Lors du 2e anniversaire de la signature, l’ambassadeur américain a déclaré que Washington s’efforce d’approfondir et d’élargir la normalisation d’Israël avec ses voisins Arabes.Ces gouvernements arabes comprennent qu’il est dans leur intérêt national de maintenir des liens avec Israël.

Lors de son audition de confirmation au Sénat en septembre 2021, Nides a tenu à attester de son soutien à l’initiative d’approfondir et d’élargir la normalisation d’Israël avec ses voisins Arabes. « Les Accords d’Abraham – oui, les Accords d’Abraham – sont essentiels à la stabilité et à la prospérité de la région », avait-il alors déclaré.

Environ un an plus tard, l’attitude de l’administration Biden à l’égard des Accords d’Abraham semble s’être alignée sur celle présentée par Nides. Si elle n’a pas encore réussi à convaincre d’autres pays de se joindre à l’initiative, elle s’est efforcée de développer les accords existants entre les membres des Accords d’Abraham ainsi que d’autres alliés américains et israéliens.

Nides a détaillé l’approche de l’administration à l’égard de l’initiative de Trump, signée il y a deux ans. L’envoyé américain a souligné l’importance de faire progresser les accords, en intégrant les alliés arabes traditionnels d’Israël, à savoir l’Égypte et la Jordanie, et en veillant à ce que les Palestiniens puissent également bénéficier économiquement de l’amélioration de la position d’Israël dans la région.

Nides a insisté sur le fait qu’il fallait reconnaître à ses prédécesseurs le mérite de la mise en œuvre des accords, tout en expliquant que le rôle de l’administration actuelle était d’aider à institutionnaliser l’initiative.

« Avec l’ancienne administration, les Accords d’Abraham étaient une start-up », a déclaré Nides. « Notre travail consiste à les faire passer d’une start-up à une véritable opération. »

Pour illustrer ces efforts, l’ambassadeur a évoqué le Sommet du Néguev, organisé par Israël avec l’aide de l’administration Biden mars dernier, qui a réuni les ministres des Affaires étrangères d’Israël, des États-Unis, des Émirats arabes unis, de Bahreïn, du Maroc et de l’Égypte au Kibboutz Sde Boker, dans le Néguev. Les hauts diplomates ont profité de cette rencontre pour lancer six groupes de travail différents visant à stimuler la coopération régionale en matière de sécurité, d’éducation, de santé, d’énergie, de tourisme, d’alimentation et d’eau. Le secrétaire d’État américain Antony Blinken a veillé à ce que chaque groupe de travail promeuve également des initiatives en faveur des Palestiniens.

L’Autorité palestinienne n’a pas encore adhéré à l’effort visant à intégrer les Palestiniens dans les accords, arguant que l’initiative vise en définitive à contourner une solution diplomatique au conflit israélo-palestinien. En effet, l’administration Trump s’est vantée que les Accords d’Abraham ont privé les Palestiniens de leur droit de veto sur l’acceptation plus large d’Israël dans la région.

Nides a déclaré qu’il reconnaissait que la question était « compliquée » pour l’AP, mais a insisté sur le fait que les États-Unis étaient déterminés à « amener les Palestiniens à adhérer [aux accords] de toutes les manières possibles. Nous pensons qu’il est important qu’ils obtiennent les meilleurs avantages économiques émanants de tout accord… dans la région ».

Il a rappelé le récent don de 100 millions de dollars de l’administration au réseau hospitalier de Jérusalem Est, qui a, par ailleurs, été égalé par plusieurs autres pays du Golfe – ce qui n’aurait peut-être pas été possible avant les accords.

Au regard de tous les succès dans le développement des accords existants, il est difficile d’ignorer l’élan qui semblait avoir été donné durant les derniers mois de l’administration Trump, lorsque toutes les quelques semaines un nouveau pays lançait de nouveaux liens diplomatiques avec l’État juif – un élan qui s’est d’ailleurs dissipé une fois que le président Biden a pris ses fonctions.

Une partie de cette situation est probablement liée aux incitations que l’ancien président Donald Trump était prêt à offrir aux pays qui acceptaient de normaliser leurs relations avec Israël – de la vente d’avions de combat F-35 aux EAU, à la reconnaissance de la souveraineté marocaine sur la région contestée du Sahara occidental. Les responsables de l’administration Biden ont fait connaître leur malaise face à ces gestes, et ont même freiné la vente de F-35.

L’ancien conseiller principal de la Maison Blanche, Jared Kushner, a récemment exprimé sa « déception » face à l’absence de nouveaux pays signataires des Accords d’Abraham et a affirmé qu’il avait engagé des pourparlers avec six autres membres potentiels avant de quitter ses fonctions, pourparlers que l’administration Biden aurait ostensiblement pu poursuivre.

Nides a refusé de répondre à la critique de Kushner et a insisté sur le fait que ses collègues à Washington étaient simultanément engagés dans « des pourparlers avec de nombreux pays » concernant une éventuelle adhésion aux accords ».

« En effet, nous voulons ajouter d’autres pays. Nous travaillons avec un ensemble de pays… Mais ce sont des conversations longues et compliquées, et nous avons beaucoup de choses en suspens », a déclaré Nides.

« Notre espoir est que nous puissions parvenir à [un accord de normalisation], car le fait que l’Arabie saoudite fasse partie des Accords d’Abraham continuerait à faire du Moyen-Orient une région plus sûre et plus prospère », a déclaré Nides.

