Le Premier ministre israélien Binyamin Nétanyahou a déclaré lundi soir lors d’un discours à la Knesset commémorant les 150 ans depuis la naissance de Theodor Herzl que « notre mission doit être fidèle à la vision de Herzl, c’est à dire que nous devons continuer à construire et développer la terre d’Israël ».

Les festivités du 62ème anniversaire de l’Etat revêtent, cette année, un caractère particulier, puisqu’elles coïncident en effet avec le 150ème anniversaire du père de l’état juif, Théodore Herzl.
Théodore Herzl, est né le 2 mai 1860 à Budapest et mort le 3 juillet 1904 à Edlach. Juriste de formation, romancier, dramaturge et écrivain juif autrichien, conservera le sens du rêve de voir le peuple juif souverain.

Fondateur du mouvement sioniste au Congrès de Bâle en 1897, il est l’auteur de Der Judenstaat (« L’État des Juifs ») en 1896 (1) et le fondateur du Fonds national juif
A Bâle, j’ai fondé l’Etat juif » écrira Théodore Herzl dans son journal. « Je ne l’ai pas dit au peuple, sinon tout le monde en aurait ri ; peut-être dans 50 ans tout au plus, le monde verra ». Dans son journal, Herzl résume bien son idée et l’idée de son livre : « Ce qu’est le sionisme et ce que je veux faire ?…Le voici. Je veux donner aux Juifs de toutes les nations un coin du monde où ils peuvent vivre en paix, non plus traqués, honnis et méprisés. » (2)

Existant depuis le Moyen Age, le sionisme ne prit une tournure politique qu’au 19ème siècle, au moment de l’émancipation des peuples et de l’émergence des démocraties en Europe. C’est dans ce seul contexte que l’on peut comprendre le sionisme politique, car l’aspiration au retour des exilés en Eretz Israël (Terre d’Israël) ainsi que ce retour lui-même a déjà eu lieu plusieurs fois : pour des raisons religieuse au cours des siècles, et/ou à cause de l’antisémitisme sévissant un peu partout, un peu tout le temps. Si Herzl a été choqué par l’Affaire Dreyfus (3) et les pogroms en Europe, il n’y avait là rien de nouveau et c’est bien sous l’impulsion des peuples à disposer d’eux-mêmes que le sionisme moderne a pu véritablement s’incarner.

Fragile et dynamique, de santé précaire, volontiers cosmopolite, Herzl, bel homme fort élégant, attachant, était fils unique de parents très aisés, son père, Jacob Herzl, self-made man, finit sa carrière comme président de la Banque hongroise (4 ).

Herzl a commencé son travail à l’âge de 36 ans et l’a fini à 44. En huit ans, il a changé l’histoire des juifs et de l’humanité. Il prit un peuple dispersés et impuissants, l’a motivé, rassemblé et lui a offert la possibilité de retourner dans son pays et d’y établir sa souveraineté. Herzl avait prévu le mal, il comprit ce qui allait se passer en Europe. Il a estimé que l’émigration des Juifs dans leur pays et l’édification de leur pays a travers le «sionisme» comme il l’appelait, était à l’ordre du jour. Il pensait que c’était une ordonnance nécessaire pour sauver le peuple juif et une ordonnance autrement plus importante pour leur permettre de prospérer de nouveau
Pour mener à bien son projet d’État pour les Juifs, il décide de lancer une campagne internationale et de faire appel à toutes personnes susceptibles de l’aider.

Il va ainsi successivement se rapprocher du Baron Edmond de Rothschild qui a déjà commencé à acheter des terres. En avril 1896, il se rend à Istanbul en Turquie et à Sofia en Bulgarie pour rencontrer des délégations juives. En mai 1901, il rencontre pour la première fois Abdhülhamid II, le Sultan de Turquie, pour négocier la récupération et les achats de terres par les Juifs (5).

Environ 80% des Arabes de Palestine étaient des paysans criblés de dettes, semi-nomades et des Bédouin (6).Les Juifs évitèrent, de façon générale, d’acheter des terres dans des régions où des Arabes pouvaient être déplacés. Ils recherchaient des terres qui étaient en grande partie incultes, marécageuses, bon marché et, surtout, sans métayers.

Après avoir acheté toutes les terres incultes disponibles, les Juifs commencèrent à acheter des terres cultivées. Beaucoup d’Arabes étaient désireux de vendre à cause de la migration vers les villes côtières et parce qu’ils avaient besoin d’argent pour investir dans l’industrie des agrumes (7). Quand John Hope Simpson arriva en Palestine en mai 1930, il fit l’observation suivante : « Ils [les Juifs] paient les terres à des prix élevés, et de plus, ils paient à certains des occupants de ces terres une somme d’argent considérable qu’ils n’étaient pas légalement tenus de payer » (8).

En 1947, les possessions juives en Palestine se montaient à 926 000 hectares. Environ 90 000 de ces hectares furent achetés au gouvernement mandataire ; 60 000 furent achetés à différentes églises et 775 000 à des Arabes. L’analyse des achats de terrains de 1880 à 1948 montre que 73% des terrains juifs avaient été achetés à de gros propriétaires arabes et il n’y’ avait aucun doute la dessus. Les juifs n’ont pas volés les terres, mais ils ont déboursés des sommes énormes pour acheter les terres (9).

Parmi ceux qui vendaient des terres, on comptait les maires de Gaza, de Jérusalem et de Jaffa. Asad el-Shuqeiri, érudit religieux musulman et père d’Ahmed Shuqeiri, ancien président de l’OLP, reçut de l’argent juif pour ses terres. Même le Roi Abdallah loua des terres aux Juifs. En fait, beaucoup de leaders du mouvement nationaliste arabe, y compris des membres du Conseil Suprême Musulman, vendirent des terres aux Juifs (10).

