L’Autorité israélienne de la concurrence va déposer des actes d’accusation contre le groupe Strauss, l’un des principaux groupes agro-alimentaires du pays, soupçonné d’entente sur les prix. Aussi dans la même semaine, la police a recommandé de mettre en examen Moshe Hogeg, homme d’affaires spécialisé dans le secteur des crypto devisés et ancien propriétaire du Beitar Jérusalem, pour vol, fraude et blanchiment d’argent après plus de deux ans d’enquête.

Cette semaine elle a convoqué le deuxième plus grand groupe agro-alimentaire d’Israël Strauss, son ex-PDG Giora Bardea et son directeur financier Ariel Chetrit pour une audience préalable au dépôt des actes d’accusation pour entente illicite en matière de prix. Strauss aurait informé ses concurrents de son intention d’augmenter ses prix dans le but de conclure un accord en la matière.

L’Autorité israélienne de la concurrence a constaté que, dans les bilans financiers publiés par Strauss pour le premier trimestre 2021, la société avait publiquement fait savoir que l’augmentation des coûts des matières premières et du transport maritime l’amenait à envisager toutes les options, dont celle d’un relèvement des prix a fait savoir l’Autorité israélienne de la concurrence.

Strauss est soupçonné de tentative d’entente sur les prix

La technique du ballon d’essai est utilisée pour diffuser des idées ou des informations afin d’évaluer les réactions du public cible. Strauss aurait ainsi informé ses principaux concurrents de son intention de relever ses prix. Si c’était confirmé, ce serait constitutif d’une entente sur les hausses de prix.

Strauss aurait utilisé les bilans financiers publics, les communiqués de presse et messages comme des « ballons d’essai destinés à informer les principaux fabricants de produits alimentaires, en particulier ses concurrents, de son intention de s’entendre avec eux sur une hausse des prix . L’idée était que la concurrence saisisse l’allusion et augmente ses prix en conséquence.

L’Autorité israélienne de la concurrence a précisé que l’audience faisait suite à une enquête fouillée sur des soupçons d’entente illicite ou constitution de cartel via des déclarations publiques entre fournisseurs et détaillants de l’agro-alimentaire, en violation des lois sur la concurrence.

Elle a rappelé que les secteurs de l’approvisionnement, de la commercialisation et de la distribution des produits alimentaires en Israël étaient très concentrés et qu’un petit nombre de fournisseurs avec des parts de marché importantes avaient la haute main sur une partie considérable du marché. Strauss est l’un des principaux fournisseurs de produits alimentaires en Israël avec un monopole dans certains domaines, a-t-elle ajouté.

Strauss Israël est une entreprise leader dans le secteur de l’alimentation et des boissons basée en Israël. L’entreprise est fortement présente sur le marché israélien

Coté à la Bourse de Tel Aviv pour 9,8 milliards de shekels, Strauss, qui a généré un chiffre d’affaires de plus de 9,5 milliards de shekels en 2022, emploie quelque 18 160 personnes dans le monde, dont 6 000 en Israël, et opère 28 usines.

Les prix des produits alimentaires en Israël ont augmenté de 50 % au cours de ces vingt dernières années et sont de 25 à 80 % supérieurs à la moyenne de l’OCDE, surtout dans le secteur des produits laitiers, des boissons gazeuses et des produits à base de céréales (selon les données de 2017 de l’OCDE).

Du côté de la vente au détail de produits alimentaires, les trois principales chaînes de supermarchés représentent plus de la moitié du marché israélien, ce qui limite la concurrence et exerce une pression à la hausse sur les prix. En outre, les droits de douane à l’importation, les réglementations, la TVA et les restrictions casher dissuadent les chaînes internationales de vente au détail.

L’ancien propriétaire du Beitar Jérusalem

La police a accusé Moshe Hogeg, entrepreneur dans le secteur des crypto devises et ancien propriétaire du Beitar Jerusalem, d’avoir levé la somme de 290 millions de dollars auprès d’investisseurs israéliens et du monde entier sur la base de quatre projets de cryptodevises qui n’ont finalement jamais vu le jour. Il aurait utilisé cet argent à des fins personnelles en 2017 et 2018.

Pendant les investigations, les forces de l’ordre avaient aussi précisé qu’elles avaient trouvé des éléments prouvant que Hogeg s’était rendu coupable de crimes sexuels et qu’il avait violé l’intimité de femmes à de nombreuses occasions.

Moshe Hogeg, entrepreneur dans le secteur des crypto devises et ancien propriétaire du Beitar Jerusalem,

La police affirme que Hogeg a commis toutes sortes de crimes financiers – fraude aggravée, vol par personne autorisée, conspiration en vue de commettre un crime, faux enregistrement de documents d’entreprise, contrefaçon, blanchiment d’argent et autres violations fiscales.

D’autres suspects se sont, eux aussi, rendus coupables d’autres crimes dans le même dossier, a ajouté la police. Elle a précisé qu’environ 180 personnes impliquées dans cette fraude avaient été interrogées et que des dizaines de perquisitions avaient été réalisées. 900 éléments de preuve ont été saisis ainsi que de l’argent et des biens immobiliers situés dans plusieurs pays depuis la révélation de l’existence de l’enquête, en 2021.

Les dossiers impliquant Hogeg sont actuellement transférés au parquet qui est chargé de les réexaminer, ont fait savoir les forces de l’ordre. Hogeg avait été placé en détention en 2021, aux côtés de sept autres personnes, pour son implication présumée dans cette fraude massive. Il avait été libéré et assigné à résidence un mois plus tard.

L’année dernière, Hogeg avait finalisé la vente du Beitar à l’ancien propriétaire du club de football du Bnei Yehuda, Barak Abramov – un accord qui avait été conclu grâce à l’aide déterminante qui avait été apportée par l’ancien maire de Jérusalem, Nir Barkat.

Les trois hommes s’étaient rencontrés au domicile de Barkat, qui est devenu aujourd’hui ministre de l’Économie sous l’étiquette du Likud, alors que ce dernier œuvrait à trouver les fonds nécessaires à cette transaction – apportant finalement la somme de deux millions de shekels, de l’argent qui, avait-il dit, avait été offert par un donateur sud-africain.

Souhail Ftouh

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