C’est inéluctable que toutes ces révolutions du “printemps arabe” ne feront que confirmer leur objectif suprême soit une grande unification islamiste.

Dans la foulée du triomphe du parti Ennahda en Tunisie, le Maroc a connu à son tour une poussée des islamistes à l’image de leurs coreligionnaires maghrébins.

Le ministère de l’Intérieur, Taib Cherkaoui, a indiqué ce samedi que le parti de la Justice et du développement ( PJD) avait remporté les élections législatives organisées vendredi.

Les Marocains ont été appelés hier aux urnes pour des élections législatives anticipées censées traduire dans les faits la volonté de réforme affichée par le roi Mohammed VI dans un contexte de révoltes dans le monde arabe.

Les bureaux de vote ont fermés leurs portes vendredi soir pour les premières législatives depuis l’instauration d’une nouvelle constitution. Plus de 13 millions de Marocains ont été appelés aux urnes pour les 395 sièges à pourvoir au Parlement.

Le taux de participation aux élections législatives organisées a atteint 45%, a indiqué le ministre marocain de l’Intérieur.

Le Parti justice et développement avait affronté notamment deux formations de la coalition gouvernementale, l’Istiqlal (« indépendance ») du premier ministre Abbas El-Fassi et le Rassemblement national des indépendants (RNI, libéral) du ministre de l’économie, Salaheddine Mezouar.

Le PJD, qui est arrivé en tête des législatives au Maroc, est un mouvement de référentiel islamique considéré comme le plus important au Maroc. Ce parti est considéré comme conservateur. Il est connu pour son opposition à l’occidentalisation des mœurs marocaines soit disant dans le but de garder et renforcer « l’identité marocaine ».

Sur fond de grands bouleversements dans le monde arabe, ce mouvement conservateur a profité des manifestations du 20 février, organisée dans plusieurs villes marocaines par des jeunes qui exigent des réformes démocratiques, pour soigner son discours. Le mouvement islamiste Justice et développement a appelé à un « changement démocratique urgent » au Maroc et à « l’établissement de la démocratie » dans un communiqué publié sur Internet la veille

Mais les « pjdistes » au Maroc n’entendent pas abandonner le mariage des mineurs qui est toujours autorisé, ainsi que la polygamie qui existe toujours . Ces islamistes pseudo-démocratiques, qui ont appelé à la révision constitutionnelle , ne voient pas aussi nécessaire d’abolir la loi pénale marocaine qui impose une ingérence dans la vie privée et interdit le fait de manger en public durant ramadan (1).

Certains observateurs suivent avec une grande inquiétude ces mouvements arabes révolutionnaires qui ont ouvert la voie pour les religieux qui tiennent actuellement le devant de la scène. Le point noir c’est que toutes ces élections laissent la place aux islamistes et ne profitent pas pour faire avancer le débat démocratique alors que le camp des libéraux arabes qui s’y amenuise.

Le triomphe du parti Ennahda en Tunisie le mois dernier, la proclamation officielle de La République Islamique de Libye et la victoire des islamistes du PJD aux législatives marocaines n’augurent rien de bon pour les jeunes populations maghrébines frappés par le chômage et l’absence de perspective .Les nouveaux dictateurs issues des « printemps arabes » seront probablement tous issus des mouvements islamistes . Ces mouvements soignent bien leur discours en ce moment avant de verrouiller le système.

Ftouh Souhail

(1) L’article 222 du Code pénal marocain stipule que tout individu connu pour son appartenance à l’Islam qui rompt ostensiblement le jeûne dans un lieu public pendant le Ramadan est passible de un à six mois d’emprisonnement et d’une amende.

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