Contrairement à l’administration Trump, le président Joe Biden n’a pas nommé de personne de référence chargée uniquement de faire avancer ce seul dossier. Nides est devenu à bien des égards le principal responsable américain des accords, même s’il a souligné que son rôle était « d’approfondir » les accords existants, tandis que « l’objectif de Washington est d’aller plus loin » dans la recherche de nouveaux accords.

« En attendant, vous ne pouvez pas perdre de vue ceux qui ont déjà fait la paix avec Israël », a déclaré Nides. « C’est pourquoi nous consacrons beaucoup de temps à l’Égypte ainsi qu’à la Jordanie. »

Bien que la Jordanie ait refusé de participer au Sommet du Néguev, Nides a attribué cette absence à des difficultés de calendrier, ajoutant qu’il n’a « aucun doute » qu’elle participera aux futurs rassemblements du Sommet du Néguev.

Expliquant l’importance d’entretenir les accords existants, l’ambassadeur a déclaré que « les gens ont tendance à courir après un nouveau lièvre et à oublier tout ce qui a déjà été fait ».

L’un des accords de normalisation les plus recherchés est celui entre Israël et l’Arabie saoudite. Et bien que Nides ait admis qu’un tel accord est encore loin d’être scellé, l’administration a réussi à faire de réels progrès à cet égard, là où ses prédécesseurs n’avaient pas su le faire.

Coïncidant avec le voyage de Biden dans la région en juillet, les États-Unis ont négocié un accord multilatéral dans lequel l’Égypte a transféré deux îles situées en mer Rouge autrefois contrôlées par Israël à l’Arabie saoudite, qui a accepté à son tour d’autoriser les vols israéliens à utiliser son espace aérien, en plus de faire progresser un accord qui verra des vols directs entre Tel Aviv et La Mecque pour les pèlerins du Hajj.

« Notre espoir est que nous puissions parvenir à [un accord de normalisation], car le fait que l’Arabie saoudite fasse partie des Accords d’Abraham continuerait à faire du Moyen-Orient une région plus sûre et plus prospère », a déclaré Nides.

Mais ce qui semble enthousiasmer le plus Nides, ce sont les initiatives locales qui ont été lancées pour renforcer les liens entre Israël et ses nouveaux amis arabes.

Il n’a pas semblé impressionné par le défi que représente l’adhésion de nouveaux pays aux Accords d’Abraham, expliquant que « cela se fera tout seul ».

Les responsables de l’administration Biden ont reconnu que les accords de normalisation négociés par Trump – qu’Israël a signés avec les EAU, Bahreïn et le Maroc en 2020 – ont donné lieu à des développements positifs pour la région, ils ont pris peu de mesures publiques pour faire avancer l’initiative, début 2021. Certains hauts fonctionnaires américains les ont intentionnellement désignés uniquement comme des « accords de normalisation « , plutôt que d’utiliser le terme inventé par l’administration précédente.

Les relations commerciales et diplomatiques se développent

Aux dires d’Israël, les Accords d’Abraham seraient un réel succès, depuis leur signature, il y a exactement deux ans sur la pelouse de la Maison Blanche.

Accueillant le ministre des Affaires étrangères des Émirats arabes unis, Abdullah Bin Zayed al-Nahyan, à la résidence présidentielle, jeudi, le président Isaac Herzog a déclaré que les accords « constituaient un changement de paradigme au Moyen-Orient, libérant de nouvelles voix et dessinant de nouveaux horizons pour l’avenir de nos enfants », en d’autres termes, « une véritable célébration de la vie et du changement ».

Les Accords d’Abraham, qui ont normalisé les relations entre Israël, les Émirats arabes unis, Bahreïn et le Maroc, ont bien évidemment changé le Moyen-Orient, et les réussites qui en ont résulté ne manquent pas.

Le commerce entre les Émirats arabes unis et Israël devrait atteindre plus de 2 milliards de dollars en 2022, en sensible hausse par rapport aux 1,2 milliard de dollars de commerce bilatéral enregistrés l’an dernier.

L’effet positif sur les relations commerciales est certes impressionnant, mais les relations diplomatiques émergentes et le dialogue stratégique sont tout aussi importants.

Un attaché israélien a été nommé au quartier général de la cinquième flotte de la Marine américaine à Bahreïn. Des centaines de milliers de touristes israéliens se sont rendus au Maroc et aux Émirats arabes unis ces deux dernières années, et les dirigeants et ministres israéliens se rencontrent régulièrement, dans l’une ou l’autre capitale.

Israël fait de gros efforts pour instaurer de très bonnes relations interpersonnelles, plus qu’il ne l’a fait dans le sillage des accords avec l’Égypte et la Jordanie. Malgré les réels défis, les analystes estiment qu’Israël devrait être en mesure d’approfondir progressivement ses liens avec ses voisins dans les années à venir.

Les Accords d’Abraham n’ont évidemment pas marqué les premiers traités entre Israël et le monde arabe. En faisant la paix avec l’Égypte et la Jordanie, l’État juif tissait des liens avec des voisins avec lesquels il avait mené des guerres acharnées au cours des premières décennies du pays. Les relations sont stables mais froides depuis les accords de 1979 et de 1994.

Les deux pays n’ont pas semblé particulièrement ravis des récents accords. Ce sont eux qui ont pris le plus de risques en reconnaissant Israël, et ils n’ont pas bénéficié d’avantages économiques significatifs au fil des ans. Les responsables d’Amman et du Caire ont dû regarder Israël et les États-Unis louer le courage des dirigeants des pays arabes du Golfe, qui n’avaient pas fait l’objet de critiques sévères depuis des années au regard de leurs liens avec Israël.

Souhail Ftouh

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