Herzl a d’ailleurs fondé le Fonds national juif (FNJ) ou Keren Kayemeth LeIsrael (KKL), en hébreu, qui est un fonds central du mouvement sioniste, destiné au rachat de terres. Il est mis en place en 1901 au vu de la décision du 5e Congrès Sioniste. C’est dans ce congrès à Bâle que le KKL sera dans le but de procéder au rachat de terres en Eretz Israël en faveur du peuple juif.La proposition faite alors par était de racheter des terres qui constitueront le territoire de la nation future. De 1903 au cours de laquelle la première terre est achetée jusqu’en 1948 le KKL, par ses actions et acquisitions, déterminera les frontières du futur Etat d’Israël quand il sera reconnu en 1948.

La naissance de l’Etat en 1948 amène de nombreux immigrants et c’est le KKL qui leur fourni un premier travail avec la plantation de forêts et le défrichement du sol. Il installe des villages au somment des collines. En 1951, c’est le début des travaux d’assèchement des marais du Houlé où sévit la malaria. C’est la première grande entreprise publique qui sera suivit par la plantation de la forêt des 6 millions de morts de la Shoah appelée « la forêt des Martyrs ».

Avec la création du Keren Hayesod, le KKL ne limite plus ses activités qu’au rachat de terres. Le KKL s’occupe également de l’assainissement des terrains marécageux. Ce dernier concentre aussi ses efforts sur le reboisement des terres, la construction de routes, l’aménagement des zones désertiques et l’assainissement de terrains. Depuis l’indépendance de l’État d’Israël, le KKL a aménagé plus de 2 000 km de route en zone désertique, assaini 500 000 hectares de terre, aidé au développement des régions nouvellement habitées, planté 700 000 000 d’arbres sur une surface de 500 000 hectares, asséché 150 000 hectares de la Houla marécageuse.

Sans le KKL, l’Etat d’Israël aurait un tout autre visage. Son importance dans l’histoire et le développement du pays depuis plus d’un siècle est sans commune mesure par rapport à d’autres institutions. Le rêve d’un pays souverain et prospère comme l’avait pensé les fondateurs de l’Etat d’Israël, Théodore Herzl en tête, est devenu une réalité.

Mort en 1904, Herzl avait demandé à être enterré en Israël quand le peuple juif y aurait fondé un état indépendant. Le 17 août 1949, son corps, ainsi que celui de ses parents, Yaakov et Jeannette, et sa sœur Pauline sont inhumés au Mont Herzl. En septembre 2006, les dépouilles de ses enfants Hans et Pauline y ont été transférées depuis Bordeaux.

Voici les remarques tenues par tenues par le premier Ministre Benjamin Netanyahu, le dimanche 18 avril 2010 « Je pense qu’il est important que chaque garçon et fille en Israël connaisse et se souvienne du père de notre pays. Nous tenons à approfondir la connaissance de cette grande personnalité, qui est comparable à mes yeux aux anciens prophètes d’Israël, sans lequel il n’y aurait certainement pas eu la possibilité de renaissance nationale. Sans lui, nous ne serions pas ici aujourd’hui. »

Le Premier ministre israélien Binyamin Nétanyahou a déclaré ce lundi 26 avril 2010 , lors d’un discours à la Knesset commémorant les 150 ans depuis la naissance de Theodor Herzl que « notre mission doit être fidèle à la vision de Herzl, c’est à dire que nous devons continuer à construire et développer la terre d’Israël ».

Le président du Conseil public pour la commémoration de T. Herzl a informé les ministres sur les activités du Conseil pour marquer le 150e anniversaire de la naissance de Herzl. Le Ministre de l’Education Gideon Saar a informé les ministres sur son plan ayant pour but d’accroître et d’encourager l’étude du sionisme et de l’héritage de Herzl dans le cadre du cours d’histoire. Le gouvernement a en outre décidé d’allouer 2 millions de shekel pour financer une nouvelle aile éducative au Musée Herzl.

Ftouh Souhail, Tunis

(1) Le 14 février 1896, la première édition du livre de Theodor Herzl, « L’Etat des Juifs », Der Judenstaat, fut finalement mis en vente à Vienne. Malgré de nombreuses difficultés à trouver un éditeur, le livre va susciter l’enthousiasme et devenir un vrai best-seller.
(2) Source : Theodor Herzl, L’Etat des Juifs, présenté par Claude Klein, Ed. La Découverte.
(3) C’est à Paris, en janvier 1895, qu’il assiste à la dégradation publique du capitaine Dreyfus.
(4) Beaucoup des informations relatives à Herzl sont puisées dans sa biographie par Ernst Pavel, Theodor Herzl ou le labyrinthe de l’exil, Paris, Seuil, 1992.
(5) C’est en 1517, Eretz Israël passa sous la coupe des Turcs ottomans, occupation qui dura exactement 400 ans, autant que le séjour des israélites en Egypte.
(6) Moshe Aumann, La possession des terres en Palestine 1880-1948, (Jérusalem : Commission universitaire sur le Moyen Orient, p. 1976), p. 5
(7) Yehoshua Porath, Le mouvement national arabe palestinien : des émeutes à la révolte, 1929-1939, vol.2, (Londres : Frank Cass et Co., Ltd, 1977) p. 80, 84.
(8) Rapport Hope Simpson, p. 51.
(9) Abraham Granott, Le système des terres en Palestine, (Londres, Eyre et Spottiswoode, 1952), p. 278.
(10) Arieh Avneri, Le grief de dépossession, (Tel Aviv : Hidekel Press, 1984), p. 149-158

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