Un consortium comprenant un groupe de philanthropes juifs a racheté le plus ancien journal juif au monde, le Jewish Chronicle (JC), qui se dirigeait vers une liquidation et un avenir bien incertain. Ses nouveaux propriétaires ont promis que la publication s’orienterait dorénavant vers un « avenir sûr, durable et indépendant ».
Le consortium et ses financiers s’étaient engagés à injecter la somme de 2,5 millions de livres au cours des deux prochaines années.
« Nous sommes très heureux d’annoncer que notre initiative visant à sauver de la liquidation le Jewish Chronicle a réussi. Le plus ancien journal juif du monde ira la semaine prochaine à l’imprimerie, comme il le fait depuis cent ans. C’est une bonne chose et c’est exact que ses dettes seront payées, ainsi que ses créanciers ; et son personnel sera remboursé intégralement », ont déclaré les nouveaux propriétaires du Chronicle.
« Le Jewish Chronicle aurait disparu sans ce soutien philanthropique », ont-ils ajouté.
Le journal avait été créé en 1841.
L’avancée du journal vers la liquidation s’explique parce que le JC avait un endettement énorme et que la liquidation permettait une remise à zéro économique. L’offre très généreuse du consortium va lui permettre de survivre. Cette offre garantira à tous les créanciers d’être payés en totalité, notamment le personnel, et des investissements à hauteur de millions de livres pour garantir l’avenir du journal ont été garantis.
La publication avait des frais généraux extrêmement élevés, une grande partie de ces derniers induits par les salaires, en raison des chiffres de la circulation du journal – qui étaient en diminution.
Alan Jacobs, est président sortant du Jewish Chronicle. Le journal sera sous l’autorité de Sir Robbie Gibb et des membres de son consortium.
Le journal rival du JC, le Jewish News devrait pour sa part continuer à être publié comme par le passé. Le Jewish Chronicle et le Jewish News avaient initialement envisagé une fusion ou un processus de liquidation conjoint dont un seul titre aurait émergé. La publication avait des frais généraux extrêmement élevés, une grande partie de ces derniers induits par les salaires, en raison des chiffres de la circulation du journal qui étaient en diminution.
Des personnalités de grand engagement
Selon toute probabilité, cette reprise est bien intentionnée, avec des personnes engagées.
De nombreuses personnalités du consortium sont connues, mais certains financements proviennent de philanthropes qui n’ont pas été identifiés.
Dans leur communiqué, les nouveaux propriétaires ont indiqué que les donateurs anonymes avaient « droit à la confidentialité » tout en soulignant qu’ils n’auraient « pas leur mot à dire sur la politique éditoriale, et ils n’auront pas un droit de propriété effectif sur le Jewish Chronicle » .
« La direction éditoriale actuelle du Jewish Chronicle sera maintenue sous la direction de Stephen Pollard et de son équipe territoriale », a précisé le communiqué.
Ils ont ajouté « ne pas vivre l’aventure du Jewish Chronicle comme une aventure commerciale mais bien en tant qu’atout communautaire » et ils ont clamé qu’ils établiraient une société à but non-lucratif en Grande-Bretagne pour contrôler la publication.
« Des administrateurs respectueux et respectés par la communauté et qui ont fait preuve de leur engagement à l’égard de l’indépendance et de l’impartialité éditoriales seront nommés pour superviser cette société », ont-ils poursuivi.
Pollard a dit avoir soutenu cette initiative « parce qu’elle a promis de maintenir l’indépendance du journal, de fournir une stabilité financière, de conserver une grande partie des employés, de rémunérer équitablement ceux qui ne pouvaient plus se permettre de garder le journal et – c’est crucial – de rembourser les dettes contractées par le journal ».

Le consortium a pris le contrôle du journal des mains de la fondation Kessler, qui finançait le journal depuis 1984. La décision prise d’approuver l’offre du consortium a été annoncée par David Wolfson, avocat et président du Jewish Chronicle Trust.
« Cette semaine, notre société a apporté son soutien à un processus de liquidation qui verra la propriété du JC transférée par les liquidateurs de la fondation Kessler, organisme caritatif propriétaire du journal depuis plusieurs décennies, à un consortium dirigé par Sir Robbie Gibb, ancien chef des Communications du 10 Downing Street », a dit Wolfson.
Le consortium comprend l’ancien président de la Charity Commission William Shawcross, l’ex-député du Labour John Woodcock, les journalistes John Ware et Jonathan Sacerdoti, et le rabbin Jonathan Hughes de la synagogue Radlett United, a expliqué Wolfson. Parmi les autres membres évoluant dans les milieux financier et juridique, Tom Boltman de la plateforme de cybersécurité Kovrr, Mark Joseph d’EMK Capital, Robert Swerling d’Investec, et Jonathan Kandel de Kirkland et Ellis.
Un énorme déficit d’exploitation
La Kessler Foundation, dont les résultats nets, au mois de juin 2018, avaient révélé des dépenses de 3,8 millions de livres et un revenu de 3,3 millions de livres, a effectivement conservé le contrôle du Jewish Chronicle depuis 1984, après son acquisition de parts dans l’entreprise Jewish Chronicle Ltd.
Le journal avait fait état d’un déficit à hauteur de 1,5 million de livres dans ses derniers rapports comptables publiés. Jewish Chronicle Ltd. ayant connu un déficit très important en raison de son fonds de retraite. la Kessler Foundation a alors été obligée de s’appuyer sur un « consortium de donateurs communautaires » pour le combler.
Ce processus avait par ailleurs connu un développement spectaculaire, le 21 avril 2020, quand le Jewish News – qui, avant Pessah, avait rejoint le Jewish Chronicle dans une démarche de liquidation volontaire par les créanciers (un processus permettant aux entreprises insolvables de fermer leurs portes) – est revenu sur sa décision avant l’annonce de rachat du 22 avril.
Le consortium rembourserait tous ses créanciers et qu’il chercherait à conserver un grand nombre de ses employés actuels. Beaucoup, parmi ces créanciers, sont des auteurs.
L’achat par le consortium du journal sera plus guidé par le mandat caritatif de la Fondation de servir la communauté juive .
Sacerdoti est journaliste et ancien dirigeant de la Fédération sioniste. Il a expliqué que le consortium et ses soutiens s’étaient engagés « à long-terme » avec un plan de financement de cinq ans.
L’une «des plus grandes forces du JC, jusqu’à présent, a été que le journal a été la voix de la communauté juive.
Des médias bien plus importants luttent eux aussi pour être rentables. On peut citer l’achat par Sheldon Adleson du quotidien gratuit très populaire Israel Hayom comme exemple de la portée politique de l’éventuelle acquisition d’un média.
Souhail Ftouh