré peu avant  Mohammed Azizi, qui prône une « interaction pacifique ».

 

Le président israélien Reuven Rivlin lors d’une réunion avec les autorités musulmanes françaises, à Paris le 23 janvier 2019.

Un souhait du grand rabbin de France

Le grand rabbin de France Haïm Korsia a prononcé des bénédictions juives pour les dirigeants, « Béni soit-IL, celui qui partage Sa gloire avec ceux qui le vénèrent ». Il a déclaré « Dans la Bible, nous voyons qu’Ismael et Isaac se rencontrent quand ils ont besoin d’enterrer Abraham, leur père. Je me demande ce qui se produirait si des imams, des prêtres et des rabbins en Israël se rassemblaient pour visiter les tombeaux des patriarches et des matriarches afin que tous les Israéliens puissent voir que ceux qui ont une foi différente peuvent aussi croire ensemble. Cela pourrait nous donner de l’espoir ».

Il est difficile à savoir si cette rencontre a été vue par tous. Certains ne le verront pas, d’autres feront semblant dans leur but de propagande anti-israélienne de ne pas le voir. Le fait est qu’il y est. Et cela ne peut que rendre heureux.

Cela nous prouve une fois encore, que le monde musulman (bien qu’il faut le rappeler que cette expression est ambivalente ), ne se limite surtout pas aux élites politiques et médiatiques anti-israélienne. Il y a un autre monde musulman. Et cet autre monde musulman est prêt, main dans la main à bâtir le monde tant désiré, où tous seront des bons voisins avec Israël et auront leur mot à dire dans la question de normalisation des relations. Un monde musulman libéré du diktat antisémite qui s’imposera alors une bonne fois pour toute.

Pour rappel tous les stéréotypes de la judéophobie classique sont projetés sur l’État juif. Sa population juive est diabolisée et son droit d’exister contesté…. Comme par le passé, l’antisémitisme musulman actuel reproduit et multiplie les tendances à la haine des Juifs, profondément enracinées dans la conscience arabe.

La rancœur antisémite arabe est toujours dirigée contre l’existence juive en soi – et aujourd’hui, c’est le symbole le plus important de l’existence juive, l’État d’Israël. L’opposition à Israël est maintenant le point de rencontre des haïsseurs de Juifs aux couleurs politiques et idéologiques les plus diverses, le terrain d’entente de l’antisémitisme actuel. La vieille judéophobie des populations arabes est projetée sur l’État juif.

 

Souhail Ftouh

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